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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum4 septembre 2009

Muammar Kaddafi a célébré avec faste le 40ème anniversaire du coup d'Etat qui l'a porté au pouvoir. Depuis la mort d'Omar Bongo il est le doyen des chefs d'Etat africains.

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Image : AP

Pour la Frankfurter Rundschau, c'est surtout le doyen des potentats de ce monde. A ses débuts, écrit le journal, Kaddafi passait aux yeux des occidentaux pour un incorruptible. Autrement dit il était plutôt le bienvenu. Mais l'image a vite changé. La Libye s'est lancée dans un programme nucléaire et a financé des groupes terroristes dans tous les coins du monde. Après trois décennies de sanctions internationales un surprenant tournant a été opéré en 1999. La Libye a endossé la responsabilité de l'attentat de Lockerbie, elle a dédommagé les familles des victimes et livré deux agents secrets aux occidentaux. Au chapitre du développement économique, le journal note que la Libye, grâce à son pétrole, est aux côtés de l'Algérie en tête des pays les plus riches de l' Afrique du nord. Et pourtant le chômage et le sous-emploi, surtout chez les jeunes, restent élevés. Jusqu'à 30% dans certaines régions. Une situation qui jointe à une dictature répressive explique le renforcement des islamistes. Leur fief est Benghazi, la deuxième ville du pays. La Tageszeitung relève que le paria international est aujourd'hui le partenaire d'affaires le plus courtisé en Afrique et sur les bords de la Méditerranée. Or il n'a rien changé à sa culture politique. Sa renonciation spectaculaire aux armes nucléaires en 2003 a épargné à Kaddafi le sort de Saddam Hussein. La Libye abritant les plus grandes réserves de pétrole d'Afrique, les investisseurs se bousculent, poursuit le journal. La Libye reste pourtant un pays dans lequel toute critique du régime est interdite, où les droits de l'homme sont bafoués et où les migrants africains sont traités comme des moins que rien. Le Tagesspiegel évoque le gaspillage de la richesse publique en Libye. Kaddafi, note le journal s'est lui-même demandé récemment où était passé tout l'argent du pétrole, il a annoncé qu'il limogerait tous les ministres et distribuerait directement l'argent du pétrole au peuple. Mais, comme bien souvent, rien ne s'est passé.

Ali Bongo Ondimba, neuer Präsident von Gabun
Image : AP

40 ans de règne donc pour le colonel Kaddafi. Nul ne sait pour l'instant si l'un de ses fils, et si oui lequel, lui succédera un jour. Mais au Gabon c'est bien le fils qui succède au père, Ali Bongo Ondimba a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 30 août. Une raison, pour la presse allemande, de tourner ses regards vers le Gabon. L'on retiendra par exemple deux articles qui datent d'avant la proclamation officielle des résultats, Mais pour la Tageszeitung, la victoire d'Ali Bongo ne faisait aucun doute. Et le journal en conclut que le Gabon va vivre des temps mouvementés. Si Omar Bongo, comme incarnation des vieilles relations de clientélisme entre la France et ses anciennes colonies irradiait malgré tout une sorte de mondanité parisienne, l'on prête plutôt à son fils Ali l'aura mal dégrossie des dictateurs militaires nigérians. Dans un petit pays comme le Gabon, note de son côté la Frankfurter Rundschau, tout le monde sait qui se cache derrière le large sourire d'Ali Bongo. Le journal évoque aussi les disparités sociales criantes du pays: alors qu'une mince élite nage dans l'abondance, 60% de la population doivent survivre avec moins de deux dollars par jour. En dehors de la capitale, hérissée de palais de verre, il n'existe pratiquement aucune route asphaltée. Ali Bongo a certes annoncé une plus juste répartition des recettes pétrolières. Mais personne ne croit à ce genre de promesse. Et ajoute notre confrère, le nouveau président devra aussi trouver de nouvelles sources de revenu car les réserves pétrolières touchent à leur fin. Vendredi, au lendemain de la publication des résultats, la Tageszeitung se fait l'écho des violences à Libreville et Port-Gentil. Le journal livre aussi un portrait d'Ali Bongo sous le titre "le prince héritier du Gabon". Et souligne que jamais son père ne se serait contenté d'un aussi mauvais résultat électoral: 41% des voix.

Mugabe und Tsvangirai bei Verhandlungen
Image : AP

Toujours dans l'actualité africaine, un autre événement inspire la presse allemande: c'est la visite du président sud-africain Jacob Zuma au Zimbabwe.

Une visite considérée comme la plus importante de l'année, lit-on dans le Tagesspiegel. Car les tensions s'accentuent entre le MDC de Morgan Tsvangirai et la ZANU-PF de Robert Mugabe. Le gouvernement d'union est en péril. Les racines empoisonnées d'un compromis pourri se révèlent de jour en jour. Mugabe ne fait rien pour un réel partage du pouvoir. Il peut se le permettre, souligne le journal, puisqu'il a toujours le soutien de l'armée et de l'appareil sécuritaire. Le MDC, poursuit le Tagesspiegel, ne peut donc qu'avoir été déçu par les déclarations de Zuma. Au lieu de tenir enfin un langage clair au despote, comme le demandait Tsvangirai, il a appelé les membres du gouvernement de transition à "surmonter les derniers obstacles". Il s'est de plus prononcé expréssément pour la levée de toutes les sanctions, alors que les mesures punitives décrétées par les occidentaux ne sont pas dirigées contre le pays, mais uniquement contre la clique au pouvoir dans l'entourage de Mugabe.

Le Nigéria fait également couler de l'encre, cette semaine dans la presse allemande. La Berliner Zeitung consacre un article à la chasse aux banquiers corrompus. Enfin la Tageszeitung revient sur la présence en Allemagne du président des FDLR, les Forces démocratiques de libération du Rwanda, cette milice hutu rwandaise basée dans l'est de la RDC et composée en partie d'ex-génocidaires. Ignace Murwanashyaka a l'asile politique en Allemagne. Mais la TAZ se félicite d'avoir obtenu la fermeture du site internet des FDLR auprès du serveur allemand qui hébergeait ce site.