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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron1 octobre 2004

RDC – Nigéria

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Image : AP

Nous commençons par la République démocratique du Congo, où la situation dans l’est du pays reste préoccupante. La Tageszeitung de Berlin parle même d’une augmentation des "épurations ethniques" contre la minorité d’origine rwandaise. C’est ainsi que les 356 réfugiés banyamulenge congolais, qui sont rentrés lundi dernier du Burundi, ont d’abord été accueillis à coup de pierres par des manifestants à Uvira, dans le Sud-Kivu. Finalement l’ONU a dépêché une escorte pour les protéger. Le Sud-Kivu, note le journal, est un fief des forces politiques qui veulent l’expulsion de tous les Banyamulenge et autres membres de la minorité d’origine rwandaise dans l’est du Congo, ils sont considérés comme une cinquième colonne du Rwanda. Selon des organisations humanitaires près de 150 000 personnes d’origine rwandaise ont été expulsés de la région de Kalehe, près de la frontière entre le Sud et le Nord-Kivu. Apparemment les milices radicales du Sud-Kivu veulent nettoyer la province de tous les "Rwandais" entre guillemets avant le début de l’inscription sur les listes électorales pour les élections prévues en juin 2005. Car précise le journal, après des mois de disputes la chambre basse du parlement de transition a adopté le week-end dernier une loi controversée qui, conformément à l’accord de paix, accorde la nationalité congolaise à tous les habitants du Congo dont l’ethnie était installée sur le territoire congolais au moment de l’indépendance en 1960. Cela inclut les personnes d’origine rwandaise dans l’est du pays.

L’insécurité dans le delta du Niger, au Nigéria donc, inspire également à la presse allemande des réflexions sur les problèmes engendrés par l’exploitation pétrolière en Afrique. La Süddeutsche Zeitung note par exemple que les tensions au Nigéria sont l’une des causes de la flambée du prix du pétrole, passé momentanément à plus de 50 dollars le barril. La réaction du marché peut surprendre estime le journal, les troubles dans le delta du Niger y sont aussi vieux que l’exploitation pétrolière. Mais si la nervosité des marchands est aussi grande, c’est parce que le pétrole africain a considérablement gagné en importance. Dans les années à venir, les Etats-Unis comptent importer 25% de leur pétrole d’Afrique, contre 15% actuellement. Avec l’exploitation pétrolière, poursuit le journal, le continent pourrait facilement résoudre ses problèmes les plus graves. Or jusqu’à présent cette exploitation a surtout aiguisé les problèmes. Au Nigéria par exemple le revenu annuel par habitant a chuté de 800 à 300 dollars depuis 1980, car ce sont principalement les puissants qui s’enrichissent. Du fait de ses matières premières, souligne encore le journal, l’Afrique risque de connaître la même débacle que pendant la guerre froide. A l’époque ni l’Ouest ni l’Est ne se préoccupaient de démocratie ou de droits de l’homme tant que les despotes étaient du bon côté. Dans la nouvelle bataille pour l’Afrique l’enjeu n’est plus l’idéologie mais les ressources naturelles et cette bataille va encore se faire plus rude dans les années à venir.

Enfin la presse allemande s’intéresse à une autre matière première, agricole cette fois: il s’agit du café. Le café bio – une chance pour les petits paysans de l’Afrique de l’est, titre la Tageszeitung qui prend deux exemples: l’Ethiopie, pays d’origine de l’arabica, et l’Ouganda, pays d’origine du robusta. Deux pays où les petits producteurs appliquent la même stratégie, à savoir la mise en valeur des spécificités du terroir. Le café, note le journal, y pousse presque naturellement, il n’a pas besoin d’être acclimaté à coup d’engrais chimiques et de pesticides. Et avec un peu de soin dans le séchage, la torréfaction et la commercialisation on peut offrir des cafés haut de gamme qui, à l’instar des bons vins, s’affirment sur le marché à des prix élevés sous des noms de marques déposées. Le principal obstacle, souligne le journal, est la certification, qui est à la fois très longue et très coûteuse. D’où la nécessité de se regrouper en coopératives.