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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron17 octobre 2008

A l'occasion de la célébration cette semaine de la journée mondiale de l'alimentation, les journaux allemands se font l'écho du dernier rapport des Nations unies sur la faim dans le monde.

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Projet allemand contre la sous-alimentation à MadagascarImage : picture-alliance/ dpa

La faim de nouveau en augmentation dans le monde, note la Süddeutsche Zeitung, alors que ces dernières années une légère diminution commençait à s'esquisser. Selon les estimations des Nations unies le nombre de personnes qui souffrent de la faim est passé de 840 millions en 2005 à 923 millions en 2007. L'Afrique subsaharienne reste l'épicentre de la faim dans le monde. La République démocratique du Congo, suivie de l'Erythrée, du Burundi, du Niger et de la Sierra Leone sont les pays les plus touchés. Lors de la présentation, à Berlin, de cet indice mondial de la faim, précise encore le journal, la présidente de l'Agro-action allemande, Ingeborg Schäuble, a rappelé que le gouvernement fédéral n'avait alloué en 2007 que 12 milliards d'euros à l'aide au développement - un quarantième du plan de sauvetage pour les banques. La Tageszeitung fait le lien entre les deux crises - crise financière et accroissement de la faim dans le monde. L'argent se faisant rare, il est maintenant réservé aux riches, écrit le journal. La marchande de Calcutta ou de Kinshasa qui pourrait développer un commerce florissant avec un micro-crédit de quelques centaines de dollars, sera relegués loin derrière les milliards du sauvetage des banques. Lutte contre la pauvreté ou défense de la prospérité? Voilà la question, poursuit le journal, autour de laquelle tournera l'avenir de l'économie mondiale. Les derniers plans de sauvetage des banques lui apportent une réponse malheureusement trop claire.


Un autre rapport retient cette semaine l'attention de la presse allemande. Il n'est pas sans relation avec la crise alimentaire puisqu'il concerne le déboisement. Un déboisement massif, destiné à faire de la place pour la culture d'agro-carburants. Mais aussi un déboisement illégal, qui pille le bois précieux pour les fabriques occidentales de meubles. Et comme on peut le lire dans la Süddeutsche Zeitung, en plus de leur plaidoyer pour la protection de la nature, les écologistes avancent maintenant contre ce déboisement illégal un argument qui devrait faire dresser l'oreille aux industriels. Selon une étude de Greenpeace, les importations de bois abattu illégalement font perdre jusqu'à un milliard d'euros à l'industrie allemande du bois. La FAO, poursuit le journal, estime que le commerce illégal de bois a fait baisser les prix de 7 à 16%. Mais cela n'explique qu'en partie les pertes subies par les industriels. La baisse du chiffre d'affaires tient aussi à un déficit d'image et à la perte de confiance des consommateurs. Aussi présentables que soient des meubles de jardin ou des cadres de fenêtres en bois tropical, les clients, soulignent le journal, ont été à ce point sensibilisés par les campagnes des écologistes qu'ils hésitent à acheter de l'acajou ou du teak.

La faim et la pauvreté continuent de pousser des milliers d'Africains à risquer leur vie pour atteindre les rivages de l'Europe. L'Union européenne cherche à se barricader contre cette immigration clandestine. Mais à en juger par ce que rapporte la presse allemande, elle n'y réussit pas vraiment.

L'Europe n'a aucune recette contre les migrants africains, titre la Tageszeitung qui note que l'Europe ne parvient pas à maîtriser l'immigration clandestine par la voie maritime à partir de l'Afrique. Les chiffres ont certes diminué pour ce qui concerne l'émigration partant de l'Afrique de l'ouest via les Canaries. Mais l'accroissement n'en est que plus rapide à partir de l'Afrique du nord via la Méditerranée. En 2007, 14 000 clandestins africains ont débarqué en Italie. Pour cette année ils sont déjà plus de 23 000. Les patrouilles de l'agence européenne Frontex, qui depuis deux ans surveillent les voies migratoires en haute mer entre l'Afrique et l'Europe, n'ont rien changé à l'afflux de réfugiés. Le directeur de Frontex, souligne le journal, a lui-même reconnu que c'était un échec. Les patrouilles attirent bien plutôt les réfugiés, les passeurs orientant volontairement les bateaux vers les patrouilles européennes pour que les migrants puissent être secourus par les gardes-côtes. L'Union européenne, poursuit le journal, prévoit pourtant de renforcer les attributions de l'agence Frontex. Les 27 ont par ailleurs adopté, au sommet européen de cette semaine à Bruxelles, le pacte sur l'immigration et l'asile, présenté par la France. Ce pacte, souligne le journal, entend renforcer la lutte contre l'immigration clandestine et se traduira concrètement par une augmentation des expulsions.

Enfin la presse allemande se fait l'écho cette semaine de la poursuite des combats dans l'est de la République démocratique du Congo.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur l'exode massif de civils dans l'est du Congo. Et sur l'avancée des rebelles au Kivu et en Ituri. L'Ituri où selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, note le journal, les combats avec les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du seigneur ont fait d'innombrables victimes. Des centaines de cadavres ont été jetés dans une rivière. La Tageszeitung relève qu'après la démission d'Antoine Gizenga, la RDC a maintenant un nouveau premier ministre en la personne d'Adolphe Muzito. Il était jusqu'à présent ministre du budget, et passe pour un technocrate, écrit le journal. Il appartient aussi à la direction du parti lumumbiste unifié, le parti donc d'Antoine Gizenga. En le nommant au poste de premier ministre, ajoute la TAZ, Joseph Kabila respecte l'accord de coalition conclu avec le PALU après sa victoire électorale de 2006. Il évite la rupture avec la seule grande force politique qui le soutient encore dans la moitié ouest de la RDC.