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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron10 octobre 2008

Nous commençons par l'Afrique australe puisque le Zimbabwe, l'Afrique du sud et l'Angola font parler d'eux cette semaine dans les journaux allemands.

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Robert Mugabe et Morgan TsvangiraiImage : AP

Le Zimbabwe tout d'abord avec un article du Tagesspiegel de Berlin qui relève que plus de trois semaines après l'accord sur un partage du pouvoir, le pays est comme figé. A l'abri de la tempête qui secoue le système financier international, Robert Mugabe, écrit le journal, fait tout pour empêcher l'application de l'accord conclu avec le MDC, l'opposition donc. L'application de l'accord bute aussi sur le fait que l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki a été contraint par son propre parti de quitter le pouvoir et qu'il ne participe plus aux discussions. Cela dit, poursuit notre confrère, Mbeki précisément, passe aussi pour l'une des principales causes du risque d'un échec . D'une part il est considéré comme un proche allié de Mugabe, de l'autre il est de plus en plus clair qu'Il a donné un coup d'accélérateur excessif à la phase finale des discussions. Beaucoup de points litigieux n'ont pas été réglés. Thabo Mbeki chassé de la tête de l'Etat - et c'est aussi l'Afrique du sud qui pourrait en subir les conséquences, estime le quotidien Die Welt. Lequel se félicite en fait d'une possible scission de l'ANC. Beaucoup de Sud-Africains, note le journal, ont réagi avec enthousiasme à l'annonce de l'ancien ministre de la défense Mosiuoa Lekota lorsqu'il a déclaré qu'il envisageait la création d'un nouveau parti. Un nouveau parti politique réduirait nettement la majorité gouvernementale et ferait du bien au sentiment démocratique de l'Afrique du sud. Sans compter que beaucoup d'électeurs de l'ANC ont été choqués par la froideur avec laquelle Thabo Mbeki a été débarqué. Mais Lekota doit faire attention, avertit Die Welt. Jusqu'à présent toute tentative de scission de l'ANC a lamentablement échoué. Peut-être faudra-t-il que Mandela intervienne une dernière fois pour sauver l'oeuvre de sa vie. L'ouverture à Paris du procès dit de l'Angolagate donne lieu aussi à quelques articles dans la presse allemande, par exemple dans la Berliner Zeitung. Les 468 pages de l'acte d'accusation, écrit ce confrère, se lisent comme un thriller politique. C'est l'histoire de livraisons d'armes illégales au président dos Santos, défié dans les années 90 par les rebelles de l'Unita, et c'est l'histoire de célébrités francaises qui lui ont prêté main forte. Ce procès souligne le journal, est extrêmement embarrassant pour la France et pour l'Angola. Luanda a d'ailleurs tenté, mais en vain, d'empêcher sa tenue. Et Paris ne peut rester indifférent à la colère du président angolais. L'Angola n'est pas n'importe quel pays africain, c'est un pays qui livre du pétrole et de l'uranium à la France.

Plus au nord les combats dans l'est de la République démocratique du Congo ont redoublé d'intensité ces derniers jours. La presse allemande s'en inquiète.

Risque d'escalade de la guerre au Congo, titre la Tageszeitung qui cite les propos alarmistes du chef de la mission de l'ONU en RDC, Alan Doss. Lequel a parlé d'une situation "très, très sérieuse" dans la province du Nord-Kivu et a demandé au conseil de sécurité l'envoi de troupes supplémentaires. De tels renforts, estime le journal, sont peu probables. Avec 19 000 soldats, la MONUC est déjà la plus grande force de maintien de la paix de l'ONU. Mais les avertissements du chef de la MONUC sont clairs. Le processus de paix entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle de Laurent Nkunda a échoué. Conséquence: c'est aussi l'échec du rapatriement des milices hutues des FDLR qui se battent dans l'est du Congo. Les Hutus de ces Forces démocratiques de libération du Rwanda appuient bien plutôt l'armée congolaise contre les tutsis du CNDP, le mouvement de Laurent Nkunda. On assiste, souligne le journal, au développement d'un conflit meurtrier entre hutus et tutsis. De nouvelles armées rebelles sont en train de se constituer en Ituri, région voisine du Nord Kivu. Le fait que le Congo n'ait plus de gouvernement depuis la démission du premier ministre Antoine Gizenga le 25 septembre et que le président Kabila ne soit pas pressé de nommer un successeur renforce l'impression d'un vide du pouvoir, ajoute la Tageszeitung.

Cap maintenant sur l'Afrique de l'ouest, plus précisément sur Bamako au Mali, où le commissaire européen au développement Louis Michel et le président malien Amadou Toumani Touré ont inauguré lundi dernier un projet pilote financé par l'Union européenne: le centre d'information et de gestion des migrations.

En abrégé le CIGEM, un centre qui est le premier du genre en Afrique et qui vise à décourager l'émigration clandestine. La Süddeutsche Zeitung note qu'il est doté de 10 millions d'euros jusqu'en 2011, mais que selon ses détracteurs il risque surtout de renforcer les frontières extérieures de l'Europe. Si l'assistance dans la recherche d'un emploi légal ou d'une formation en Europe figure bien parmi ses attributions, elle est reléguée pour l'instant à l'arrière-plan. De fait, précise le journal, l'Union européenne, en tant que telle, ne peut offrir d'emplois. Il appartient à chaque Etat membre de décider qui est autorisé à venir sur son marché du travail. Le gouvernement malien en revanche espère de ce centre des offres d'emplois pour les Maliens dans l'Union européenne. Le Mali, rappelle le journal, est le cinquième pays le plus pauvre du monde. Faute de travail chez eux un tiers des 12 millions de Maliens vivent à l'étranger - pour la plupart dans des pays voisins, ils ne sont que 200 000 à avoir émigré en Europe.