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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron3 octobre 2008

Les Etats-Unis retiennent l'attention pour leurs rapports avec l'Afrique. Le commandement militaire américain pour l'Afrique, Africom, est en effet opérationnel depuis le 1er octobre.

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Quartier général d'Africom à StuttgartImage : Vince Crawley, U.S. Africa Command

Opérationnel peut-être, mais assurément très contesté, lit-on dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung qui rappelle qu'Africom a pour objectif de prévenir les conflits sur le continent africain, de renforcer la lutte anti-terroriste et de garantir le libre échange des matières premières africaines. En dépit d'une quête laborieuse, note le journal, les Américains n'ont pas réussi à trouver en Afrique un endroit pour installer le quartier général d'Africom. Il restera donc à Stuttgart en Allemagne. Il faut dire, poursuit la SZ, que les plans américains, toujours très flous dans leurs détails, suscitent des réactions négatives. Tout d'abord parce que les Africains n'ont pas été consultés. Et quand ils ont le sentiment d'être placés devant des faits accomplis ils ont souvent une réaction de rejet. A quoi il faut ajouter que les Etats africains ne veulent pas devenir la cible du terrorisme international. Ils craignent qu'une centrale militaire américaine sur le sol africain n'attire précisément des attentats extrêmistes.

Africom impopulaire et apatride en Afrique, titre de son côté la Tageszeitung qui ajoute un autre motif d'inquiétude: le département d'Etat américain et le ministère de la coopération sont associés à Africom. D'où la crainte que les activités de politique de développement et les activités humanitaires des Etats Unis ne tombent sous la coupe du Pentagone.

Autre thème pour la presse allemande: le détournement par des pirates somaliens d'un cargo ukrainien chargé d'une trentaine de chars de combat.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung parle d'un drame, un drame qui illustre la gravité de la situation au large des côtes de la Somalie. Avec le Golfe d'Aden, cette région représente une partie de la voie maritime entre l'Europe et l'Asie via le canal de Suez. Tout navire cargo partant de Hambourg ou de Bremerhaven à destination de la Chine emprunte cette route, note le journal. Depuis le début de l'année près de 60 navires ont été attaqués dans la région, 25 ont été kidnappés. Le transport maritime international attend de la politique des initiatives rendant possible, dans le golfe d'Aden, ce qui a déjà réussi en Malaisie, poursuit notre confrère. Et de nous expliquer que le détroit de Malacca, entre la Malaisie et l'Indonésie était encore, il y a quelques années, une route maritime extrêmement dangereuse. Les pays riverains ont alors mis en place un système de surveillance radar, ils ont institué des patrouilles régulières, sur l'eau et dans les airs, ils ont effectué des contrôles et mobilisé leurs services de renseignement. Résultat: la piraterie a considérablement diminué dans le détroit de Malacca. Cela fait des années, note la Süddeutsche Zeitung, que, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, les Etats-Unis et leurs alliés patrouillent dans les eaux au large de la Somalie. Malgré la présence de ces marines occidentales la piraterie a considérablement augmenté. Les eaux somaliennes passent pour les plus dangereuses du monde. Il n'en est que plus surprenant, souligne plus loin le journal, qu'une cargaison de trente chars d'assaut s'engage dans de telles eaux sans escorte militaire.

L'Afrique du sud a cessé de faire les grands titres de l'actualité africaine dans les quotidiens allemands. Cette semaine c'est l'hebdomadaire Der Spiegel qui revient sur la démission de Thabo Mbeki. Et le Spiegel se pose beaucoup de questions qui dénotent son inquiétude, même si l'élection du modéré Kgalema Motlanthe comme président intérimaire est jugée rassurante. Jacob Zuma, se demande le journal, sera-t-il vraiment candidat à la présidence en 2009? Que deviendra l'ANC? Est-il menacé de scission? Et où va l'économie sud-africaine? Avec ses 48 millions d'habitants, écrit le Spiegel, l'Afrique du sud reste la première économie du continent. L'industrie de transformation et le secteur minier ont des taux de croissance à deux chiffres, les investissements aussi. Le gouvernement Mbeki a fait construire des millions de nouveaux logements. Douze millions de Sud-Africains âgés et pauvres reçoivent une aide de l'Etat. Mais poursuit le Spiegel, le revers de la médaille n'est pas moins évident: il y a en moyenne 50 meurtres par jour. Faute de soins des milliers de Sud-Africains meurent dans les hôpitaux. Cinq millions et demi de personnes sont séropositives. Les coupures d'électricité sont récurrentes.

Enfin la presse allemande nous livre un exemple d'aide peu onéreuse mais efficace pour lutter contre la pauvreté en Afrique.

C'est l'exemple d'un programme de vaccination de volailles en Angola. Comme l'écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il suffit parfois de peu pour obtenir de grands résultats. Il suffit parfois de deux poules et de quelques cents pour nourrir une famille. Jens Wiesenmüller, de l'Agro-action allemande, en est convaincu. Avec des fonds de l'Union européenne, il a vacciné jusqu'à présent 250 000 volailles dans la brousse angolaise. Ce programme de vaccination contre la fièvre de Newcastle, qui chaque année tue jusqu`'à 80% des poussins en Angola, se révèle un accélérateur économique. En l'espace de douze mois une famille peut produire, à partir de dix poules, entre 25 et 40 poules et coqs , à condition que les volailles aient été vaccinées. Et sur le marché, précise le journal, une bonne poule peut atteindre le prix de 800 kwanzas, soit l'équivalent de huit euros.