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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron27 mars 2009

Le président soudanais a défié la CPI en se rendant ces derniers jours en Erythrée, en Egypte et en Libye. C'est un sujet pour la presse allemande.

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Omar El BéchirImage : picture-alliance/dpa/Montage DW

Comment le président soudanais veut échapper à son arrestation lit-on dans la Süddeutsche Zeitung qui suppose qu'à Khartoum on aura ressorti du placard les vieilles cartes géographiques. Car lorsque Omar El Béchir part en voyage il ne suffit plus de commander l'avion présidentiel et de régler les habituelles questions de protocole. Encore faut-il vérifier avant chaque vol sur quel trajet il sera à l'abri d'une arrestation. Certes, poursuit le journal, Béchir ne se rend plus que chez des amis. Et le voyage en Erythrée était sans risque. L'Erythrée n'est pas partie prenante à la CPI, elle n'est donc pas obligée d'exécuter le mandat d'arrêt. L'Egypte, note encore le journal, n'a pas non plus signé le texte fondateur de la CPI. Elle exige même du conseil de sécurité la suspension du mandat d'arrêt. Les choses seront plus compliquées si le président se rend au sommet de la Ligue arabe au Qatar, écrit le journal dans cet article paru jeudi. La route directe passe par la Mer Rouge et l'Arabie saoudite. Or le ciel au-dessus de la Mer Rouge n'appartient pas à un pays ami. C'est un espace aérien international. Des avions de combat français ou américains pourraient intercepter l'avion présidentiel et le contraindre à atterrir. Mais nul ne sait s'ils sont prêts à le faire, ajoute le journal. Toujours dans la Süddeutsche Zeitung , le même jour, on peut lire un article sur le risque de famine au Darfour. La situation empire depuis l'expulsion de 13 grandes ONG internationales Si rien ne change, les vivres disponibles ne suffiront que jusqu'à la fin avril, selon les Nations unies.

Le dalai-lama, le chef spirituel des Tibétains, n'est pas le bienvenu en Afrique du sud. Les autorités sud-africaines ont refusé de lui délivrer un visa alors qu'il devait participer au Cap à une conférence sur la paix et le football. Cela retient bien sûr l'intérêt de la presse allemande.

Le dalai-lama restera à la porte, écrit la Berliner Zeitung. Prix Nobel de la paix ou pas, l'ambassade d'Afrique du sud à New Delhi a refusé de lui délivrer un visa. Le Tibet appartient à la Chine. Et la Chine étant un important partenaire, politique et économique, pour l'Afrique du sud, l'ordre a été donné de ne pas délivrer le visa afin de ne pas irriter Pékin. L'Afrique du sud n'est de fait pas aussi importante que l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France, qui peuvent mieux s'affirmer vis-à-vis de la Chine - mais ne le font pas toujours, précise le journal. La Berliner Zeitung insiste un peu plus loin sur l'importance économique de la Chine pour l'Afrique du sud. Des entreprises de l'Empire du Milieu ont investi six milliards d'euros en Afrique du sud. Pékin achète du fer, du charbon, du platine et d'autres matières premières. Si la Chine ne le faisait plus, l'Afrique du sud serait littéralement ruinée. Prétoria reçoit-elle maintenant ses ordres de Pékin, demande la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L'Afrique du sud est peut-être le premier partenaire commercial de la Chine en Afrique. Mais la nation sud-africaine a quand même été étonnée de voir que son gouvernement précisément, qui prend la défense de tous les peuples opprimés de la planète, se couche devant la Chine. Les relations commerciales, estime le journal, n'expliquent pas tout. A quatre semaines des élections en Afrique du sud, la vraie raison est plutôt à chercher du côté de l'ANC, le parti au pouvoir. La campagne électorale de Jacob Zuma est financée pour une bonne part par le Libyen Kadhafi, le parti au pouvoir en Inde et le parti communiste chinois. C'est du moins, note le journal, ce qu'affirme l'hebdomadaire sud-africain "Mail&Guardian" en se référant à des sources internes à l'ANC.

Quelques mots encore de Madagascar, même si l'intérêt de la presse allemande pour la Grande Ile a nettement faibli cette semaine.

La Süddeutsche Zeitung nous propose un portrait du nouvel homme fort, Andry Rajoelina, portrait résumé par ces trois mots: jeune, ambitieux et impatient. Mais confronté maintenant à une tâche herculéenne, souligne le journal. Madagascar est parmi les pays les plus pauvres du monde. Et Rajoelina ne changera pas le choses de si tôt, même s'il donne la priorité à la lutte contre la pauvreté. Il aura besoin de la communauté internationale, Or celle-ci a suspendu son aide.

Enfin l'hebdomadaire Der Spiegel a rencontré le premier ministre kényan Raila Odinga, pour l'interroger notamment sur la multiplication de meurtres non élucidés. Des défenseurs des droits de l'homme sont abattus, il y a des centaines de disparus, la police serait impliquée dans leur mort. Le Kenya échappe-t-il à tout contrôle, demande le Spiegel? La tendance est inquiétante, reconnait Raila Odinga. Et le risque est bien réel de glisser dans l'illégalité pour maintenir l'ordre et la loi. Mais la situation n'est pas irréversible. Nous avons des institutions pour stabiliser la sécurité avec l'aide de l'extérieur. Mais, question du Spiegel: un rapport de l''ONU recommande de limoger le chef de la police et le procureur général. Le ferez-vous? Réponse: nous n'avons pas d'autre choix. La police a perdu la confiance de la population.