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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron9 janvier 2009

Les journaux puisent cette semaine un motif d'optimisme dans l'actualité africaine: il s'agit de l'élection présidentielle au Ghana .

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John Atta-MillsImage : AP

Il était clair dès le début, écrit le Tagesspiegel de Berlin, que le résultat serait serré. Mais rares étaient ceux qui imaginaient qu'il serait finalement aussi serré. John Atta-Mills, le candidat de l'opposition, l'a emporté avec 25 000 voix d'avance. Son rival Nana Akufo-Ado,du parti au pouvoir, a reconnu le résultat, et le Ghana a donc toutes les chances d'échapper à la spirale de violence post-électorale que l'on a connue dans des pays comme le Nigéria, le Kénya et le Zimbabwe. Atta-Mills, poursuit le journal, se présente comme un Obama africain, qui veut un Ghana meilleur. Il en voit la preuve dans sa victoire électorale, cette dernière marquant déjà la deuxième alternance démocratique depuis l'introduction du multipartisme en 1992. Une innovation pour l'Afrique post-coloniale, ajoute le Tagesspiegel. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la cérémonie d'investiture de John Atta-Mills a révélé à ceux qui en doutaient encore la maturité démocratique du Ghana. Le nouveau président, note le journal, veut être le président de tous les Ghanéens. Cela pourrait être interprété comme un coup de bec à son prédecesseur et son parti qui ont fait beaucoup de mécontents. Tout d'abord parce que les Ashantis, l'ethnie de Kufuor, ont pris un ascendant grandissant dans la marche du pays pendant les huit années du mandat de John Kufuor. Ensuite parce que John Kufuor s'est offert un nouveau palais présidentiel qui aurait coûté 50 millions de dollars. Or, souligne le journal, si l'économie ghanéenne est en bonne santé avec des taux de croissance de 2 à 6%, les pauvres ont ressenti les effets de la libéralisation économique menée par Kufuor. Elle s'est traduite par de douloureuses hausses de prix pour les denrées alimentaires et les carburants. Dans le même ordre d'idées la Süddeutsche Zeitung relève que le Ghana est certes un modèle de stabilité et de progrès économique en Afrique. Mais près de la moitié des 23 millions de Ghanéens vit toujours dans la pauvreté. Ce qui est attribué surtout à la corruption et à une certaine suffisance de l'ancien gouvernement. Atta-Mills promet de changer cela. Il devra vite faire la preuve du sérieux de ses efforts, souligne ce journal..

Après l'exception ghanéenne, la presse revient à des sujets moins réjouissants, comme la situation dans l'est de la République démocratique du Congo.

La Tageszeitung par exemple titre sur la lutte de pouvoir qui a éclaté au sein de la rébellion avant la reprise des pourparlers de paix à Nairobi entre le gouvernement congolais et le CNDP de Laurent Nkunda. Lundi dernier note le journal, le chef d'état major du CNDP, Bosco Ntaganda, annonçait le limogeage de Laurent Nkunda, Deux jours plus tard, le numéro deux du CNDP, Sultan Makenga, affirmait que Nkunda était toujours président du mouvement, et Bosco toujours chef d'état-major. La confusion, souligne le journal, est révélatrice des déchirements du CNDP, lequel a conquis de vastes territoires dans le Nord-Kivu depuis le mois d'août 2008. Ce mouvement créé en 2006 est placé maintenant devant le défi suivant: poursuivre son développement politique sans se couper de ses origines dans le groupe de militaires tutsis aguerris comme Nkunda, Bosco et Makenga. Le quotidien Die Welt s'intéresse à un autre aspect de la guerre dans l'est du Congo. C'est la destruction de l'espace vital des pygmées. Ndixehe par exemple, est à 74 ans le plus âgé d'un groupe de pygmées qui vivaient dans les forêts de l'est du Congo et qui ont dû fuir vers le camp de Shasha, à trois quarts d'heure de voiture de Goma. Fuir une fois de plus souligne Die Welt, et ce n'est pas un exode avec chevaux et carrioles. C'est fuir pieds nus pour tenter d'échapper aux bombes et aux balles. La haine qu'ils suscitent chez les autres, les préjugés - les pygmées y étaient habitués. Ce qui est nouveau, c'est de ne pas pouvoir se cacher, parce qu'il n'y a plus de cachette. 400 familles pygmées, soit 4 463 personnes, vivent actuellement à Shasha, où la faim est le problème le plus aigu.

Enfin les déboires d'une firme allemande sur les bords du lac Victoria au Kénya sont longuement relatés cette semaine par l'hebdomadaire Die Zeit.

Osram, le fabricant d'ampoules électriques, voulait promouvoir l'utilisation de l'énergie solaire chez les pêcheurs du lac Victoria, qui ont l'habitude de pêcher la nuit à la lampe à pétrole. L'idée était bonne, écrit Die Zeit, et tout avait été minutieusement planifié à Munich par le bureau d'Osram pour le développement durable. Le concept était lumineux, à savoir stocker de l'énergie solaire dans des batteries rechargeables pour faire fonctionner de petits appareils comme des radios, des téléphones portables et des lampes. Dans le village de Mbita une station solaire a été installée. Les clients doivent y payer la première fois une consigne de 2 000 shillings pour la lampe et les accus - l'équivalent de 20 euros, ce qui représente la valeur du poisson capturé en une semaine. Recharger une batterie pour pêcher toute une nuit coûte 100 shillings, un cinquième de moins que le pétrole pour la même durée d'éclairage. Au bout de quatre semaines les pêcheurs ont économisé l'argent de la consigne. Seulement voilà, poursuit Die Zeit, à Mbita deux pêcheurs seulement se sont équipés en lampes Osram. Le projet est un échec. A cela plusieurs raisons, à commencer par le prix. Dans cette région parmi les plus pauvres du Kénya on ne calcule pas comme à Munich. Un pauvre, souligne Die Zeit, ne calcule bien souvent que d'un jour à l'autre.