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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron17 décembre 2004

RDC – Köhler/Afrique

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C’est tout d’abord la récente reprise des combats, dans l’est de la République démocratique du Congo qui cette semaine préoccupe les commentateurs.

Kabila lance une offensive dans l’est du Congo, titre la Tageszeitung qui écrit que le processus de paix en RDC a viré au processus de guerre. Dans la province du Nord-Kivu des dizaines de milliers de personnes fuient les combats entre les soldats fraichement envoyés par le gouvernement central de Kinshasa, l’armée de la province et des milices locales. Les troupes dépêchées par Kinshasa, explique le journal, devaient initialement combattre l’incursion de soldats rwandais. Aujourd’hui elles ont apparemment une autre mission, à savoir opérer un changement de pouvoir dans une province qui, à la différence du reste du Congo, reste sous l’emprise des mêmes dirigeants que du temps de la guerre. A Goma, la capitale du Nord-Kivu, l’administration et le pouvoir militaire sont contrôlés par des membres de la majorité rwandophone, qui avant la fin officielle de la guerre en 2003, appartenaient à la rebellion pro-rwandaise dans l’est du Congo. Dans le cadre du processus de paix ils ont certes été confirmés dans leurs fonctions. Mais autour de Kabila, les partisans de la ligne dure réclament une libération militaire de Goma, souligne la Tageszeitung. Un autre journal, la Süddeutsche Zeitung, s’indigne de la passivité de la communauté internationale, qui assiste au carnage en spectateur. La complexité de la guerre est pour beaucoup dans cette indifférence, concède le journal. De fait dans l’est du Congo, chaque localité ou presque est contrôlée et terrorisée par une force différente. La communauté internationale a pourtant la possibilité d’endiguer au moins cette guerre. Mais pour cela il faudrait qu’elle soit prête à s’engager effectivement au Congo. D’une part elle devrait exercer une pression massive sur le président rwandais Paul Kagamé, le plus grand fauteur de guerre en Afrique centrale, écrit le journal. De l’autre il faudrait une force militaire puissante, et indépendante, capable à la fois d’empêcher l’invasion rwandaise et de désarmer les innombrables groupes rebelles. Et le journal de plaider pour une intervention comme celle de l’Union européenne, l’an dernier à Bunia.

La presse allemande nous livre aussi un bilan nuancé du périple de dix jours que le président allemand, Horst Köhler, vient d’effectuer en Afrique. Même si ce voyage n’a pas fait les grands titres des journaux, la Frankfurter Rundschau en retient que Horst Köhler s’est comporté en maitre d’école et qu’il est allé parfois à la limite de la politesse diplomatique. Exemple au Bénin où devant un parterre de ministres, écrit le journal, sa voix s’est faite impatiente, presque coléreuse. Si l’Afrique, a déclaré le président allemand, compte sur l’aide de l’extérieur, elle ne trouvera jamais son bonheur. Mais souligne le journal, Horst Köhler ne serait pas Horst Köhler s’il n’avait fortement pimenté sa mission en Afrique de ce qu’il veut ériger en marque distinctive de son mandat présidentiel: le franc parler. Personne n’aura été épargné. Ni ses hôtes africains, appelés à lutter contre la corruption et à pratiquer la bonne gouvernance, ni les pays industriels, critiqués pour leurs subventions commerciales, ni le gouvernement allemand pressé d’allouer enfin 0,7% de son produit national brut à l’aide au développement. Le monde de Köhler, poursuit notre confrère, est un monde dans lequel personne ne doit se sentir traité injustement. Mais il y a un défaut: la Banque mondiale comme le Fonds monétaire international, dont il a été directeur, ne figurent pas sur sa liste de critiques. Or ajoute la Frankfurter Rundschau, les erreurs de l’ajustement structurel mériteraient amplement d’être dénoncées – dans le vocabulaire économique c’est ce qu’on appelle une mauvaise performance.