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« La colère ne donne pas le droit de tuer »

Sébastien Martineau (avec AFP, Reuters, DPA)16 septembre 2012

Les violentes attaques de ces derniers jours contre des ambassades occidentales sont condamnées fermement par de nombreuses personnalités internationales. On en sait un peu plus sur le film qui a mis le feu aux poudres.

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Le consulat américain à Benghazi en flammes, le 11 septembre
Le consulat américain à Benghazi en flammes, le 11 septembreImage : Reuters

Des manifestations ont eu lieu ces derniers jours dans de nombreux pays du monde arabo-musulman. Une partie de la population a voulu ainsi exprimer sa colère de voir un film américain donner une image délibérément outrancière et brutale de l'islam et du prophète Mahomet.

Plusieurs de ces manifestations ont dégénéré en violences autour des ambassades occidentales. Au moins sept personnes ont été tuées vendredi 14 septembre, dont quatre en Tunisie. Trois jours avant, une attaque contre le consulat américain (on le voit en flammes sur la photo de tête) à Benghazi, en Libye, avait causé la mort de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres Américains.

« Un film haineux »

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est exprimé à ce sujet devant l'Assemblée générale de l'ONU :

« Il n'y a pas de justification pour ces meurtres et cette brutalité. Il semble qu'un film haineux, répugnant, a suscité cette violence. Il est honteux de profiter du droit fondamental de libre expression pour provoquer délibérément le sectarisme et une effusion de sang. »Le Grand Mufti d'Arabie Saoudite, le cheikh Abdelaziz ben Abdallah Ali al Cheikh, la plus haute autorité religieuse du pays, a condamné lui aussi les attaques contre les représentations diplomatiques, estimant que ces actes étaient contraires à l'islam. Il a appelé les gouvernements et les instances internationales à sanctionner pénalement les insultes contre les prophètes.

L'ambassade d'Allemagne au Soudan a également été prise d'assaut par des manifestants en colère
L'ambassade d'Allemagne au Soudan a également été prise d'assaut par des manifestants en colèreImage : AFP/Getty Images

Violence injustifiée

La violence contre les diplomates américains a également été dénoncée par un haut responsable iranien. Le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution, a estimé que la colère des musulmans contre le film islamophobe « ne donne en aucun cas le droit de tuer ».

Il précise toutefois que « les sentiments des musulmans ont été blessés et ils n'avaient d'autre choix que de protester devant des ambassades » américaines.

Washington sur la défensive

Les États-Unis ont décidé de faire évacuer leur personnel non-essentiel de Tunisie et du Soudan, deux pays dans lesquels des représentations diplomatiques ont été attaquées ces derniers jours. Le département d'État déconseille désormais aux citoyens américains de se rendre dans ces pays.

Washington a par ailleurs annoncé l'envoi de militaires pour renforcer la sécurité de ses représentations, mais le Soudan et le Yémen ont rejeté la demande américaine d'accueillir sur leur sol des Marines spécialisés dans l'antiterrorisme.Les acteurs ont été trompés

Nakoula Basseley Nakoula, impliqué dans le tournage du film, a été entendu par la police fédérale américaine
Nakoula Basseley Nakoula, impliqué dans le tournage du film, a été entendu par la police fédérale américaineImage : Reuters

On en sait désormais un peu plus sur le film qui a mis le feu aux poudres, « L'innocence des musulmans », dont des extraits ont circulé sur le site de partage de vidéos Youtube. Le film, tourné il y a un an environ, a été produit notamment par l'organisation Media for Christ, regroupant des chrétiens évangéliques américains de droite, comme le pasteur de Floride Terry Jones, connu pour avoir brûlé publiquement des exemplaires du Coran.

Le site internet Gawker a interrogé des acteurs du film qui assurent avoir été trompés. Ils pensaient avoir joué dans une fiction épique mais leurs voix ont été remplacées au doublage.

Plusieurs des personnes liées à la réalisation du film sont, d'après le Los Angeles Times, des partisans du prêtre copte Zakaria Botros, connu pour ses positions fortement anti-islam. Originaire d'Égypte, Zakaria Botros a été emprisonné à plusieurs reprises dans son pays pour avoir tenté de convertir des musulmans.

YouTube a d'ores et déjà bloqué la vidéo en Inde, en Libye et en Egypte. L’entreprise est en train de faire de même en Indonésie. L'Afghanistan et le Pakistan ont pris des mesures similaires.