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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron3 juin 2005

Zimbabwe – Ethiopie – Sahara occidental

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Nous commençons par un événement qui choque les journaux allemands. C’est la vaste rafle opérée dans des bidonvilles au Zimbabwe. Une guerre contre les pauvres, titre la Tageszeitung de Berlin pour qualifier l’arrestation de plus de 22 000 personnes. Exemple à Hatcliffe Extension, à la périphérie de Harare. C’était autrefois une jolie petite ville, écrit le journal. Créé dans les années 90 comme solution provisoire pour des sans-abri, le lotissement de cabanes en bois s’était transformé au fil des ans en une véritable cité, avec des jardins, des commerces, des bars. Depuis le week-end dernier Hatcliffe Extension n’existe plus. La police a incendié le lotissement. En trois jours 9 000 personnes ont tout perdu. Autre exemple: Mbare, le plus vieux bidonville de Harare, a été incendié lundi dernier. Des milliers de personnes, emportant les maigres biens qu’elles avaient pu sauver, se sont précipitées vers la gare routière. Mais en raison de la pénurie d’essence, les bus ne roulent pas et la gare s’est transformée en camp de réfugiés. En fait, précise le journal, les habitants des bidonvilles avaient jusqu’en juillet pour quitter leurs taudis, mais le délai n’a pas été respecté. Les personnes arrêtées ont été placées dans un camp de transit et doivent être ramenées dans leurs villages d’origine. La Süddeutsche Zeitung parle de la paranoïa du président Mugabe. Partout dans le pays, note le journal, les gens s’interrogent sur la finalité de cette nouvelle orgie de violence. L’opposition soupçonne Mugabe de vouloir punir la population citadine d’avoir voté contre lui aux dernières élections. D’autres pensent que le président veut contraindre les gens à retourner dans les campagnes où l’appareil d’Etat peut les contrôler plus facilement que dans les villes. Une troisième hypothèse veut que l’opération ait été provoquée par des entrepreneurs chinois qui veulent éliminer la concurrence locale.

Autre thème cette semaine pour la presse allemande: l’Ethiopie, où la coalition au pouvoir remporte les élections du 15 mai. Meles Zenawi devrait donc être reconduit à la tête du gouvernement. Et pour la Süddeutsche Zeitung, le système de Meles Zenawi a au moins le mérite d’assurer un certain ordre, comparé au chaos qui règne dans le voisinage immédiat, Somalie ou Soudan. Les occidentaux reconnaissent que beaucoup de choses se sont améliorées en Ethiopie depuis que l’ancien chef rebelle a libéré le pays des griffes du régime marxiste de Mengistu et a pris le pouvoir en 1981. En dépit d’une plus grande liberté et de meilleures possibilités d’épanouissement pour l’opposition, la répression exercée par l’appareil d’Etat n’a certes pas disparu. Mais selon l’ancien président américain Jimmy Carter, qui a conduit une équipe de 24 observateurs électoraux, l’Ethiopie a fait de grands progrès vers la démocratie. Les Etats-Unis, poursuit le journal, cherchent à garantir la stabilité de l’Ethiopie. Meles Zenawi passe pour l’allié le plus important dans la région dans la lutte contre le terrorisme. Cela dit, le litige frontalier avec l’Erythrée, qui a provoqué une guerre à la fin des années 90, n’est pas totalement surmonté, souligne notre confrère. Malgré toutes les tentatives de réconciliation, le risque d’une reprise du conflit n’est pas écarté.

Enfin la presse allemande se penche sur ce qu’elle appelle „la révolte d’un peuple oublié“. Il s’agit des manifestations organisées au Sahara occidental contre l’occupation marocaine. La Frankfurter Rundschau relate comment à El Ayoun, la capitale du Sahara occidental, la protestation d’une famille contre le transfert d’un prisonnier à Agadir s’est transformée en une manifestation pour l’indépendance. Des pierres ont volé, un drapeau marocain a été brûlé. A Rabat 200 étudiants sahraouis ont osé manifester pour un Sahara indépendant. Là aussi la police marocaine a réagi avec sa brutalité habituelle, note le journal qui évoque les troubles les plus violents depuis 1999. Le Front Polisario parle déjà du début d’une „intifada“ contre l’occupation marocaine. Et pour la Frankfurter Rundschau, l’une des raisons de ce regain de courage chez les Sahraouis est à chercher sans doute dans la relative ouverture du régime autoritaire de Mohamed VI.