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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron6 mai 2005

Togo – Cameroun

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Les journaux consacrent cette semaine beaucoup de commentaires au Togo, plus précisément à la dégradation des relations entre le régime togolais et l’Allemagne.

Des commentaires pour expliquer des photos qui ont choqué: celles des locaux dévastés de l’institut Goethe de Lomé, incendié dans la nuit du 30 avril par des individus armés de fusils d’assaut. Pour la Süddeutsche Zeitung il est clair que cet incendie, comme le discours anti-allemand propagé au Togo, ne sont pas l’oeuvre d’une foule ivre de colère. Ce sont des attaques ciblées, émanant d’un régime qui veut à tout prix rester au pouvoir. Les Allemands ne sont devenus une cible que pour une seule raison, écrit le journal: l’ambassade a donné refuge à l’ancien ministre de l’intérieur, qui avait appelé à un report du scrutin. Le gouvernement allemand tente bien de faire pression sur le régime, mais pour cela, souligne ce quotidien, il lui faudrait trouver une ligne commune avec Paris. Or la France, qui soutient depuis des décennies cette dictature africaine, n’a pas même protesté de façon appropriée contre l’attaque de l’institut Goethe. Le gouvernement et les forces de sécurité, souligne de son côté la Frankfurter Rundschau, détestent tout ce qui est allemand. Les Allemands et l’opposition intérieure se retrouvent relativement seuls auTogo. La CEDEAO, après avoir émis des critiques initiales, a qualifié l’élection d’équitable. Et la France a complètement laissé tomber son partenaire européen. C’est que, comme le note Die Welt, la France et l’Allemagne ne tirent pas sur la même corde au Togo. Depuis les années 90, le gouvernement allemand critique la situation des droits de l’homme au Togo. En 1993 il a même suspendu son aide au développement. Paris en revanche est du côté du pouvoir pour garder son influence en Afrique de l’ouest. Le jeune chef de l’Etat togolais, poursuit Die Welt, venge maintenant son père en attisant des sentiments anti-allemands. Un rapprochement entre l’Allemagne et la France est nécessaire pour le ramener à la raison, écrit Die Welt. Tel n’est pas du tout l’avis de la Tageszeitung de Berlin. Le gouvernement allemand, écrit ce journal, peut être fier que les démocrates togolais sachent faire la différence entre la politique africaine allemande et française. Les diplomates allemands ne le font que trop rarement, persuadés qu’ils sont de la nécessité d’apporter un appui à l’ancienne puissance coloniale française. Il est temps pour l’Allemagne, souligne le journal, de se détacher de la France en Afrique et de mettre en oeuvre sa propre politique, une politique réellement progressiste qui soutienne les démocrates et condamne les despotes. Cela présuppose du courage, des compétences et de l’expérience – autant de qualités qui en matière de politique africaine ne vont malheureusement pas toujours de soi à Berlin.

Autre thème africain, cette semaine pour la presse allemande, et nous changeons complètement de registre: ce sont les ravages causés par les exportations européennes de poulet congelé vers l’Afrique. La Frankfurter Rundschau prend l’exemple du Cameroun où le début de la tragédie pour les aviculteurs est facile à dater, note le journal. En 1996, après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, le Cameroun a dû réduire considérablement ses droits de douane pour les importations de volailles. Le marché est devenu intéressant pour les exportateurs européens. A tel point que leurs ventes de poulet congelé ont été multipliées par vingt entre 1996 et 2003. Sur les marchés de Douala et de Yaoundé, précise le journal, le poulet importé d’Europe coûte un tiers de moins qu’un poulet vivant local. La production camerounaise est ruinée. Pour les petits producteurs, principalement des paysannes, l’élevage de volailles n’est plus rentable. Sans compter, ajoute ce confrère, qu’avec des températures tropicales comme au Cameroun, le respect de la chaine du froid jusque sur les marchés ne peut être garanti. Des contrôlés effectués par l’institut Pasteur ont révélé que 83% des marchandises importées ne répondent pas aux normes microbiologiques et représentent un risque pour la santé.