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Afropresse , l’Afrique à travers la presse allemande.

25 juin 2004

RDC – Afrique australe - Namibie

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Cette semaine la situation en République démocratique du Congo continue d’inspirer aux commentateurs des réflexions plutôt pessimistes. La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur l’occupation momentanée de Bukavu, début juin, par des rebelles pour souligner qu’une paix durable au Congo est plus douteuse que jamais. Ce qui s’est passé à Bukavu, écrit le journal, rappelle fatalement le début en 1996 de la première guerre du Congo, qui s’est achevée par la chute de Mobutu, puis de la deuxième, en 1998, qui a culminé dans l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Dans les deux conflits les Banyamulenge ont joué un rôle clé. Et à chaque fois la persécution des Banyamulenge au Congo a fourni au Rwanda une raison d’intervenir dans le pays voisin. Les Banyamulenge poursuit le journal, sont arrivés du Rwanda au 19ème siècle et sont devenus un facteur déterminant dans l’est du Congo. Autrefois ils furent les alliés bienvenus du dictateur Mobutu pour écraser les aspirations sécessionnistes dans l’est du Congo après l’indépendance. Puis lorsque Mobutu, au début des années 80, a changé de politique et a privé les Banyamulenge de leurs droits civiques la confrontation ouverte a commencé entre les immigrés et le gouvernement central de Kinshasa.

L’Afrique australe traverse actuellement la crise humanitaire la plus grave dans le monde. C’est un haut responsable de l’ONU qui l’a déclaré cette semaine à Johannesburg. La presse allemande en fait un thème de commentaire.

Comme le note la Frankfurter Rundschau, le propos surprend, d’autant qu’en matière de crise humanitaire la concurrence est grande. Pour la première fois depuis des décennies, l’Afrique australe est actuellement une région sans guerre. Et l’Afrique du sud, le moteur du sous-continent, semble tourner à plein régime. Mais les apparences sont trompeuses. La région est malade. De plus en plus d’adultes, principalement des femmes, étant touchés par le virus du sida, l’alimentation ne peut plus être garantie. Il n’y a même plus besoin de sécheresse. Et les vieilles recettes de l’aide d’urgence ne servent donc plus à rien. Pour contrer les conséquences dévastatrices de la pandémie, l’Afrique australe, souligne le journal, a besoin de programmes à long terme dans le domaine médical, social et agricole. Mais le monde riche rechigne à s’engager durablement. A la différence de l’appel à la guerre contre le terrorisme, le thème du sida en Afrique n’intéresse guère. Pour des millions de personnes les conséquences en sont mortelles.

Enfin la presse nous livre un commentaire très critique après l’adoption, par la chambre allemande des députés, d’une motion sur le massacre des Hereros par les troupes coloniales allemandes. C’était il y a cent ans, dans la colonie allemande du Sud-Ouest africain, aujourd’hui la Namibie.

Rien que des belles paroles, titre la Tageszeitung de Berlin. L’Allemagne se soustrait à sa responsabilité. La politique étrangère allemande reste fidèle à elle-même. La motion votée par le Bundestag pour le 100ème anniversaire du génocide des Hereros est si molle, et si vide, que l’on peut se demander pourquoi elle a été adoptée. Réaffirmer seulement la "responsabilité particulière, historique et morale" de l’Allemagne pour la Namibie, revient simplement à persister dans la même ligne politique: nous avons commis autrefois des crimes atroces, mais aujourd’hui nous versons des sommes considérables au titre de l’aide au développement. C’est toujours le même petit jeu, souligne le journal: la responsabilité historique est compensée par de l’argent. Toute formulation qui aurait pu entrainer des conséquences politiques ou juridiques, sous forme de réparations, a été soigneusement écartée, déplore la Tageszeitung.