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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron5 mars 2004
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Nigéria - UA - Namibie

Nous commençons ce tour d'horizon par le Nigéria. L'Unicef indignée par le boycottage des vaccinations au Nigéria, titre la Frankfurter Rundschau. Il s'agit en l'occurence de la campagne de vaccination contre la poliomyélithe, interdite dans deux Etats musulmans du nord du pays. Ces deux Etats, Zamfara et Kano, avaient déjà été les premiers, rappelle le journal, à introduire la loi islamique, la sharia. Ils bataillent à présent contre la vaccination anti-polio. Depuis le mois d'août 2003, l'Etat de Kano interdit aux parents de faire vacciner leurs enfants. Et les deux Etats, Kano et Zamfara donc, ont aussi boycotté la dernière campagne de vaccination lancée par l'Unicef et l'OMS pour 65 millions d'enfants dans 10 pays africains. Alors pourquoi un tel refus ? Parce que, nous explique le journal, des rumeurs répandues dans le nord du Nigéria veulent que le vaccin, de fabrication américaine, contienne des substances qui nuisent à la fécondité féminine, pour décimer la population africaine. Mieux vaut sacrifier deux, trois, voire dix enfants à la polio, a déclaré le gouverneur de Kano, que d'exposer des centaines de milliers ou des millions de filles au risque d'une possible stérilité. Carol Bellamy, la directrice de l'UNICEF, est d'autant plus indignée, souligne le journal, que le boycottage des vaccinations ouvre la voie à une propagation du virus de la polio dans toute l'Afrique occidentale et centrale. La tageszeitung de Berlin consacre de son côté une pleine page à l'application de la sharia dans le nord du Nigéria, et c'est pour constater que les tribunaux islamiques ne prononcent pas tous des peines draconiennes. Exemple, dans l'Etat du Niger, les voleurs ne sont pas condamnés à être amputés des mains, ni les femmes adultères à être lapidées. La justice islamique note le journal, peut même présenter parfois des avantages sur la justice séculière, car la justice au Nigéria souffre de bien des maux. Les procès peuvent durer des mois, les pots de vin permettent d'accèlérer ou de retarder la procédure. Comme toutes les autres institutions nigériannes, la justice n'échappe pas à la corrupion. Les tribunaux islamiques en revanche passent pour moins vulnérables à la corruption. Sans compter, ajoute le journal, que les courtes peines d'emprisonnement, prononcées infiniment plus souvent par les tribunaux normaux, peuvent devenir imprévisibles, car les condamnés sont livrés à leurs gardiens. Bref autant de raisons qui font que même des chrétiens préfèrent parfois un tribunal islamique lorsqu'ils ont un litige avec un musulman.

La création d'une force d'intervention africaine, approuvée au récent sommet extraordinaire de l'Union africaine en Libye, est qualifiée par la Franfkurter Rundschau de « solution mineure pour les foyers de crise de l'Afrique ». Les guerres, note le journal, bloquent tout développement dans bien des endroits en Afrique. L'appel à la création d'une force d'intervention africaine n'est donc pas nouveau. Et il semble que l'on se soit rapproché de ce projet. Les 40 chefs d'Etat présents à Syrte en Libye ont résisté à l'idée du colonel Kadhafi de mettre sur pied une armée unique africaine. L'on s'est entendu sur une solution moins ambitieuse, celle d'une force multinationale de 15 000 hommes qui d'ici à 2005 doit être intégrée dans une politique commune de défense et de sécurité pour l'Afrique. Cela dit, poursuit le journal, on oublie trop souvent qu'il existe déjà des forces d'intervention africaines et que leurs problèmes pourraient être aussi ceux de la nouvelle force : lenteur des décisions, manque d'argent, problèmes logistiques et troupes peu motivées. Notre confrère rappelle par exemple que sur l'ordre de l'ancienne Organisation de l'Unité Africaine, des soldats de la paix éthiopiens et sud-africains servent toujours au Burundi, mais que les tueries n'y continuent pas moins. Enfin la tageszeitung se penche sur la volonté proclamée du gouvernement namibien d'accélérer sa réforme agraire lancée en 1995. Comme dans toute l'Afrique australe, écrit le journal, la question des terres est un thème sensible en Namibie. 4 000 grands fermiers, pour la plupart des blancs, y possèdent 40% de la surface du pays, dont la majeure partie des terres fertiles. De là l'annonce par le gouvernement de possibles expropriations contre dédommagement, pour une redistribution plus rapide à des paysans noirs sans terre. Cela dit le journal ne s'attend pas précisément à des expropriations rapides.