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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum31 juillet 2009

Sans surprise c'est le Nigéria qui retient en priorité l'attention des journaux allemands. Les affrontements entre forces de l'ordre et islamistes radicaux dans le nord du pays inspirent de nombreux articles.

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Image : AP

Vague de violence au Nigéria, titre la Süddeutsche Zeitung qui rappelle que le nord du Nigéria est régulièrement le théâtre d'affrontements. La paix est de nouveau fragile, écrit le journal. C'est un signal d'alarme pour toute la région. La stabilité de l'Afrique de l'ouest dépend du Nigéria, le pays le plus peuplé et économiquement le plus puissant de la région. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle pour sa part que l'islam africain a longtemps été qualifié de syncrétique. Autrement dit les musulmans noirs savaient conjuguer leurs cultes traditionnels avec l'islam. Cette époque semble révolue, estime le journal, du moins au Nigéria où la charia, la loi islamique, prédomine dans le nord du pays. Depuis l'introduction de la charia, en 1999, dans douze des 36 Etats du Nigéria, l'unité de l'Etat nigérian, officiellement laic, est mal en point. Les forces centrifuges sont devenues plus fortes. Les "taliban" nigérians attaquent, titre la Frankfurter Rundschau qui souligne leur aversion pour toute forme d'éducation à l'occidentale. Les violences entre communautés religieuses, note la Tageszeitung, ne sont malheureusement pas nouvelles au Nigéria. Mais ce qui s'est passé dans le nord-est du pays, près des frontières avec le Niger, le Tchad et le Cameroun, a une qualité nouvelle. Cela tient plus d'un islamisme transnational que des antagonismes propres au Nigéria. Une stratégie commune contre les islamistes est indispensable souligne le journal, mais jusqu'à présent elle se cantonne sur le terrain militaire. Dans le nord-est du Nigéria les islamistes profitent de l'ignorance et de l'absence de perspective pour prospérer au sein d'une population extrêmement pauvre. C'est un défi que les gouvernements et leurs alliés occidentaux n'ont pas encore vraiment compris, ajoute la TAZ.

Kinder-Soldaten der Union Kongolesischer Patrioten (UPC) patrouillieren durch die Straßen von Bunia in Kongo
Image : AP

La région des Grands Lacs se taille aussi une place importante dans les journaux allemands. Tout d'abord avec un article de l'hebdomadaire Die Zeit sur un chef de guerre qui opère depuis l'Allemagne.

Il parle couramment l'allemand, il a fait des études d'économie en Rhénanie et il a fondé une famille en Allemagne, lit-on dans Die Zeit. Ignace Murwanashyaka, né en 1963 à Butaré au Rwanda , domicilié à Mannhein dans le Bade-Würtemberg, serait à vrai dire un exemple d'intégration réussie. Mais l'Allemagne est moins pour lui une seconde patrie qu'une base solide pour une guerre dont le champ de bataille se situe à 4 000 km. Murwanashyaka est le président des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR. Derrière ce nom se cache une force d'environ 6 000 combattants hutus. Certains de leurs commandants ont démontré en 1994, par leur participation au génocide des tutsis, ce qu'ils entendent par "libération du Rwanda". Depuis, poursuit le journal, les FDLR se sont retranchées dans l'est du Congo, où elles contrôlent des régions riches en matières premières et terrorisent la population. Ignace Murwanashyaka dirige sa milice depuis l'exil non seulement en faisant de la propagande et en collectant des dons, mais aussi en téléphonant régulièrement avec des généraux sur place. Se peut-il, s'interroge Die Zeit, que des massacres au Congo soient téléguidés par téléphone depuis Mannhein? L'homme qui est recherché par Interpol pour crimes de guerre, dont l'extradition est réclamée par le Rwanda, vit dans une maison sans charme près de la gare de Mannhein. Mais il a l'asile politique en Allemagne. Et lit-on un peu plus loin, si une procédure a été ouverte contre lui en 2006 par le parquet fédéral allemand pour crimes contre l'humanité, elle a été close pour manque de preuves. Et puis la Tageszeitung consacre toute une page à la RDC. Trois ans après les premières élections démocratiques, écrit le journal, l'espoir de démocratisation a été déçu. Les décisions importantes ne sont pas prises par les organes constitutionnels, comme le parlement, mais par le cercle des conseillers du président Kabila et sont exécutées par le biais d'appareils militaires et sécuritaires parallèles. Stagnation politique donc, mais aussi stagnation économique, souligne le journal. La crise économique mondiale est passée par là. La plupart des projets d'investissements sont gelés.

Streiks in Südafrika
Image : AP

Enfin la presse allemande s'intéresse aussi à l'Afrique du sud où la colère gronde dans les couches défavorisées de la population noire.

Cette montée de la contestation, accompagnée de mouvements de grèves, est aux yeux de la Frankfurter Rundschau une première épreuve de force sérieuse pour Jacob Zuma. Une fois de plus des cités noires sont en feu, écrit le journal. Et selon la porte-parole du mouvement des chômeurs, ce n'est que le début. Cela fait tout juste trois mois, note le journal, que Jacob Zuma, le président de l'ANC, a été élu président. Sa promesse de défendre les intérêts des pauvres a beaucoup contribué à sa victoire. Ses électeurs veulent maintenant être récompensés. Mais là aussi, la crise économique mondiale est passée par là. L'Afrique du sud a plongé dans une profonde récession quelques jours seulement après l'investiture de Jacob Zuma. Le président demande maintenant à ses électeurs de patienter encore un peu. Mais souligne le journal, il lui faudra bientôt trouver autre chose.