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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron18 mars 2005

RDC – Darfour – Plan Blair

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Cette semaine les journaux continuent de s’intéresser à la République démocratique du Congo.

L’unité du Congo divise les Congolais, titre la Tageszeitung de Berlin. Comment gouverner un pays aussi grand que l’Europe de l’ouest, mais pratiquement dépourvu d’infrastructures de transports? Ces dernières années, note le journal, presque tous les partis politiques congolais se sont prononcés, pour des raisons différentes, en faveur du fédéralisme. Mais dans son projet de nouvelle constitution, une commission du sénat a opté au contraire pour un Etat unitaire décentralisé. Autrement dit pour un Etat centralisé qui délègue seulement des fonctions à des unités administratives plus petites. Depuis, une controverse politique oppose partisans et adversaires du fédéralisme. De l’éclatement de la guerre en 1998 à l’accord de paix et la mise en place du gouvernement de transition en 2003, le Congo, rappelle le journal, a été de facto un pays divisé. Une forme particulièrment désagréable de fédéralisme. Et c’est sur la base de cette expérience que les anti-fédéralistes se sont pour l’instant imposés. A l’inverse, pour les fédéralistes, l’unité du pays ne peut être restaurée que par le biais de gouvernements provinciaux qui fonctionnent. Les provinces minières du Katanga et du Kasaï, de même que la province du Bas-Congo ont en commun de produire l’essentiel de la richesse du pays. Elles veulent pouvoir en disposer, plutôt que de l’abandonner à un Etat central, lointain et corrompu. Mais souligne notre confrère: beaucoup d’observateurs déplorent que le choix entre Etat central ou fédéral ne soit pas laissé finalement au peuple congolais. Un peuple censé être convoqué, avant la fin de l’année, pour des élections générales. Une folie, estime l’hebdomadaire Die Zeit. Avec 100 dollars, n’importe qui, dans ce pays, peut déclencher une nouvelle guerre.

La presse allemande regarde aussi vers le Darfour. Et là, elle est franchement pessimiste. La Süddeutsche Zeitung vire même dans le désespoir. Aucun autre foyer de crise au monde, écrit le journal, ne témoigne aussi clairement du lamentable échec du conseil de sécurité de l’ONU comme gardien de la paix mondiale. Toutes les tentatives faites pour résoudre la crise du Darfour ont jusqu’à présent échoué. Et chaque échec conforte les criminels de Khartoum dans l’idée qu’ils sortiront indemnes de leur campagne d’extermination contre les rebelles du Darfour, campagne dont les principales victimes sont des femmes et des enfants sans défense. Alors poursuit le journal, si le conseil de sécurité est bloqué, les Américains du moins pourraient décréter des sanctions. Si toutes les firmes étrangères qui font des affaires avec Khartoum étaient exclues du marché américain, plus d’une entreprise asiatique réfléchirait par deux fois avant de maintenir ses liens avec le régime soudanais.

Enfin le plan d’action présenté par le premier ministre britannique Tony Blair pour réduire la pauvreté en Afrique inspire également des réflexions à la presse allemande.

Le rapport de la commission pour l’Afrique, présidée donc par Tony Blair, est salué notamment par la Süddeutsche Zeitung. Le journal y voit même un appui à la position de l’Allemagne. Certes Berlin s’est prononcé contre une annulation générale de la dette pour les pays les plus pauvres. Le gouvernement fédéral plaide pour des décisions au cas par cas, et pour une aide au développement subordonnée à des conditions. Mais souligne le journal, c’est en cela précisément qu’il rejoint le point de vue de Tony Blair, le rapport de la commission identifiant la corruption, le manque de transparence et l’excès de bureaucratie comme quelques-unes des principales causes de la pauvreté. En revanche,dans les colonnes de Die Welt, un journaliste ougandais, Andrew Mwenda, dénonce la nocivité de l’aide au développement. Plus d’argent, écrit-il, ne peut que rendre les pays africains encore plus pauvres. La générosité des occidentaux et les appels à la bonne gouvernance ne changeront rien au mode de gouvernement des chefs d’Etat africains.