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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Georges Ibrahim Tounkara10 juillet 2009

Les journaux reviennent dans leurs éditions du début de la semaine sur le récent sommet de l'Union africaine.

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Sommet de l'UA à SyrteImage : AP

Après une longue nuit des couteaux et des discours acérés, note le Tagesspiegel de Berlin, les chefs d'Etat et de gouvernement ont fini par trouver un compromis: leur continent faible et chancelant entend parler à l'avenir d'une voix forte. Une "Autorité africaine" , semblable à la commission de l'Union européenne, défendra à l'avenir les intérêts du continent le plus pauvre du monde sur la scène internationale. Mouammar Kadhafi, le père et la force motrice de cette idée, a remporté un important succès partiel, qui renforcera sans nul doute son influence dans la région. Mais, poursuit le journal, le chemin vers le rêve de Kadhafi, les "Etats-Unis d'Afrique" sera encore long et épineux. Beaucoup d'Etats craignent de perdre leur souveraineté nationale, raison pour laquelle les compétences de l'Autorité ont été amputées au dernier moment. Un pas vers un gouvernement africain, titre la Frankfurter Rundschau, qui relève que l'accord devra encore être ratifié par les parlements des pays membres de l'UA et qui pose aussi cette question: qui paiera le nouvel appareil politique? La Süddeutsche Zeitung retient surtout de ce sommet de Syrte la résolution proclamant que l'Union africaine ne tiendra pas compte du mandat d'arrêt délivré par la Cour pénale internationale contre le président soudanais Omar El Béchir. Le procureur en chef de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a minimisé la portée de cette résolution, écrit le journal. Et le front africain contre la CPI est probablement moins solide que ne voudrait le faire croire le Soudan. Les gouvernements de la République démocratique du Congo et de l'Ouganda ont eux-mêmes transmis des dossiers à la CPI. Et le Botswana a clairement indiqué qu'il ne se sentait pas lié par la résolution. La Tageszeitung note que le Soudan et la Libye ont fini par obtenir gain de cause, mais que la décision est quand même très contestée, 30 des 53 Etats africains ayant ratifié les statuts de la CPI.

G8 Gipfel in L`Aquila, Italien: Tafelrunde
Image : AP

Un autre sommet retient l'attention des journaux allemands. C'est le sommet du G8 qui s'est tenu à L'Aquila en Italie. Plus précisément l'intérêt porté par les huit pays les plus riches du monde au continent le plus pauvre. Mais il est encore trop tôt pour avoir un bilan. Le Financial Times Deutschland publie plutôt un appel signé Kofi Annan. La crise financière, écrit l'ancien secrétaire général de l'ONU, est une catastrophe pour le développement de l'Afrique. Mais le continent n'est pas seulement sensible aux variations de la conjoncture, il est aussi fragilisé par le changement climatique. Les variations méteorologiques préjudicient déjà la vie d'innombrables Africains. Elles compromettent l'approvisionnement alimentaire, renforcent la propagation de maladies comme le paludisme et entrainent des migrations de masse. Cela dit, poursuit Kofi Annan, cette évolution porte aussi en elle une chance unique pour l'Afrique. L'urgence avec laquelle il faut stopper le changement climatique pourrait se traduire par des progrès, en particulier dans les secteurs des énergies renouvelables et de la réduction des émissions de CO2. Il existe une possibilité réelle d'établir un nouveau modèle de développement qui ne profite pas seulement à l'Afrique mais aussi au monde entier.

Changement climatique dû à la destruction de l'environnement - nous en trouvons un exemple dans un article, très détaillé, de la Tageszeitung. Il est consacré à la sécheresse dans ce que le journal appelle "la salle de bain" du Kenya. Cette salle de bain, c'est la forêt Mau, elle couvre 400 000 hectares et constitue l'un des plus grands réservoirs d'eau du Kenya. Douze fleuves, qui alimentent cinq lacs, ont leurs sources dans cette forêt. De mémoire d'homme, jamais, leur niveau n'a été aussi bas. Les causes de cette sécheresse exceptionnelle sont longuement développées dans l'article: une bonne partie de la forêt, forêt protégée, est située en territoire massai. Depuis toujours, ils font paitre leurs troupeaux dans la savanne. Quand la pluie n'est pas au rendez-vous, ils l'acceptent comme la volonté de Dieu. Mais quand le fleuve Narok s'assèche, poursuit le journal, ils dénoncent les colons qui s'adonnent illégalement à l'agriculture dans la forêt Mau. Ces colons, précise la TAZ, appartiennent majoritairement à l'ethnie kalenjine, l'ethnie de l'ancien président Daniel Arap Moi. Ce dernier a souvent distribué des terres, y compris dans des forêts protégées, à des gens de son ethnie. Mais rien n'est simple. Comme l'explique un ancien dirigeant de l'ère Arap Moi, à l'époque coloniale, les blancs ont chassé les Kalenjines de leurs terres fertiles. Par la suite, le président Kenyatta a favorisé sa propre ethnie, les Kikuyus, qui ont pu acheter des terres en territoire kalenjine. Il faut bien que nos paysans sans terre trouvent un endroit pour s'installer, ajoute ce politicien , lui-même propriétaire d'une vaste portion de terre dans la forêt Mau.

Au Libéria, la commission Vérité et Réconciliation a achevé son travail d'enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis pendant la guerre civile. Son rapport a été publié et les recommandations qu'il contient ont surpris plus d'un. La Tageszeitung ne manque pas de relever qu'une des recommandations de la commission en particulier, provoque l'indignation: c'est celle qui estime que la présidente Ellen Johnson Sirleaf doit être écartée de toute fonction officielle pendant 30 ans. Ellen Johnson-Sirleaf, souligne le journal, est vénéree dans toute l'Afrique comme celle qui a apporté la paix à son pays. Or, elle figure en 12ème place sur une liste de 50 "dirigeants politiques et financiers de différentes fractions belligérantes". Aucun reproche concret, poursuit le journal, n'est formulé contre les personnes citées. Et l'opinion publique libérienne se demande à présent si parmi les quatre millions de libériens il en est un, un seul, qui pendant les 14 années de guerre civile a pu ne pas s'associer, d'une façon ou d'une autre, à un quelconque chef de guerre.