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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron23 janvier 2009

C'est tout d'abord le retour de l'armée rwandaise dans l'est de la République démocratique du Congo qui retient cette semaine l'intérêt des journaux allemands

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Laurent Nkunda en novembre 2008Image : AP

Il faut préciser que les articles en question ont été publiés avant l'annonce de l'arrestation de Laurent Nkunda au Rwanda. Entre 1 500 et 2000 soldats rwandais ont franchi la frontière avec le Congo, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui rappelle que les gouvernements congolais et rwandais se sont entendus en décembre dernier sur une opération militaire conjointe contre les FDLR, les forces démocratiques de libération du Rwanda. La présence de ces rebelles hutus rwandais passe pour le principal obstacle à une paix durable dans les deux provinces du Kivu. Mais souligne plus loin le journal, le gouvernement de Kinshasa entretient depuis des années un rapport ambigu avec les FDLR. D'une part il aimerait se débarrasser de ces extrêmistes devenus un fardeau politique. De l'autre il les approvisionne en armes. La neutralisation des FDLR est un préalable majeur posé par le Rwanda à une normalisation de ses relations avec la RDC. Par deux fois déjà, en 1996 et en 1998, l'armée rwandaise est entrée au Congo, les deux invasions ayant été justifiées par la nécessité de neutraliser les FDLR. Or malgré sa supériorité l'armée rwandaise n'a pu infliger de défaite décisive aux FDLR, les militaires rwandais se sont bien plutôt lancés dans l'exploitation illégale des ressources naturelles congolaises. De l'avis de la Tageszeitung, c'est pour faire accepter au Congo son rôle dirigeant dans l'offensive contre les FDLR que le Rwanda a incité ses alliés de la rébellion tutsie, le CNDP donc de Laurent Nkunda, a proclamer une cessation des hostilités. La guerre dans l'est du Congo était ainsi terminée. Et la Taz de citer un officiel du CNDP en ces termes. "maintenant nous tirons tous dans la même direction - sur les FDLR". Dans l'est du Congo, poursuit le journal, certains groupes de la société civile qui avaient fêté la fin de la guerre exigent à présent le retrait immédiat du Rwanda. ignorant sans doute que l'entrée des troupes rwandaises et la cessation des hostilités par le CNDP ne sont que les deux faces de la même médaille. La communauté interrnationale, note encore le journal, a été tenue à l'écart. A Goma beaucoup de représentants internationaux se sentent humilités et prophétisent le pire. A la mi-décembre poursuit le journal pour expliquer ces mises en garde, des soldats ougandais sont entrés dans le nord-est du Congo pour y traquer les rebelles ougandais de la LRA. La campagne a peut-être détruit les infrastructures de la LRA mais les rebelles se sont vengés sur la population civile et ont tué jusqu'à présent plus de 600 civils. Les FDLR seraient capables d'en faire autant. Toujours à propos de la RDC, mais dans un registre plus positif, la Süddeutsche Zeitung brosse le portrait d'un gynécologue congolais, Denis Mukwege, médecin chef de l'hôpital Panzi à Bukavu. Des milliers de victimes de violences sexuelles ont déjà trouvé refuge dans cette clinique , beaucoup d'entre elles ont été sauvées par le Dr. Mukwege et son équipe de médecins. Deux prix viennent récompenser son engagement, poursuit le journal, le prix Olof Palme, qu'il recevra à la fin du mois en Suède, et le tire d'Africain de l'année qui lui a été décerné par le journal nigérian Daily Trust.

Quenum

Le drame des migrants africains qui tentent de gagner clandestinement l'Europe est un thème qui revient aussi cette semaine dans la presse allemande, Marie-Ange: Il faut dire que pour la seule année 2008, plus de 67 000 personnes - ce sont les estimations de l'ONU - ont débarqué sur les côtes européennes, Soit 60% de plus que l'année précédente. Et 1 500 personnes au moins ont péri en mer.

Pioerron

Raison pour laquelle, lit-on dans la Berliner Zeitung, l'Italie,Chypre, la Grèce et Malte ont appelé les autres pays de l'Union européenne à l'aide. Une aide qui consisterait à renforcer le systeme européen de surveillance des frontières, Frontex, et à conclure des accords avec les pays d'origine afin d'y renvoyer plus facilement les réfugiés. Ces deux préoccupations, poursuit le journal, sont le reflet exact du comportement de l'Europe: s'enfermer et expulser. A l'évidence les causes des migrations n'intéressent pas l'Union européenne. Si tel était le cas, elle devrait concéder sa part de responsabilité. Car ce sont ses subventions à l'agriculture et à la pêche qui accroissent la pression migratoire. La viande et le poisson européens sont écoulés en Afrique à des prix si bas que les produits africains ne sont plus compétitifs. De surcroit l'Union europénne ferme ses marchés à de nombreux produits africains. D'innombrables paysans, pêcheurs et artisans n'ont plus de quoi vivre. Ce n'est sans doute qu'une des causes de la migration, souligne le journal. Mais l'UE ne peut résoudre le problème ni par les navires de Frontex ni par des grillages frontaliers de plus en plus élevés. Elle doit bien plutôt aider à améliorer les conditions de vie en Afrique - et surtout trouver une réglementation humaine pour l'immigration en Europe. Car l'Europe restera pendant longtemps encore un voisin nettement plus riche. Et qui en a l'occasion préfère gagner de l'argent dans un pays riche que dans un pays pauvre . La lutte contre la pauvreté en Afrique ne réduira pas l'émigration de manière décisive.

En bref encore Die Welt annonce que la marine russe envisage d'ouvrir des bases navales au Proche-Orient et en Afrique du nord. En l'occurence, pour ce qui est de l'Afrique du nord, à Tripoli en Libye. L'information, qui émane de l'agence russe Itar-Tass, a été démentie par le ministère de la défense. Mais l'agence est sûre de son fait: la décision politique a été prise, son application n'est plus qu'une question de temps. Selon un représentant de la marine, qui a requis l'anonymat, la base de Tripoli aura pour mission de contrôler la situation explosive au Proche-Orient et, le cas échéant, d'y réagir.