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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron17 avril 2009

Cette semaine les journaux proposent un large éventail de sujets africains. Mais c'est encore la piraterie en mer, au large des côtes somaliennes, qui retient en priorité l'intérêt de nos confrères.

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Bateau pirate intercepté par l'armée française au large de MombasaImage : AP

On commence par un acte que la Berliner Zeitung qualifie d'héroïque, c'est la libération du capitaine américain Richard Philipps par des militaires américains. Une libération qui, souligne le journal, peut donner lieu, à court terme, à un soupir de soulagement. A long terme il faudra se rendre à l'évidence que l'armée de désespérés somaliens ne pourra pas être combattue à coup de commandos spéciaux et de navires de guerre. Un homme affamé est un homme en colère, dit-on en Afrique. Et qui n'a plus rien à perdre se bat jusqu'au bout. La paix en mer ne sera possible que si la terre ferme somalienne offre un minimum de paix, de stabilité et de qualité de vie, du moins pour permettre à la population de ne pas mourir de faim. Ce dont a besoin la Somalie, c'est d'un héros qui libère une nation toute entière. L'hebdomadaire Die Zeit redoute le pire lorsqu'il écrit qu'une poignée de flibustiers tient en haleine les flottes les plus puissantes de la planète et que le monde, qui vit du commerce maritime devra réagir, à commencer par les occidentaux, dont l'Allemagne. Une réaction musclée, ajoute die Zeit, est aussi nécessaire pour contrer ce qui n'était jusqu'à présent qu'un cauchemar des stratèges de l'anti-terrorisme, à savoir que les pirates somaliens s'allient un jour avec des terroristes islamistes. Le réseau Al Qaida a déjà usé une fois d'une variante d'un vieux modèle de terrorisme, le détournement d'avion. Deux super-tankers détournés, que l'on ferait exploser dans le golfe d'Aden, et c'est l'économie mondiale qui serait à genoux pendant des semaines. Un 11 septembre maritime, ajoute die Zeit. Plusieurs experts interrogés par le Tagesspiegel écartent toutefois l'hypothèse de liens étroits entre pirates somaliens et islamistes. Roger Middleton, par exemple, du centre de réflexion britannique Chatham House, est d'avis que les pirates n'entretiennent que des relations très distendues avec les milices shebbab. De simples relations d'affaires, normales en Somalie, souligne-t-il. Les pirates qui opèrent dans le sud de la Somalie doivent verser des pots-devin aux shebbab pour que ceux-ci les laissent en paix. Au Puntland, dans le nord du pays, cela n'est pas différent.

Si la pauvreté est le terreau sur lequel prospère la piraterie en Somalie, ailleurs en Afrique elle pousse des hommes à accepter une forme d'exploitation qui leur semble être un paradis. La presse nous en offre un exemple avec l'Ouganda.

Boulot de rêve en Irak, titre la Tageszeitung qui relate à titre d'exemple l'histoire d'un jeune Ougandais de 26 ans, présenté dans l'article sous le nom d'emprunt de John Onyango. John qui jubile en sortant de la villa de la firme de sécurité Foto Services dans le quartier huppé de Kampala. Il a décroché un nouveau contrat pour un job dont rêvent des milliers d'Africains. Depuis un an Onyango travaille comme garde de sécurité en Irak. Il reste douze heures par jour à la porte d'entrée d'un camp militaire américain à Bagdad - sous une chaleur torride, avec casque, gilet pare-balles, ceinture de munitions et fusil. Il gagne 600 dollars par mois, une fortune pour un Ougandais, poursuit le journal. Dans son pays cet ancien soldat des services secrets militaires gagnerait tout au plus 100 dollars comme gardien. Dans le sillage de la réforme de l'armée en Ouganda, des milliers de soldats ont été démobilisés. Au total note plus loin la Taz, ce sont 12 000 Ougandais qui travaillent comme gardes de sécurité en Irak. Ils gagnent cinq à dix fois plus que chez eux. Mais pour le même travail en Irak, leurs collègues américains gagnent dix à vingt fois plus.

A lire également dans la presse allemande de cette semaine un article sur la liberté de la presse en Namibie, un pays dont les journaux allemands n'ont plus parlé depuis longtemps. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que dans la perspective des élections générales prévues en novembre, la radio-télévision nationale, la NBC, est de plus en plus sous la coupe du gouvernement, et surtout de la SWAPO, le parti au pouvoir. Bien que sa réélection soit assurée, la SWAPO, écrit le journal, est nerveuse. Pour la première fois elle aura face à elle le parti né d'une scission de la Swapo à la fin 2007, un parti qui a à sa tête des hommes politiques ayant combattu autrefois en exil pour l'indépendance de l'ancien Sud-Ouest africain. Deux signes visibles, poursuit le journal, illustrent la volonté d'intimider la radio et la télévision nationale: la suppression de deux émissions radiophoniques dans lesquelles des auditeurs pouvaient donner leur avis sans contrôle préalable, et le limogeage du secrétaire général de la NBC. Des voix s'élèvent aussi pour appeler à une restriction de la liberté d'opinion. La Tageszeitung relate le procès pour crimes de guerre qui vient de s'achever à Freetown devant la cour spéciale pour la Sierra Leone. C'était le dernier procès du genre organisé en Sierra Leone même. Charles Taylor on le sait est jugé à La Haye pour des raisons de sécurité. Pour la TAZ cette cour est assurément un tribunal historique, mais elle a raté son objectif, car les principaux chefs de guerre ont échappé à la justice. Enfin au chapitre de la lutte contre le paludisme la Süddeutsche Zeitung publie un article sur l'expérimentation d'une nouvelle molécule qui brise la résistance du plasmodium à la chloroquine.