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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron1 août 2008

L'ONU a reconduit le mandat de la MINUAD, la force ONU-Union africaine au Darfour. Les journaux allemands ne sont pas plus optimistes pour autant sur l'évolution de la situation dans l'ouest du Soudan.

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La MINUAD au DarfourImage : AP

Résultats catastrophiques au Darfour, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung sous la plume de Salim Ahmed Salim. Il était jusqu'à une date récente l'émissaire spécial de l'Union africaine au Darfour. Dans cette tribune libre, il relève que la MINUAD est aujourd'hui parmi les missions de paix les plus mal équipées au monde. Et que les conséquences donc en sont catastrophiques. Le manque d'équipements, ajoute Salim Ahmed Salim, peut avoir des aspects comiques lorsque les soldats doivent mettre des sacs en plastique bleu sur leurs vieux casques de l'ONU, mais il devient vite mortel dans la mesure où aucun des 18 hélicoptères de transport demandés n'est encore arrivé. Bien que le conflit du Darfour semble figurer depuis longtemps parmi les priorités de nombreux pays, les populations du Darfour se sentent trahies, à juste titre. Une MINUAD bien équipée pourrait protéger la population civile dans les régions clés du Darfour et engendrer même une certaine stabilité qui encouragerait finalement la volonté de dialoguer. Toujours dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, mais dans une autre édition, un commentateur du journal note que les atrocités ne manquent pas au Darfour. Les milices djandjawid y violent des fillettes de cinq ans. Mais responsables politiques et experts ne parlent plus que d'un conflit "de basse intensité." Et même la caravane internationale de l'indignation est partie depuis longtemps pour le Zimbabwe et le Tibet. Par un coup de cimbale juridique - la demande donc d'un mandat d'arrêt contre Omar El-Béchir - la Cour pénale internationale a remis en mémoire les tueries dans l'ouest du Soudan. Les habitants du Darfour, poursuit le journal, ont toutes les raisons d'exiger que justice leur soit rendue. Mais le procureur de la CPI suscite à présent des attentes qui, une nouvelle fois sans doute, seront amèrement déçues. Un mandat d'arrêt resté sans suite pourrait détruire au Soudan et ailleurs en Afrique le peu de confiance qui reste dans la justice internationale. La Tageszeitung se fait l'écho de la réunion à Nairobi de ce qu'on appelle le "Darfour Consrtium", un collectif de 50 ONG africaines ou établies en Afrique. Leur constat rejoint celui de Salim Ahmed Salim: l'ONU a échoué au Darfour.

Sans surprise le Zimbabwe reste un autre phare de l'actualité africaine dans la presse allemande.

A lire par exemple dans l'hebdomadaire Der Spiegel un long reportage qui nous rappelle forcément ce que d'autres médias ont déjà relaté: l'effondrement de l'économie, l'hyperinflation, la terreur exercée par les milices du régime contre les partisans réels ou supposés de l'opposition. Dans l'empire fantôme du président, écrit le Spiegel, on ne survit plus qu'avec des dollars américains, et avec discrétion. Car si beaucoup de secteurs sont en ruines, le système de surveillance continue de fonctionner à la perfection. Critiquer le gouvernement peut vous coûter la vie, rencontrer des journalistes aussi.


Autre thème, cette semaine, pour les journaux allemands: la République démocratique du Congo, où le pillage des ressources, apparemment, continue de plus belle.

Pillage notamment dans la riche province minière du Katanga, à en juger par un article que publie la Tageszeitung. Un essor économique aux dépens de la population, titre le journal. Le boom minier profite surtout à la Chine. La société civile locale met en garde contre le risque d'une guerre pour l'accès aux matières premières comme dans l'est du Congo. Deux ans après les premières élections démocratiques dans le pays - elles ont eu lieu le 30 juillet 2006 - la démocratisation piétine. Et puis la Tageszeitung, encore elle, mais aussi la Süddeutsche Zeitung, évoquent les accusations portées par l'organisation écologique Greenpeace contre Danzer, la grande société allemande d'exploitation de bois. Danzer est présente depuis 1972 dans le bassin du Congo et selon Greenpeace, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, elle a mis en place un vaste système de fraude fiscale. De 2000 à 2006, cette entreprise familiale allemande dont le siège social est en Suisse aurait soustrait pour 7,8 millions d'euros de recettes fiscales au gouvernement de la RDC. Des accusations contestées par le responsable Afrique chez Danzer.

Enfin au moment où le président ivoirien Laurent Gbagbo vient d'effectuer une visite d'Etat au Burkina Faso, la presse allemande évoque le processus de démobilisation en Côte d'Ivoire.

Ce processus a été convenu précisément dans l'accord de paix de Ouagadougou, rappelle la Tageszeitung, et le gouvernement ivoirien a cité récemment le chiffre de 36 000 combattants ex-rebelles à démobiliser. L'un d'entre eux est Alassane Traoré, 36 ans, qui a rejoint la rébellion dès le début, en 2002, pour avoir trop souvent subi, dit-il, les effets de la société à deux classes en Côte d'Ivoire. Alassane a des ancêtres venus du Mali et du Burkina Faso. Sa démobilisation a duré huit jours, dans une caserne. Aujourd'hui il rêve d'élever des volailles. Mais, poursuit le journal, malgré des exemples encourageants, le processus de démobilisation achoppe toujours sur un manque d'argent et de volonté politique. Dans le sud les milices pro-Gbagbo ne sont toujours pas désarmées, alors que dans le nord le désarmement de l'ex-rébellion traine en longueur.