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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

19 mars 2010

La presse allemande s'intéresse à la réunion organisée en Algérie pour accroître la coopération entre les pays du Sahara dans la lutte contre le terrorisme islamiste.

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Le sud algérienImage : picture-alliance/ dpa

Ils étaient six à avoir répondu à l'invitation de l'Algérie, peut-on lire dans la Süddeutsche Zeitung: la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Mais l'entente est loin de régner entre eux. En 2008 rappelle le journal, le Mali a tenté d'organiser à Bamako une conférence sur la paix et la sécurité à laquelle le Maroc devait participer. La conférence n'a jamais eu lieu, l'Algérie refusant de parler sécurité avec le Maroc à cause du conflit du Sahara occidental. Les hors-la-loi, note notre confrère, ont la partie facile dans le sud du Sahara et les pays avoisinants: ils vivent du trafic de drogue, de cigarettes et d'autres biens, du vol de véhicules et de l'extorsion de rançons. Certaines de ces bandes se refèrent à l'islam pour motiver leur comportement. Mais, souligne notre confrère, on ne peut vraiment pas parler, dans ces zones, d'une internationale du djihad.

Botswana: Aufzucht von Elefantenbaby
Un éléphanteau au BotswanaImage : AP

Dans un tout autre registre l'éléphant d'Afrique pose sa masse imposante dans la presse allemande cette semaine. C'est bien sûr à l'occasion de la réunion à Doha, de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées. Bien que l'éléphant soit protégé le commerce illégal de l'ivoire a atteint l'an dernier un niveau record, note le Tagesspiegel de Berlin. Le resserrement des relations commerciales entre l'Afrique et l'Asie de l'est, de même que la hausse du pouvoir d'achat en Chine, en sont les causes majeures. La Thailande, le Vietnam et la Malaisie sont à côté de la Chine les principaux marchés noirs de l'ivoire. Beaucoup de Chinois vivent aujourd'hui en Afrique, et certains d'entre eux sont impliqués dans l'approvisionnement illégal de leur pays d'origine en ivoire. Partout où la corruption est particulièrement grande et les contrôles défaillants, la porte est grande ouverte à l'abattage d'éléphants. La République démocratique du Congo, le Cameroun et le Nigéria en sont des exemples. La chasse à l'éléphant est de nouveau en augmentation, titre également la Tageszeitung. Mais souligne le journal, l'ivoire n'est pas le seul problème dans la protection de l'éléphant. Selon le photographe et protecteur de la faune Karl Amman, l'éléphant d'Afrique est moins chassé aujourd'hui pour ses défenses que pour sa viande. Explication: un kilo d'ivoire coûte 40 dollars sur le marché, un kilo de viande d'éléphant fumée 5 dollars. Un éléphant pouvant peser jusqu'à 600 kg, la viande rapporte beaucoup plus que l'ivoire. Mais poursuit le journal, même si elle est consciente du problème, la CITES ne peut rien faire. La viande de brousse est en grande partie vendue localement. La CITES n'est compétente que pour le commerce international. En 1981, il y avait encore dans l'ex-Zaire 400 000 éléphants, lors du dernier recensement en 2007 ils n'étaient plus que 23 000. Idem en République du Congo où il ne restait plus que 3 000 pachydermes il y a trois ans.

03.11.08 DW-TV Global 3000 Milleniumsziele
Image : DW-TV

Et puis une fois n'est pas coutume, la presse allemande livre cette semaine quelques bonnes nouvelles sur l'Afrique. C'est tout d'abord la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui dans ses pages économiques se penche sur une étude qui fait mentir les pessimistes. Elle est signée de deux éminents chercheurs: Xavier Sala-i-Martin, de l'université Columbia, et Maxim Pinkovskiy, de l'université de Cambridge. Leur analyse couvre la période allant de 1970 à 2006, et le constat qu'ils font est que depuis 15 ans la pauvreté en Afrique recule considérablement. Le journal cite l'exemple de l'Ethiopie où le pourcentage de personnes extrêmement pauvres est passé de 80 à moins de 30% de la population. La pauvreté a augmenté en revanche en RDC qui a vécu une longue guerre. Pour l'ensemble de l'Afrique, estiment néanmoins les deux économistes, les chiffres indiquent que l'objectif du millénaire visé par les Nations unies peut être atteint. L'objectif en question, rappelle le journal, est de réduire d'ici à 2015 le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour à moins de 21% de la population. Un objectif ambitieux qui de l'avis des deux chercheurs peut être atteint en 2017, soit avec seulement deux ans de retard.

Malawi Soziale Sicherheit Säuglingsstation
Une maternité au MalawiImage : DW

Un autre journal, un hebdomadaire plus précisément, s'intéresse longuement au Malawi. Ce pays est précisement en passe d'atteindre l'un des objectifs du millénaire pour le développement, celui de l'amélioration des soins de santé. La lecture de l'hebdomadaire Die Zeit est réconfortante. L'article commence par les difficultés d'un fabricant de cercueils à Lilongwe, la capitale du Malawi. "Le mois dernier", se plaint-il, "je n'ai vendu qu'un seul cercueil. Si cela continue je vais devoir chercher un autre boulot". De mauvaises affaires pour le fabricant de cercueils, cela signifie de bonnes nouvelles pour les 13 millions de Malawites. L'un des pays les plus pauvres du monde, s'interroge le journal, a-t-il réussi à relever l'un des défis lancés il y a dix ans par les Nations unies? Et si oui quelle leçon le reste du monde peut-il en tirer? L'histoire du succès malawite commence par les enfants, note Die Zeit. Agnes Katsulukuta dirige le service de la santé préventive au ministère de la santé, et elle est fière: près de 90% des enfants sont vaccinés contre les maladies les plus courantes: diphtérie, tétanos, coqueluche, polio, méningite, rougeole et hépatite B. Grâce à l'Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), l'approvisionnement en vaccins ne s'est jamais tari ces huit dernières années. Les résultats sont là. Alors qu'en 1990, relève le journal, un quart de tous les enfants malawites mourraient avant l'âge de cinq ans, ils n'étaient plus que 12% en 2006. Si la tendance se poursuit, la mortalité des enfants de moins de cinq ans aura diminué des deux-tiers d'ici à 2015. Die Zeit relate ensuite les efforts entrepris pour réduire la mortalité maternelle. Là les résultats ne sont pas encore aussi probants, du moins dans les campagnes, car c'est un combat qui implique des changements en profondeur dans la société.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum