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Al-Chabaab veut-il piéger le gouvernement somalien?

12 août 2011

Comme les semaines précédentes c'est encore la Corne de l'Afrique qui focalise l'attention des journaux. Tout d'abord la situation en Somalie.

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Miliciens d'Al-Chabaab au nord de Mogadiscio en août 2010Image : AP

Toute la presse s'est fait évidemment l'écho du retrait des milices islamistes d'Al-Chabaab de Mogadiscio. Les raisons et la portée de ce retrait restent floues, note die Tageszeitung. S'agit-il vraiment d'une importante victoire d'étape militaire du gouvernement, comme l'a déclaré sur un ton triomphal le président Sharif Cheikh Ahmed? Ou d'un piège des islamistes? Pour un ancien combattant d'Al-Chabaab, que le journal a rencontré, c'est bel et bien un piège. Ce jeune ex-combattant de 21 ans s'appelle Abdelkader, il a déserté les rangs des milices islamistes et a entrepris des études de comptabilité. Il relate pourquoi en 2003, alors qu'il n'avait que 14 ans, il a rejoint l'Union des tribunaux islamiques, qui s'est alliée par la suite avec Al-Chabaab: je pensais, dit-il, que les islamistes mettraient un terme à l'anarchie en Somalie et réintroduiraient enfin une espèce de justice. Pour lui comme pour la plupart des Somaliens à l'époque n'importe quel système de droit semblait préférable à l'Etat de non-droit dont souffrait la population depuis des années. Abdelkader a donc suivi un entrainement dans le sud de la Somalie, et puis avec le temps les milices sont devenues de plus en plus brutales. Abdelkader a pris le fuite, il s'est réfugié dans un quartier de Mogasdiscio contrôlé par le gouvernement, mais il doit craindre la vengeance d'Al-Chabaab.

Soldaten der Al-Shabab-Miliz vor Mogadischu
Al-Chabaab, 2008Image : AP

Profiter de la faiblesse d'Al-Chabaab

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le problème décisif en Somalie est politique, et non humanitaire. La famine se répétera à coup sûr tant que le pays sera plongé dans la guerre et n'aura ni un gouvernement stable ni des institutions intactes. Il peut sembler douteux, compte tenu de l'histoire du pays et du personnel de l'actuel gouvernement de transition, que la Somalie redevienne un jour un Etat, poursuit le journal. L'occasion, pourtant, n'a jamais été aussi propice que maintenant. Les chebab sont affaiblis, et il importe d'exploiter cette faiblesse pour en finir une fois pour toutes avec le spectre du terrorisme islamiste dans la Corne de l'Afrique. L'instrument nécessaire est là, souligne le journal. C'est l'AMISOM, la force de paix africaine à Mogadiscio. Avec de l'argent ses effectifs pourraient être augmentés au point qu'elle soit en mesure de mener des opérations militaires dans le sud du pays.

Äthiopien Landschaft
Paysage éthiopienImage : picture-alliance / dpa

De la nourriture qui pourrit en Ethiopie

Toujours dans la même région la presse continue de se pencher sur le problème de la faim

L'hebdomadaire Die Zeit a rencontré un paysan dans l'ouest de l'Ethiopie, une région qui regorge de manguiers. Melesse, le paysan en question, en possède trente, qui sont toute sa fierté. Mais la plupart des mangues pourrissent sur le sol. Le commerçant d'Addis Abeba qui vient habituellement les acheter, se fait attendre. Dans le village, quand l'odeur des mangues pourries devient insupportable, les villageois les aspergent d'essence, et les brûlent. Melesse ne le fait pas. Il trouve que le village aurait besoin d'une fabrique de jus de mangue. Mais la chambre de commerce de la province rétorque qu'une usine n'apporterait rien, par manque de main d'oeuvre qualifiée. Melesse, lit-on plus loin, ne va plus au marché. Il préfère offrir ses mangues à ceux qui fréquentent l'église. Certains lui font le plaisir d'en accepter quelques-unes.

Urwald Kongos Regenwaldlandschaft
L'est de la RDC regorge de sols fertilesImage : picture-alliance/dpa

L'Afrique a des sols fertiles

Le quotidien Die Welt livre pour sa part un article très optimiste. Les images des camps de réfugiés dans l'est de l'Afrique sont accablantes, écrit le journal. La misère de l'Afrique apparait comme une hydre. Mais il faut y regarder de plus près. L'Afrique est aussi riche, innovatrice, optimiste. Elle est à la fois le problème et la solution. L'Afrique pourrait jouer un rôle important dans l'alimentation de la population mondiale. Cela ne cadre pas avec notre image du continent, mais il y a en Afrique des sols fertiles: au Rwanda et au Burundi, dans certaines régions de l'Ouganda, en Afrique de l'ouest, en Afrique australe. Beaucoup de gouvernements africains ont déjà fait des efforts. Dans une vingtaine de pays les investissements dans l'agriculture ont fortement augmenté ces dernières années. Par exemple au Ghana, en Tanzanie, au Nigéria et au Rwanda. Et poursuit le journal, si l'on examine les succès remportés, l'on retrouve immanquablement un facteur décisif: les femmes. Ce sont elles qui aujourd'hui encore dominent l'agriculture africaine. Conclusion du journal: il faut garantir aux femmes le même accès aux ressources et les mêmes droits qu'aux hommes. En particulier le droit de posséder de la terre.

Tripoli Libyen
Explosions à Tripoli, 7 août 2011Image : dapd

Libye: entre droit et politique

Hormis la Corne de l'Afrique, la Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce le double langage des occidentaux à porpos de la Libye. Le journal s'en prend très concrètement aux négociations secrètes qui sont apparemment en cours avec le colonel Kadhafi. Le dirigeant libyen pourrait abdiquer en sauvant la face, et il aurait une garantie d'immunité. Or souligne le journal, à elle seule la tenue de telles négociations sape l'autorité de la Cour pénale internationale, et de toute la justice pénale internationale. Elle fait de la CPI le jouet des intérêts des grandes puissances occidentales. Cela semble donner raison à tous ceux qui ont toujours considéré comme une chimère la séparation entre le droit, c'est-à-dire la CPI, et la politique, autrement dit le conseil de sécurité de l'ONU.

Kampf gegen Malaria in Afrika
Moustiquaire imprégnée pour lutter contre le vecteur du paludismeImage : Ralph Ahrens

Une lutte risquée contre la corruption

La Süddeutsche Zeitung consacre un article aux nouvelles orientations que le ministre allemand de la Coopération, Dirk Niebel, veut imprimer à la politique allemande de développement. En fait partie, note le journal, la lutte contre la corruption dans les pays qui bénéficient de l'aide allemande. Sur le principe tout le monde est d'accord. C'est plus la méthode de Dirk Niebel qui est contestée. C'est ainsi que l'Allemagne doit cesser de verser de l'argent dans les projets du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dirk Niebel doute de son efficacité après la révélation de cas de corruption dans certains pays d'Afrique où de l'argent provenant de ce fonds a été détourné. Ces détournements s'élèvent à 40 millions de dollars, soit une infime partie des 13 milliards de dollars distribué par le Fonds. Et comme le souligne le journal dans le titre de l'article, si l'Allemagne cesse de payer, des milliers de personnes vont mourir.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum