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Afropresse ou une semaine de thèmes africains dans la presse allemande

Marie-Ange Pioerron8 août 2008

Nous commençons par le nouveau bras de fer entre la France et le Rwanda. Le rapport de la commission d'enquête rwandaise sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 a été publié à Kigali. Il fait des vagues.

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Mémorial du génocide à Gisozi, près de KigaliImage : picture-alliance/ dpa

Et pour cause. Comme le note la Süddeutsche Zeitung, le rapport de la commission Mucyo, du nom de l'ancien ministre rwandais de la justice, reproche à 33 responsables politiques et militaires français d'avoir encouragé le génocide. Outre le président Mitterrand, sont nommément cités son premier ministre Edouard Balladur, son ministre des affaires étrangères Alain Juppé et son ministre de la défense François Léotard. Dès 1998, rappelle le journal, une mission d'enquête parlementaire française avait reconnu que pendant l'opération Turquoise menée au Rwanda par des troupes françaises sous mandat de l'ONU "des erreurs avaient été commises dans l'appréciation de la situation et dans la stratégie". Elle concluait en revanche que la France n'avait nullement encouragé ou soutenu ceux qui avaient commis le génocide. Le rapport de la commission rwandaise, poursuit notre confrère, était en possession du gouvernement rwandais depuis la fin de l'année dernière. Le fait qu'il ait été publié maintenant dénote des intentions politiques. Car Paul Kagamé est lui-même inquiété par le juge d'instruction français Jean-Louis Bruguière pour "participation présumée" à l'attentat contre l'avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle de son côté que les tensions entre la France et le Rwanda ne sont pas nouvelles. La quasi totalité des actuels responsables militaires rwandais font l'objet de mandats d'arrêt tant français qu'espagnols. Là aussi pour leur implication présumée dans l'attentat contre l'avion d'Habyarimana. D'où la réaction de la France qui soupçonne maintenant Kigali de vouloir prendre sa revanche. Pour la Berliner Zeitung les choses pourtant ne font aucun doute, même lorsqu'un Etat africain autoritaire comme le Rwanda reproche à un Etat européen démocratique comme la France sa participation active dans un génocide. Les preuves sont évidentes, souligne le journal, les images sont encore fraiches: oui la France a protégé entre juin et août 1994 au Rwanda son vieil allié francophone, les Hutus, alors même qu'il était clair pour tout le monde qu'ils étaient en train de massacrer les Tutsis. Le génocide de 1994 au Rwanda, lit-on dans la Tageszeitung, a été à la fois le paroxysme et le point final d'une certaine politique française de grande puissance. Les combattants hutus qui s'opposaient à la pénetration de tutsis en exil venus de l'Ouganda anglophone étaient les avant-postes d'une aspiration française au statut de puissance mondiale. Ils devaient garder leur pays pour la France, même au prix de la destruction physique de l'adversaire. C'est, écrit le journal, la seule explication au mélange de brutalité, de cynisme et d'aveuglement avec lequel les militaires français ont continué d'encourager et de soutenir les milices de tueurs dans la phase finale du génocide

La presse allemande ne manque pas non plus de se faire l'écho de la grève générale qui a paralysé l'Afrique du sud mercredi dernier.

Décidément, écrit le Handelsblatt, l'Afrique du sud ne se calme pas, Après les coupures de courant catastrophiques du début de l'année, après les pogromes contre des immigrants noirs et la récente escalade de la lutte de pouvoir pour la succession de Thabo Mbeki, la Confédération des syndicats sud-africains, la Cosatu, a mobilisé ses deux millions d'adhérents pour une grève générale. En apparence les syndicats voulaient protester contre les pertes d'emplois et les hausses de prix. Mais de l'avis de nombreux observateurs, les actions de protestation qui viennent de culminer dans cette grève générale sont empreintes de bien des calculs politiques. Au début de l'année prochaine les Sud-Africains éliront un nouveau président. et la COSATU a déjà pris clairement parti pour Jacob Zuma, le président de l'ANC. Jacob Zuma qui selon la Süddeutsche Zeitung, peut garder l'espoir d'accéder à la magistrature suprême. Son procès pour corruption et fraude a été ajourné au 12 septembre.

Enfin la 17ème conférence mondiale sur le sida, qui vient de se tenir à Mexico, est l'occasion pour la presse allemande d'évoquer l'état de la pandémie en Afrique.

Elle le fait sous un angle tantôt pessimiste, tantôt optimiste. Le quotidien Die Welt se classe parmi les pessimistes en expliquant pourquoi le sida restera un problème dans les pays pauvres. La situation en Afrique, écrit Die Welt, accroit précisément le risque d'infection. La pauvreté, le manque d'éducation, l'absence ou le mauvais fonctionnement des systèmes de santé sont des facteurs qui depuis des années encouragent la propagation du sida. Le journal en ajoute un autre, mentionné à Mexico par un représentant du Programme alimentaire mondial: la hausse des prix des produits alimentaires contraint encore plus de femmes à se prostituer pour avoir de quoi manger. La Frankfurter Allgemeine Zeitung voit l'avenir un peu plus en rose. Bonnes nouvelles en provenance d'Afrique, titre le journal. Pour la première fois, selon le directeur de l'ONUSIDA Peter Piot, le nombre de nouvelles infections a diminué et le sida tue également moins en Afrique. Ces dernières années le nombre de morts, toujours en Afrique, est passé de 2,2 à 2 millions.

Plus brièvement, à l'approche des élections législatives en Angola la Tageszeitung consacre un long article au boom pétrolier et économique dans ce pays six ans après la fin de la guerre civile. Enfin la presse allemande a relaté bien sûr le coup d'Etat en Mauritanie - un coup d'Etat impopulaire selon la même Tageszeitung.