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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron6 mars 2009

La presse allemande commente largement le mandat d'arrêt délivré contre le président soudanais par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

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Manifestation à Khartoum contre la CPIImage : AP

Mandat d'arrêt contre le boucher du Darfour, titre à la une la Tageszeitung qui publie la photo d'un survivant d'un massacre au Darfour. Il tient dans ses mains des crânes de victimes. Dans son éditorial, la TAZ estime que la CPI n'avait pas le choix. Si les juges avaient refusé de délivrer un mandat d'arrêt, cela aurait été pour le génocide au Darfour un blanc-seing accompagné d'insupportables cris de triomphe à Khartoum. Mais poursuit le journal, c'est maintenant officiel: le président soudanais porte la responsabilité personnelle des crimes commis au Darfour au nom de l'Etat et il doit en répondre. Ceci est également important pour le débat politique qui a va inéluctablement suivre à l'intérieur du Soudan, souligne le journal. Car la balle est maintenant à Khartoum. La classe politique soudanaise doit faire un choix: veut-elle, par une solidarité nationale mal comprise, se lier pour des années à un chef d'Etat recherché comme criminel de guerre ou veut-elle oser un nouveau départ qui permette de surmonter la crise dans le plus vaste Etat africain. La Frankfurter Rundschau parle d'un mandat d'arrêt explosif, et contesté. Alors que des gouvernements occidentaux comme ceux des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France se sont prononcés pour, la quasi totalité des pays membres de l'Union africaine et de la Ligue arabe, de même que la Chine et la Russie ont tenté d'empêcher le mandat d'arrêt, ou au moins de le repousser d'un an. Sous le titre "Arrêtez Béchir", la Süddeutsche Zeitung tient pourtant à rappeler que les trois juges qui ont avalisé la délivrance du mandat d'arrêt sont originaires du Ghana, de Lettonie et du Brésil. Qu'on ne dise donc pas, souligne le journal, que la justice de la CPI est un justice de Blancs, d'Européens. Trois femmes ont bien plutot écrit l'Histoire: Pour la premiere fois un tribunal international permanent poursuit un chef d'Etat en exercice. La CPI est un avertissement permanent à tous les despotes. Cet effet dissuasif s'affirmera lentement si la cour, en dépit de toutes les résistances, prouve qu'elle reste fidèle à elle-même.

A la recherche d'une nouvelle crédibilité - Ban Ki-moon veut sauver du déclin la mission de l'ONU au Congo: c'est le titre qu'a choisi la Frankfurter Allgemeine Zeitung pour relater la récente visite du secrétaire général de l'ONU à Kisangani, en RDC donc. Le peu de crédit politique dont dispose encore la MONUC au Congo, constate le journal, a été mis en lunière fin janvier par les gouvernements de Kinshasa et de Kigali. Ils ne l'ont pas même informée de leur opération militaire conjointe, et politiquement risquée, contre les rebelles hutus rwandais des FDLR dans le Nord-Kivu. Mais poursuit le journal, comme le rappelle souvent Ban Ki-moon, les missions de l'ONU ont pour tâche de soutenir les gouvernements locaux, non pas de se soumettre à eux. Or au Congo ces propos ont un autre poids qu'ailleurs. La MONUC est tenue de soutenir l'armée congolaise, raison pour laquelle la mission risque d'aller de mal en pis, Kabila veut que la Monuc se plie aux exigences de l'état major général congolais et devienne une sorte d'auxiliaire des forces armées congolaises. L'ONUI est donc face à un dilemme: si la Monuc réduit son appui à l'armée congolaise, elle sera rendue responsable d'un nouveau renforcement des FDLR. Si elle accroit son aide logistique elle sera soupçonnée d'armer des soldats congolais connus pour leurs pillages. Pour l'instant elle a choisi la deuxième option et veut accorder un appui aérien à l'armée congolaise dans sa traque des FDLR. Ainsi entend-elle regagner sa crédibilité. La Tageszeitung publie de son côté un long reportage sur le retour, au Rwanda, d'un des combattants de ces FDLR. Il a 34 ans, il a fui en RDC apres le génocide au Rwanda et a servi dans la plus grande et la plus cruelle des milices rebelles, les FDLR donc. Piller des maisons, tuer, attaquer des camions - il a fait tout cela et ne le regrette pas. Je n'ai fait dit-il que mon boulot. Le dernier en date ayant consisté à prélever des impôts à un barrage routier. Le kalachnikov lui servait d'outil de travail. Bahati Nsinganumwe, c'est son nom, a maintenant quitté son uniforme et rendu son arme à l'ONU.

L'Afrique touchée de plein fouet par la récession mondiale - c'est enfin le sujet d'un article de la Frankfurter Rundschau qui note que les diamants perdent de leur éclat. Des pays comme la Zambie et le Botswana , très largement dépendants de l'exportation d'une seule matière première, sont les plus durement touchés.. La Zambie par exemple tire 80% de ses devises de la vente de cuivre. Après la chute des cours du cuivre à la fin de l'année dernière, les grandes sociétés minières réduisent considérablement leur production, La mine de cuivre de Luanshya a même arrêté totalement sa production et licencié ses 1 700 employés. La fermeture des mines a un impact dévastateur sur la population. Les conséquences ne sont pas moins graves au Botswana, poursuit le journal. Ce pays modèle doit sa relative prospérité aux diamants. De même que 80% de ses recettes d'exportation. La semaine passée, la société Debswana a annoncé la fermeture temporaire des quatre grandes mines de diamants du pays - l'une d'entre elles doit même rester fermée jusqu'à la fin de l'année.