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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron7 novembre 2008

C'est encore la situation dans l'est de la République démocratique du Congo qui cette semaine retient en priorite l'intérêt des journaux.

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Camp de réfugiés à GomaImage : AP

A lire dans la presse des reportages qui décrivent le calvaire de la population civile dans le Nord-Kivu. La Tageszeitung publie dans son édition de mercredi des extraits du journal tenu par le directeur du programme "Guéris mon peuple", Joseph Ciza. Je vais en voiture, écrit-il par exemple en date du 1er novembre, à Kanyaruchinya, un centre de santé situé derrière l'aéroport de Goma. Kanyaruchinya me brise le coeur. 10 000 personnes se pressent autour du centre de santé. Elles sont abattues, sont assises sagement et attendent. Lundi deux enfants ont été piétinés à mort dans une bousculade pour une poignée de biscuits. Ces gens ont attendu depuis quatre jours sous une pluie battante ou un soleil de plomb, sans abri et sans eau. La Süddeutsche Zeitung , comme d'autres journaux, relève que Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'ONU veut intervenir personnellement dans la crise du Nord-Kivu. Il a de surcroit nommé l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo comme émissaire spécial dans la région. Mais pour la Süddeutsche Zeitung, Obasanjo n'aura pas la tâche facile. S'il est accepté comme médiateur par toutes les parties, il n'a pas réussi dans son propre pays à faire cesser les explosions de violence entre différentes ethnies et religions. La tâche d'Obasanjo, souligne également la Berliner Zeitung, est ingrate. Et pourtant à 71 ans, l'ancien président nigérian a des raisons de se réjouir de sa nomination. Non seulement parce qu'il connait les acteurs. En tant que président de l'Union africaine il avait déjà invité en 2004 les présidents Kabila et Kagamé à un sommet de crise. Mais surtout, poursuit le journal, sa nomination est une première éclaircie dans une année qui a ressemblé pour lui à une sombre vallée de larmes. Son successeur, pourtant choisi par lui-même, demande que l'ancien président soit jeté en prison pour des affaires de corruption. Sa nouvelle fonction permet à Obasanjo de revenir sur la scène politique internationale, même si au Nigéria certains reprochent à Ban Ki Moon d'avoir, avec Obasanjo, introduit le loup dans la bergerie. Dans un éditorial la Süddeutsche Zeitung souligne que la nouvelle guerre au Congo profite à beaucoup de monde. La confrontation entre Hutus rwandais et Tutsis congolais n'est pas la seule racine du conflit, écrit le journal. La peur d'être exterminé par l'adversaire est grande, mais la lutte pour les ressources naturelles n'est pas moins importante. Toutes les milices qui se battent au Congo se financent par la vente de matières premières , par exemple le coltane utilisé dans l'industrie de la téléphonie mobile. La guerre au Congo ne peut donc se réduire à un conflit africain, poursuit le journal. Il traduit aussi le piège mortel de la mondialisation , le marché mondial ayant soif de toutes ces matières premières congolaises, qu'elles soient ou non tachées de sang.

La presse allemande se fait également l'écho cette semaine de l'euphorie provoquée au Kenya par la victoire de Barack Obama à l'élection présidentielle américaine. La grande-mêre d'Obama tue un boeuf, titre Die Welt. Die Welt qui comme beaucoup d'autres journaux a dépêché quelqu'un à Kugelo, dans l'ouest du pays. C'est là qu'est enterré le père de Barack Obama et que vit sa grand-mère de 86 ans. La frustration provoquée par l'élection volée de décembre dernier au Kenya, écrit Die Welt, se déverse maintenant dans cette obamania. Le Kenya a perdu sa démocratie. Mais aux Etats-Unis la démocratie a sauvé un fils du Kenya. Un fils originaire de la même région que Raila Odinga, l'opposant kényan privé de sa victoire au scrutin présidentiel de décembre 2007, rappelle Die Welt. La Tageszeitung et la Süddeutsche Zeitung relatent aussi la folle nuit kenyanne du 4 novembre. Concerts de klaxons par exemple à Kisumu la plus grande ville de l'ouest du pays, où comme le note la Tageszeitung un automobiliste se réjouit en s'exlamant: "Obama est un Luo comme nous. Les Luos dirigent maintenant le monde".

Parmi les autres thèmes africains traités cette semaine par la presse allemande, il en est un qui concerne des millions de personnes en Afrique: c'est la demande croissante en riz. Comme on peut le lire dans la Berliner Zeitung, la demande de riz a grimpé en flèche depuis les années 70 en Afrique. Au Nigéria par exemple elle est passée de cinq kilos par an et par habitant à 25 kilos à la fin des années 90. Au Sénégal, elle a été multipliée par dix entre 1960 et 2000. L'urbanisation galopante en est la principale raison, poursuit le journal. Préparer un plat de riz exige moins de temps, de travail et de combustible que cuire du manioc ou des céréales comme le mil et le sorgho. La plupart des pays de l'Afrique de l'ouest et du centre, note la Berliner Zeitung, produisent eux-mêmes du riz mais les récoltes sont insuffisantes pour apaiser la demande, et la qualité est souvent inférieure à celle du riz importé d'Asie. De là l'appel lancé par de nombreux experts à une deuxième révolution verte. La première, rappelle le journal, a consisté à introduire des variétés à haut rendement. Mais le continent africain n'a guère profité de ces innovations. Aujourd'hui il pourrait être le point de départ de la deuxième révolution verte. Car un constat s'est entre-temps imposé: les petits paysans, qui ne cultivent qu'un ou deux hectares, sont des producteurs idéaux pour satisfaire des besoins grandissants en denrées alimentaires.

Enfin le quotidien Die Welt nous apprend que des médecins ont identifié en Afrique du sud et en Zambie un nouveau virus jusqu'alors inconnu, et mortel pour l'homme. Quatre personnes en sont mortes entre le 14 septembre et le 6 octobre. Le virus, lit-on dans Die Welt, provoque d'abord des symptômes grippaux, puis des diarrhées, des éruptions cutanées rappelant celles de la rougeole, enfin des troubles hépatiques et respiratoires. Les scientifiques, poursuit le journal, ont d'abord supposé qu'il s'agissait d'une fièvre hémorragique. Mais l'hypothèse ne s'est pas vérifiée. En revanche il est certain que le virus appartient à la même famille que le virus à l'origine de la fièvre de Lassa, une maladie de l'Afrique de l'ouest.