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Incendies en Algérie : le sentiment d'abandon de la Kabylie

Carole Assignon
12 août 2021

Le pouvoir central est critiqué par une partie de la population pour sa gestion des incendies meurtriers qui ravagent plusieurs régions de Kabylie.

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Algerien Larbaa Nath Irathen | Feuerwehrleute | Waldbrände
Image : Fateh Guidoum/AP/dpa/picture alliance

A partir de ce jeudi (12.08.2021), l’Algérie observe un deuil national de trois jours en mémoire des victimes des incendies qui ravagent actuellement plusieurs régions de Kabylie, notamment Tizi Ouzou. Au moins 69 personnes ont déjà été tuées dans ces incendies. Et alors que la solidarité nationale et internationale s’organise, certains déplorent la gestion par l’Etat de cette crise.

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Un sentiment d'abandon

" Le feu a tout ravagé et le gouvernement est absent. Un seul véhicule de la protection civile est venu. Si les gens n’avaient pas aidé, toutes les maisons auraient été incendiées. "
Comme Musaab, nombreux sont les habitants des zones ravagées par les incendies à saluer la mobilisation qui s’organise pour aider les sinistrés tout en déplorant que l’Etat ne se soit pas plus présent. Rabah, un habitant, témoigne également.
"En Kabylie ces derniers jours, tout à brûlé donc comme on habite juste à côté, il est de notre devoir de faire quelque chose, de ne pas rester les bras croisés. C’est dans nos traditions de toujours se prendre en charge soi-même en Kabylie " explique t-il.
Se prendre en charge soi-même sans compter sur l'Etat... Les incendies ont ainsi accentué en Kabylie le sentiment d’abandon par le pouvoir central, un fait que reconnait Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen. 

Des jeunes tentent en vain d'éteindre l'incendie à Tizi Ouzou.
Des jeunes tentent en vain d'éteindre l'incendie à Tizi Ouzou.Image : Abdelaziz Boumzar/REUTERS

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Un sentiment partagé

Mais le chercheur, qui rappelle que les relations entre les Kabyles et les autorités ont souvent été difficiles, précise que la Kabylie n’a pas été oubliée dans tous les projets de développement.
"C’est une relation ambigüe et parfois tumultueuse entre la Kabylie et le pouvoir central pour plusieurs raisons, parfois même historiques. Mais on ne peut pas dire que le pouvoir a oublié la Kabylie dans tous les projets de développement. La Kabylie détient un nombre important d’infrastructures mais aussi d’installations économiques et parfois mieux que le sud ou l’est et l’ouest. Ce sentiment d’abandon ou de marginalisation on le voit d’ailleurs aussi dans le sud algérien. Les populations du sud reprochent au gouvernement de ne pas avoir investi au sud alors que c’est le sud qui produit le pétrole. " 

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Pour le chercheur, les incendies ont plutôt mis en exergue l’inefficacité du gouvernement. Un gouvernement qui, pour montrer son engagement, a finalement envoyé une délégation conduite par le Premier ministre Benabderrahmane sur place. 
Les autorités assurent en outre avoir conclu un accord avec l'Union européenne pour l'affrètement de deux avions bombardiers d'eau. 
Le gouvernement continue par ailleurs de dénoncer l’origine criminelle des incendies et a indiqué que plusieurs personnes ont été arrêtées.

Sur le plan international, la France envoie deux Canadairs pour aider l’Algérie. Le Maroc voisin, qui connait des tensions avec Alger, s'est également dit prêt à aider.
 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique