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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron15 octobre 2004

Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

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Image : AP

C’est tout d’abord à une Africaine que les commentateurs rendent hommage. L’écologiste kényane Wangari Maathai est la lauréate du prix Nobel de la paix 2004.

Victoire pour l’Afrique, titre la Frankfurter Rundschau. Victoire aussi et surtout pour les Africaines. La décision d’Oslo, écrit le journal, renforce les femmes dans la politique africaine. Elle les encouragera à engager le combat contre des élites masculines encroûtées. Les femmes africaines sont une clé de la protection de l’environnement sur le continent, mais aussi de son développement. La Süddeutsche Zeitung parle plutôt d’un prix Nobel alternatif. Mérité sans doute. Un environnement sain est un bon terreau pour la paix. Mais le comité d’Oslo, estime ce confrère, aurait pu émettre un signal encore plus fort, à savoir ne pas décerner de prix Nobel de la paix. Le monde en cette année 2004, ne mérite nullement un tel prix. Pour Die Welt, l’attribution, pour la première fois, du prix Nobel de la paix à une Africaine est moins l’expression d’une récompense que d’une inquiétude: l’évolution des sociétés sur le continent noir est de plus en plus préoccupante pour le reste du monde. Pour changer les choses il importe surtout de faire quelque chose pour les femmes, souligne Die Welt, car ce sont elles qui, traditionnellement en Afrique, accomplissent la majeure partie des travaux. La Tageszeitung de Berlin insiste elle aussi sur la nouvelle fonction du Comité du prix Nobel de la paix. Il ne s’agit plus, note le journal, de mettre en exergue le thème prétendument le plus important de la politique internationale et d'en récompenser un acteur positif. Dans un monde rempli de conflits et d’incertitudes, il s’agit d’honorer un engagement concret qui s’emploie à surmonter les obstacles les plus coriaces à une paix durable dans le monde. La distinction de Wangari Maathai montre que les problèmes de l’Afrique ne sont plus marginaux, mais qu’ils représentent au contraire un défi majeur pour la paix et la sécurité du monde.

Cela dit il y a quand même un bémol à ce concert de louanges.

Die Welt titre en première page sur le coup de folie de l’écologiste kényane. Pauvre Afrique, écrit Die Welt. Le continent des fléaux et de la pauvreté pouvait enfin s’enorgueillir d’une vraie bonne nouvelle: une femme forte, une militante inflexible, était récompensée du prix Nobel de la paix. Or voilà qu’au lendemain de son triomphe Wangari Maathai a réitéré son point de vue sur l’origine du virus du sida, qui a déjà emporté 25 millions de personnes en Afrique. Pour cette femme de 64 ans, titulaire d’un doctorat, le virus n’est pas né de processus naturels, mais a été mis au point par un expert, occidental bien sûr, en armes biologiques. Die Welt rappelle qu‘elle avait déjà défendu cette thèse au mois d’août dernier en affirmant que le sida était un instrument de contrôle inventé contre les Africains par un méchant scientifique. Et donc que les préservatifs n’étaient d’aucun secours.

Enfin après 13 ans d’anarchie et de violence, la Somalie a un président. Il a été élu dimanche dernier à Nairobi par le parlement somalien. Et la presse allemande parle d’un signe d’espoir pour un pays en ruines.

L’espoir des Somaliens en un avenir meilleur et plus pacifique, écrit la Frankfurter Rundschau, repose sur les épaules d’un militaire de 70 ans, Abdullahi Yusuf Ahmed. Au troisième tour de scrutin, alors qu’il ne restait plus que deux candidats en lice, les députés ont préféré cet ancien rebelle contre Siad Barre au candidat plus libéral, favori des Américains, Abdullahi Ahmed Addou. Nombreux sont ceux qui pensent que la Somalie a besoin d’un homme à poigne, écrit le journal. Et le nouveau président, justement, n’est pas un plaisantin. Il y a deux ans, tel un chef de guerre, il avait chassé le dirigeant du Puntland et s’était autoproclamé président de cette région semi-autonome. Il lui revient à présent de former un gouvernement, de nommer un premier ministre et de chercher un endroit sûr pour gouverner, car Mogadiscio est trop dangereuse.