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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron19 août 2005

Algérie – Libéria - Burundi

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Nous commençons par l’Algérie. Le président Bouteflika a annoncé l’organisation, le 29 septembre prochain, d’un référendum sur un projet de charte pour la réconciliation nationale. Et pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une telle annonce n’était qu’une question de temps. Depuis sa réélection en avril 2004, le président algérien avait promis de mettre un terme aux années de la terreur qui ont fait plus de 150 000 victimes. Si, comme cela est très probable, la charte soumise aux électeurs recueille la majorité, la plupart de ceux qui ont participé à la „sale guerre“ des années 90 ne seront pas punis. Mais souligne le journal, Bouteflika n’a pas proposé une amnistie générale. Ceci en raison de l’approbation donnée par un groupe islamiste algérien, le GSPC, à l’enlèvement et à l’assassinat de deux diplomates algériens, début juillet à Bagdad. La Frankfurter Allgemeine relève également que dans son discours le président Bouteflika a expressément mentionné les milliers de personnes disparues depuis 1992. Les familles de ces disparus sont opposées à une amnistie générale, laquelle pourrait conduire selon elles à une sorte „d’amnésie générale“. Elles devraient recevoir maintenant une indemnisation. Mais ajoute notre confrère, le projet de charte signifierait que ceux qui ont enlevé, et sans doute assassiné, ces disparus, resteraient impunis. La plupart de ces bourreaux appartiennent aux forces de sécurité.

Au Libéria, les premières élections démocratiques après 14 années de guerre civile auront lieu en octobre. La campagne électorale a commencé, et la presse allemande évalue les chances des favoris parmi les 22 candidats au scrutin présidentiel. Une ancienne ministre contre une vedette du ballon rond – ce sont les deux principaux candidats à la „coupe présidentielle“, comme l’écrit la Frankfurter Rundschau. Le footballeur, c’est George Weah, l’ancien attaquant du Paris-St.Germain, et il est donné grand favori. Cela dit, poursuit le journal, si les talents du „roi George“ sur la pelouse ne sont pas contestés, son aptitude à devenir président est mise en doute, du moins par les intellectuels. Ce fils d’une marchande des rues n’aurait pratiquement jamais vu une école de l’intérieur et n’aurait aucune idée de la façon dont un Etat doit être dirigé. Pour George Weah, poursuit le journal, le principal danger vient d’une femme. A savoir l’ancienne ministre des finances Ellen Sirleaf. Cette banquière de 70 ans, formée à Harvard, est l’exact contraire de George Weah: elle est éduquée, elle a une expérience politique, mais elle n’est pas forcément populaire. Elle a déjà perdu une fois la course à la présidence, rappelle le journal. Mais c’était, il est vrai, à l’élection, très douteuse, de 1997, contre Charles Taylor. Cette fois-ci, et compte tenu de conditions infiniment plus pacifiques, la présidente du Parti de l’unité se dit sûre de sa victoire.

Enfin l’élection présidentielle au Burundi et la victoire sans surprise de Pierre Nkurunziza inspirent aussi des réflexions à la presse allemande. Victoire sans surprise donc puisque l’ancien chef rebelle hutu était l’unique candidat à ce scrutin présidentiel réservé aux seuls membres du parlement. Mais souligne la Tageszeitung de Berlin, dans un pays qui a vécu 30 années de dictature militaire tutsie puis une guerre civile qui a fait 300 000 morts, la victoire du leader du CNDD-FDD ne signifie nullement que le conflit Hutus-Tutsis va s’aggraver. Le clivage Hutus-Tutsis détermine de moins en moins la politique de l’Afrique des Grands Lacs. Le fait que l’ancien mouvement rebelle l’ait emporté contre d’autres partis hutus est l’indice d’un changement dans la société. De plus en plus de Burundais, ajoute le journal, ne veulent plus entendre parler de „Hutus“ et de „Tutsis“.