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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum23 octobre 2009

La tenue, mardi dernier, d'élections législatives très contestées au Niger, retient cette semaine l'interêt de certains journaux allemands.

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Image : AP

Comme l'écrit par exemple la Tageszeitung, les élections législatives passent normalement pour un label de démocratie. Pour l'opposition nigérienne, qui avait appellé au boycott du scrutin, les élections du 20 octobre sont une pierre dans l'édification d'une nouvelle dictature. Le journal rappelle comment le président Tandja a fait modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir, et comment il a dissout l'assemblée nationale. Il souligne aussi que les journalistes critiques et les défenseurs des droits civiques se retrouvent régulièrement derrière les barreaux, Tout cela est un scénario d'instabilité, ajoute la TAZ, et inquiète au plus haut point la CEDEAO, l'organisation régionale, car il y a déjà suffisamment d'Etats instables en Afrique de l'ouest. De là les sanctions prises par la CEDEAO. Mais le journal souligne aussi que tous les adversaires de poids de Mamadou Tandja séjournent principalement au Nigéria, dont le gouvernement a vivement critiqué l'autoritarisme de Tandja. Le Nigéria, ajoute la TAZ, serait en mesure, par la fermeture de sa frontière avec le Niger et l'arrêt de ses livraisons d'électricité de faire mettre genou à terre au Niger. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève de son côté que l'Union européenne a menacé le gouvernement nigérien de suspendre sa coopération au développement. Le président français Nicolas Sarkozy a qualifié le comportement de Mamadou Tandja de "menace directe pour la démocratie". Des propos qui pèsent lourd, estime le journal, car la France considère son ancienne colonie comme un partenaire stratégique. La société française Areva y exploite l'une des plus grandes mines d'uranium au monde.

Leila Ben Ali First Ladies Flash-Galerie
Le président Ben Ali et son épouseImage : AP

Les Tunisiens, eux, sont appelés aux urnes ce dimanche 25 octobre pour des élections législatives et présidentielle. Le président Ben Ali brigue un nouveau mandat. Et l'issue de ces élections ne fait aucun doute, note la Tageszeitung. A 72 ans Ben Ali sera réélu avec plus de 90% des voix et pourra entamer son cinquième mandat. Il dirige la Tunisie d'une main de fer depuis 1987 et ne tolère aucune critique, souligne le journal. Les opposants, qu'ils soient laïcs ou islamistes, les défenseurs des droits de l'homme, les syndicalistes - tous ont à faire régulièrement au tout puissant appareil de l'Etat. La Tunisie peut néanmoins compter sur l'appui de l'Europe. Elle passe pour un pays stable. La journaliste et militante des droits de l'homme Sihem Bensedrine décrit l'ampleur de la répression dans une interview que publie également la TAZ. La situation en Tunisie, souligne-t-elle, est pire qu'en Iran où des manifestations sont malgré tout possibles. En Tunisie toute action publique est interdite. Une stabilité sans liberté n'est à la longue pas possible, déclare encore Sihem Bensedrine. La prétendue stabilité ne tiendra pas longtemps. Lorsque ceux qui s'engagent pour un changement pacifique et démocratique sont persécutés, cela renforce ceux qui misent sur des changements par la violence.

Mo Ibrahim
Mo IbrahimImage : picture-alliance/ dpa

Niger ou Tunisie, ce ne sont pas les seuls exemples de pays en Afrique où les dirigeants s'accrochent au pouvoir. Et comme le relève la presse allemande cela explique sans doute que personne, cette année, n'ait été jugé digne de recevoir le prix Mo-Ibrahim, un prix qui depuis 2 007 récompense la bonne gouvernance en Afrique. La quête de la superstar politique de l'Afrique est toujours laborieuse, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung. Mais il est vrai que le cercle des candidats délimité par le milliardaire soudanais Mo Ibrahim est très restreint. Un chef d'Etat ou un premier ministre encore en fonction ne peut pas être sélectionné. Mo Ibrahim veut bien plutôt récompenser des dirigeants qui ont fait quelque chose et ont quitté le pouvoir dans le respect de la constitution. La récompense est susbstantielle, souligne le journal: cinq millions de dollars par an pendant dix ans, puis 200 000 dollars par an, à vie. Deux hommes ont reçu jusqu'à présent le prix: le Mozambicain Joachim Chissano et le Botswanais Festus Mogae. D'aucuns ont reproché à Mo Ibrahim, poursuit le journal, de gaspiller un argent qui serait plus utile ailleurs: dans la construction d'écoles ou de cliniques, dans l'achat de médicaments et de semences. Mais poursuit le journal, c'est précisément parce qu'il vaut s'attaquer à ce qu'il considère comme la racine de tous les maux de l'Afrique, la mal gouvernance, que Mo Ibrahim vise le sommet de l'Etat. Il veut créer une incitation, financière en l'occurence, pour que les Africains ne s'accrochent plus si longtemps au pouvoir. Le problème, souligne le journal, est que le clientèlisme est plus profondément enraciné en Afrique qu'ailleurs, les dirigeants africains ont donc deux fois plus de mal à quitter le pouvoir.

Flash-Galerie Der Teuerste Schmuck der Welt Diamanten Halsband Diamond necklace
Image : picture-alliance/ dpa

Enfin si personne, n'a eu cette année le prix Mo Ibrahim, en Afrique du sud une société minière se réjouit d'avoir décroché le gros lot. Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui nous l'apprend. La société Petra Diamonds a trouvé un diamant de 507 carats. C'est l'un des 20 plus gros diamants découverts à ce jour, explique le journal. Il a la taille d'un oeuf de poule, et selon une première estimation, il pourrait valoir plus de 20 millions de dollars. La découverte, note le journal, tombe au bon moment. Les cours du diamant commencent à remonter, même s'ils sont encore sous le niveau de l'an dernier. La crise économique a contraint Petra Diamonds à réduire sa production. 500 ouvriers ont été licenciés.