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Afropresse, ou une semaine de thèmes africains dans la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron15 août 2008

Il est un sujet qui revient en force cette semaine dans les journaux allemands, c'est le Zimbabwe.

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Discussions entre Robert Mugabe et Morgan TsvangiraiImage : AP

Les titres qu'il inspire varient selon les hauts et les bas des discussions entre le pouvoir et l'opposition. En début de semaine, le ton était plutôt à l'optimisme, du moins pour ceux qui espèrent un partage du pouvoir entre Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai. "Le Zimbabwe sur le point de former un gouvernement d'union nationale" titrait lundi le quotidien Die Welt. Une solution pourrait avoir été trouvée. Robert Mugabe resterait formellement président alors que Morgan Tsvangirai deviendrait premier ministre. "Un peu d'espoir pour le Zimbabwe" titrait le même jour la Tageszeitung, qui estimait toutefois que la conclusion d'un véritable accord dépendait largement de l'intégration de la très puissante armée dans un futur gouvernement. Les chefs de l'armée et de la police, qui influent fortement sur les actions du président Mugabe, veulent garantir leurs privilèges et exclure de futures poursuites pénales par la justice internationale pour violations des droits de l'homme. Au fil des jours et de l'évolution des pourparlers, la presse allemande a changé de ton. Tsvangirai demande un délai de réflexion, pouvait-on lire jeudi dans la Süddeutsche Zeitung. Auparavant, poursuit le journal, la rumeur avait circulé que Mugabe s'était entendu avec Arthur Mutambara, le chef d'une faction dissidente du MDC. Echec des discussions au Zimbabwe, titrait le même jour la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mutambara est devenu un personnage clé dans la lutte de pouvoir au Zimbabwe. Avec les dix sièges parlementaires de son groupe, il peut offrir une majorité aussi bien à Tsvangirai qu'à la ZANU-PF de Mugabe. Jeudi encore la Tageszeitung parlait d'impasse au Zimbabwe, alors que le Tagesspiegel de Berlin demandait le départ de Mugabe, surnommé "le Hitler noir" par le journal. Aussi séduisant qu'un partage du pouvoir puisse sembler à première vue, écrit le journal, il ne changerait pas grand chose au Zimbabwe. L'unique solution serait de retirer entièrement le pouvoir à Mugabe et à ses généraux, en échange d'une amnistie, et de placer la gestion de l'économie zimbabwéenne dans de tout autres mains. La Süddeutsche Zeitung relève pourtant que le despote est autorisé à rester. Le continent africain, écrit ce confrère, a déjà vécu beaucoup de tragédies. Mais rarement un Etat n'est tombé si vite si bas que le Zimbabwe. L'obstiné vieillard, entendez par là Mugabe, n'a pu se maintenir au pouvoir que par la force la plus brutale. Les victimes de son régime et les familles de milliers de morts doivent se sentir insultés. D'autres autocrates en Afrique se sentiront confortés. Mais poursuit le journal, quelle alternative y aurait-il eu au départ de Mugabe? Probablement aucune. Qui veut stopper la violence et l'effondrement de l'économie est contraint de négocier avec le criminel Mugabe.

La presse allemande s'intéresse aussi cette semaine à une loi qui vient d'entrer en vigueur en République démocratique du Congo. C'est la loi sur la décentralisation

Et l'entrée en vigueur de cette loi, promulguée par le président Kabila, fait écrire à la Tageszeitung que le Congo veut décentraliser sa corruption. Explication du journal: les recettes dites à caractère national ne seront plus entièrement versées au gouvernement central, à Kinshasa donc, où elles disparaissent à tout jamais. 40% de ces recettes resteront dans les provinces. Là aussi bien sûr elles pourront continuer d'être pompées des comptes publics par les puissants. Mais poursuit le journal, il devrait quand même y avoir une certaine incitation au contrôle, car il faudra bien que quelqu'un calcule combien 40% des recettes représentent en argent. La TAZ relève encore, et cela n'est pas surprenant, que les provinces qui plaident le plus pour la décentralisation sont celles qui, grâce à leur situation ou à leur richesse, engrangent le plus de recettes. A savoir Kinshasa, la capitale, puis la province occidentale du Bas-Congo, qui abrite le port de Matadi, le seul port sur l'océan Atlantique, et bien sûr la très riche province minière du Katanga. Jusqu'à présent, note le journal, ces provinces ne voyaient pratiquement rien de leurs recettes et toléraient la contrebande, car de l'argent restait au moins sur place. Mais à présent quelles recettes pourront-elles garder? Par exemple lorsque des sociétés de téléphonie mobile sont présentes sur tout le territoire national, mais paient la totalité de leurs impôts à Kinshasa, le gouvernorat de Kinshasa sera-t-il autorisé à en prélever 40%? Autre exemple : lorsque des bois précieux sont abattus dans la province de l'Equateur puis chargés à Matadi pour être exportés, les recettes douanières appartiennent-elles à la région d'origine des grumes ou à la province dans laquelle est situé le port de Matadi? Autant de questions, souligne le journal, qui indiquent que bien des disputes sont à attendre avant que la corruption et l'arbitraire disparaissent en République démocratique du Congo.

Très brièvement encore l'hebdomadaire Der Spiegel n'est pas surpris par le coup d'Etat en Mauritanie. La crise avait commencé dès le début de l'année. L'instabilité, estime le Spiegel, profitera surtout aux groupes proches d'al Qaida qui dans cette région font régulièrement parler d'eux par des enlèvements.