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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron9 juillet 2004

Soudan – Zimbabwe

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Image : AP

C’est encore le Soudan qui cette semaine fournit le principal sujet de reportages et d’analyses. La Süddeutsche Zeitung par exemple revient sur la récente visite de Kofi Annan à Khartoum et dans le Darfour, le Darfour où il devait visiter le camp de déplacés de Meshtel. La veille encore de son arrivée, relate le journal, des collaborateurs de l’ONU avaient vu un camp surpeuplé. Kofi Annan, lui, n’aura vu que quelques ânes cherchant leur nourriture au milieu des détritus. Le camp n’existe plus, s’est-il entendu répondre par un représentant du gouvernement soudanais. Du jour au lendemain les gens avaient été transportés ailleurs. Où? Personne ne le sait. Ainsi donc, poursuit le journal, même le représentant suprême des Nations unies est floué par le gouvernement soudanais. Kofi Annan n’aura eu le droit de voir dans le Darfour que les endroits qualifiés de "camps pour touristes" par les humanitaires. Autrement dit les camps dans lesquels les réfugiés sont correctement pris en charge, et que l’on montre volontiers à tous les diplomates qui passent. Khartoum peut ainsi continuer d’affirmer que la tragédie du Darfour est présentée de façon exagérée. La Frankfurter Allgemeine Zeitung a rencontré la ministre allemande de la Coopération, Heidemarie Wieczorek-Zeul, qui critique le nouveau projet de résolution déposé par les Etats-Unis au conseil de sécurité de l’ONU. Pour la ministre ce projet ne va pas assez loin en imposant un embargo sur les armes uniquement contre les milices djandjawids qui terrorisent la population. Il faut, dit-elle, étendre cet embargo au gouvernement soudanais, car les milices ne pourraient pas commettre leurs crimes sans l’appui précisément du gouvernement. Joschka Fischer, le ministre des affaires étrangères, s’exprime quant à lui dans les colonnes de la Frankfurter Rundschau. Il exige un désarmement immédiat des milices par le gouvernement de Khartoum. Et il estime aussi que, sans les Africains, aucun succès n’est pensable dans le règlement du conflit. Les principaux acteurs, souligne Joschka Fischer sont: l’Union Africaine, l’ONU et les Etats-Unis. Car eux seuls conjuguent les deux facteurs décisifs: la légitimité et la puissance.

Et puis la presse allemande renoue cette semaine avec un thème qu’elle avait délaissé ces derniers temps: c’est celui de la réforme agraire au Zimbabwe. Le Zimbabwe qui torpille précisément sa réforme agraire, lit-on dans la Tageszeitung de Berlin. Car voilà que le gouvernement, écrit le journal, vient d’avoir une nouvelle idée: à savoir nationaliser toutes les terres agricoles, en remplaçant les titres de propriété par des contrats de fermage sur 99 ans. Entre-temps le ministre de l’information a précisé que le projet ne s’appliquerait qu’aux terres dont les fermiers blancs ont été expulsés. Mais poursuit le journal, cette forme restreinte de nationalisation ne manque pas de surprendre. Elle touche justement les paysans noirs que le gouvernement voulait aider en expropriant les blancs. Selon les chiffres officiels, plus de 300 000 noirs ont ainsi obtenu des terres. Mais une commission gouvernementale a récemment constaté qu’ils n’étaient en réalité que 150 000, et que moins de la moitié d’entre eux exploitaient effectivement leur terre. Voilà que maintenant ils doivent devenir de surcroit les fermiers de l’Etat. Les principaux bénéficiaires de la réforme agraire, souligne notre confrère, sont de toute façon des ministres ou des hauts fonctionnaires de l’Etat et du parti. Pour les nouveaux petits paysans noirs, qui souffrent déjà de l’absence d’un appui étatique, la nouvelle politique fait l’effet d’une gifle. Comme le redoute ce paysan qui cultive du maïs à la périphérie de Harare, et qui est cité dans l’article, si nos terres sont nationalisées, qui empêchera le gouvernement de les redistribuer à d’autres.