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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Rédaction Fréjus Quenum15 janvier 2010

Les journaux allemands se font tous l'écho de l'attaque meurtrière, perpétrée dans l'enclave angolaise de Cabinda, contre l'équipe nationale du Togo.

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Clinique dans laquelle ont été transportés des blessés de l`'équipe togolaiseImage : AP

e Handelsblatt parle d'un sérieux revers pour l'Angola. Il y a tout juste huit ans, rappelle le journal, que la guerre civile a pris fin dans l'ancienne colonie portugaise. Elle a sévi de manière quasi ininterrompue depuis 1975. Ces six dernières années, après de grandes découvertes de pétrole et des taux de croissance supérieurs à 10%, l'Angola est devenu l'un des rares pays africains en plein essor. Derrière l'Afrique du sud et le Nigéria, c'est à présent la troisième économie au sud du Sahara. Mais poursuit le journal, même sans les huit millions de mines encore enfouies dans son sol, l'Angola reste un terrain dangereux. L'Angola, note la Berliner Zeitung, déplore moins les morts togolais que l'effondrement de son rêve. Le gouvernement voulait offrir un spectacle au monde, il voulait montrer les succès de la reconstruction. Mais le problème, toujours non résolu, de Cabinda, fait partie des nombreuses vilenies de la politique angolaise. L'élite du pays ne veut rien voir ni entendre de la pauvreté, de la corruption et de l'arbitraire. Cabinda fournit 60% du pétrole angolais, les Etats-Unis sont le principal client. Sans le pétrole de Cabinda le gouvernement central n'aurait pu faire la guerre à différents mouvements rebelles. Mais la province n'a tiré aucun profit de sa richesse. La Tageszeitung relève qu'après le sanglant attentat contre l'équipe togolaise, le gouvernement angolais continue de centraliser le pouvoir. Selon la radio nationale angolaise, le parlement doit adopter la semaine prochaine une nouvelle constitution qui supprime le poste de premier ministre de même que l'élection du président au suffrage universel. Le chef du gouvernement doit être remplacé par un vice-président, alors que le chef du principal parti politique devient automatiquement chef de l'Etat. Pour l'opposition angolaise, reléve encore le journal, l'attaque très médiatique des rebelles cabindais contre les footballeurs togolais sert de prétexte au gouvernement pour mener une politique encore plus autoritaire. Certains observateurs s'attendent à une vague de répressipn massive dans l'enclave de Cabinda après la fin de la Coupe d'Afrique.

Südafrika Fußball Greenpoint Stadion in Kapstadt Flash-Galerie
Stade du CapImage : picture alliance / dpa

L'attaque contre l'équipe togolaise relance aussi dans la presse allemande le débat sur la sécurité d'une autre compétition de football. Il s'agit bien sûr de la Coupe du monde, qui débutera en juin en Afrique du sud. L'attentat jette une ombre rouge-sang sur la Coupe du monde, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Personne, certes, ne se bat en Afrique du sud, à coup de méthodes terroristes, pour l'indépendance territoriale d'une région. Mais le pays du Cap de Bonne Espérance est loin d'être idyllique, comme l'affirment plus d'un organisateur de la Coupe du monde. Dans les grandes villes comme Johannesburg et Durban, la criminalité tourne autour de cinquante meurtres par jour. C'est une fois de plus la réputation de tout un continent qui souffre, déplore de son côté la Süddeutsche Zeitung. Car demande le journal, en quoi l'attaque contre l'équipe du Togo permet-elle de tirer des conclusions sur la capacité de l'Afrique du sud à organiser la Coupe du monde? Des mondes séparent l'enclave angolaise de Cabinda des métropoles sud-africaines. L'hebdomadaire Die Zeit est franchement excédé par la manie qu'ont les Européens de considérer l'Afrique comme un seul pays. Les villes sud-africaines dans lesquelles seront disputés les matches de la Coupe du monde sont plus éloignées de Cabinda que ne l'est Stockholm de Sarajevo. Si en 1992 un journaliste africain avait mis en garde contre une visite au championnat d'Europe de football en Suede à cause de la guerre qui sévissait alors dans les Balkans, on aurait ri de lui, souligne le journal.

Bundesentwicklungsminister Niebel in Ruanda Afrika
Dirk Niebel au RwandaImage : picture-alliance/ dpa

Autre thème cette semaine dans la presse allemande: le premier voyage en Afrique du nouveau ministre allemand de la Coopération, Dirk Niebel.

Un voyage qui l'a conduit au Rwanda, dams l'est de la RDC et au Mozambique. Ce qui fait écrire à la Frankfurter Rundschau que le ministre n'a pas seulement choisi les beaux côtés de l'Afrique. Dirk Niebel a souligné que "l'Afrique est un continent qui a des problèmes énormes et des potentiels énormes". Raison pour laquelle il a voulu lui consacrer son premier voyage. Le choix s'est porté sur les trois pays parce qu'ils se situent à des niveaux de développement différents. Les ONG allemandes de développerment comme Oxfam, poursuit le journal, voient ce voyage en Afrique d'un oeil mi-confiant, mi-sceptique. La Süddeutsche Zeitung parle d'une visite chez les oubliés avant de décrire longuement la visite de Dirk Niebel dans un camp de réfugiés près de Goma, dans l'est de la RDC. Mais le journal rappelle aussi que du temps où il était secrétaire général du parti libéral allemand Dirk Niebel défendait un programme qui demandait la suppression du ministère de la Coopération. C'est précisément ce poste qu'il occupe à présent et il doit encore trouver son rôle. Au premier jour de son voyage, après son entretien avec le président Kagamé, poursuit le journal, Dirk Niebel semblait si tendu en descendant les marches du palais présidentiel qu'on avait envie de lui taper sur l'épaule pour l'encourager. Le libéral Dirk Niebel, lit-on enfin dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ne se lasse pas de répeter que l'argent allemand doit être utilisé dans l'intérêt des contribuables allemands. Cela le distingue de la social-démocrate qui l'a précédé à la tête du ministère de la Coopération. Heidemarie Wieczorek-Zeul aimait voir dans l'aide au développement un instrument de garantie de la paix.