1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron28 juillet 2008

En cette période de vacances d'été les thèmes africains se font un peu plus rares dans les journaux, mais le Zimbabwe continue de retenir l'intérêt de nos confrères.

https://p.dw.com/p/El2y
Poignée de main entre Robert Mugabe et Morgan TsvangiraiImage : AP

Et pour cause. Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai ont signé un accord sur l'ouverture de discussions entre la ZANU-PF, le parti au pouvoir, et le MDC, le principal parti d'opposition. La Süddeutsche Zeitung en conclut à un rapprochement au Zimbabwe et note que les deux hommes ne s'étaient plus rencontrés personnellement depuis dix ans. La situation économique n'est pas meilleure pour autant. L'inflation, souligne le journal, est devenue incontrôlable. Et Mugabe continue de bloquer le travail des organisations humanitaires. La Frankfurter Rundschau parle d'un prudent rapprochement au Zimbabwe, et selon ce journal qui cite le MDC comme source, cela ne fait pas dix ans, mais vingt ans que Mugabe et Tsvangirai ne s'étaient plus rencontrés. De là à sceller un partage du pouvoir, il y a encore loin. Les milieux diplomatiques sont sceptiques, écrit notre confrère. Les positions des deux protagonistes sont trop éloignées l'une de l'autre. Pour nombre d'observateurs, l'objectif de Mugabe est d'accueillir seulement quelques membres de l'opposition dans un gouvernement qu'il veut continuer, à 84 ans, de diriger. Rapprochement ou pas, note de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'Union européenne a durci ses sanctions contre les dirigeants zimbabwéens. Jusqu'à présent 130 personnes, dont Mugabe lui-même, figuraient sur la liste des sanctions européennes. 36 noms y ont été ajoutés. Et pour la première fois dans sanctions ont également été adoptées contre quatre entreprises qui seraient sous l'influence de Robert Mugabe. La planche à billets s'est arrêtée au Zimbabwe, titre la Tageszeitung. La firme allemande Giesecke & Devrient a annulé début juillet un contrat fort lucratif avec la banque centrale zimbabwéenne. A savoir la fourniture de papier spécial pour l'impression de billets. Les informations parues dans la presse sur les cargaisons de papier envoyées par avion au Zimbabwe avaient soulevé l'indignation de l'opinion publique allemande, note le journal. Qui plus est, selon des employés de la banque centrale les Allemands n'ont pas seulement stoppé leurs livraisons. Ils ont également retiré de Harare leurs machines à imprimer et les stocks de papier restants. Le Zimbabwe ne peut donc plus imprimer de nouveaux billets et traverse actuellement une crise de liquidités sans précédent dans l'histoire du pays. Il est de plus en plus fréquent, ajoute le journal, que les paiements soient maintenant exigés en dollars américains ou en rands sud-africains.

Le président soudanais, Omar El-Béchir a effectué une visite au Darfour. Il est toujours menacé d'un mandat d'arrêt, demandé contre lui par le procureur de la Cour pénale internationale. Et le Soudan reste donc présent dans les colonnes de la presse allemande.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève par exemple que des Etats africains et arabes s'emploient auprès de l'ONU à empêcher toute procédure judiciaire contre Omar El-Béchir. Le journal indique par ailleurs que selon le service en ligne Sudan Tribune l'aviation soudanaise a acquis une dizaine de nouveaux avions de combat russes MIG-29. Ils auraient été livrés via la Biélorussie, mais le flou persiste sur leur origine, russe ou biélorusse. Omar El-Béchir, note de son côté la Berliner Zeitung, reçoit l'appui de la Ligue arabe et de l'Union africaine. Alors qu'un nombre grandissant de dictateurs africains déchus sont traduits en justice, le continent peine encore à s'en prendre à des despotes en exercice. Il n'accepte de les voir répondre de leurs actes qu'une fois chassés du pouvoir. Le cas le plus célèbre est actuellement celui de l'ancien président du Libéria Charles Taylor.

Enfin pour une fois la presse allemande nous annonce une bonne nouvelle qui concerne largement l'Afrique. Le combat contre la peste bovine est en passe d'être gagné. La pire épizootie de tous les temps, lit-on dans l'hebdomadaire Der Spiegel qui nous relate le travail d'un vétérinaire anglais, retraité de la FAO. Dans le sud de Londres Peter Roeder guette tous les matins sur internet les nouvelles qui pourraient mettre en péril l'oeuvre de sa vie. Par exemple la mort de 200 hippopotames en Ouganda, ou la mort en masse de buffles et d'antilopes dans l'est du Congo. Peter Roeder alarme alors ses collègues vétérinaires dans le monde entier, lui qui s'est juré d'éradiquer le virus de la peste bovine. La vigilance, souligne-t-il, reste de mise, mais la victoire est proche. En 1993, lorsqu'il a pris ses fonctions à la FAO, le virus faisait encore rage. Les principaux réservoirs avaient été identifiés en Somalie, en Ethiopie, au Yémen et au Pakistan. Mais des campagnes de vaccination ainsi que des abattages en masse de bétail ont fait reculer les micro-organismes. En Afrique, note le Spiegel, le virus a fait ses dernières victimes connues en 2001, quelque part dans le sud du Soudan, en Somalie et dans l'est du Kenya. La maladie, nous explique le journal, n'est apparue en Afrique qu'en 1887, lorsque l'armée italienne a envahi l'Ethiopie en apportant avec elle des boeufs indiens infectés. L'èpidémie s'est alors propagée comme un feu de brousse jusqu'au Cap de Bonne Espérance et l'Atlantique. 80 à 90% de tous les bovins en Afrique noire sont morts. De même que des masses d'antilopes, de buffles et de girafes. Les famines qui ont suivi ont tué des millions de personnes, dont les deux-tiers des Massai de Tanzanie. Jamais, souligne le journal, l'Afrique ne s'est relevée de cette catastrophe qui a fait infiniment plus de morts sur le continent que le sida. Mais grâce donc au travail opiniâtre de vétérinaires comme Peter Roeder, la peste bovine devrait être maintenant la première maladie, depuis la variole à être éradiquée.