Athènes en état de siège
15 décembre 2010Pour la deuxième journée consécutive la capitale grecque est complètement bloquée : pas un seul bus ou métro à Athènes, un trafic aérien paralysé et tous les cargos à l'amarre dans le port du Pirée, le port de la capitale grecque. Qui plus est, le pays est privé d'informations avec une grève de 24 heures des journalistes. La grève affecte aussi les écoles, hôpitaux, tribunaux, banques et entreprises publiques, notamment la compagnie nationale d'électricité et la poste.
La manifestation qui a débuté ce matin dans le centre d'Athènes a été marqué par des violences. La police a dispersé à coups de gaz lacrymogènes des manifestants qui avaient lancé des cocktails Molotov contre deux hôtels. L'ancien ministre Costis Hatzidaki a même été violemment agressé par une douzaine de personnes alors qu'il sortait du Parlement.
Remède FMI
Au printemps dernier, la Grèce a été sauvée de la banqueroute par un prêt de 110 milliards d'euros accordé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international. La population grecque a dû payer au prix fort l'épuration du déficit avec des mesures comme la réduction des salaires dans la fonction publique, le recul de l'âge du départ en retraite, la hausse des taxes sur les carburants ou de la TVA. Malgré tout, ce n’est pas suffisant : Athènes vise un déficit de 7,4% de son Produit intérieur brut d'ici 2011 et le Parlement grec a voté hier de nouvelles mesures d'austérités avec des baisses de 10 à 25% des salaires dans les entreprises publiques. Il s’agit donc d’un vrai remède « à la mode FMI » tel qu'on a pu le connaître par le passé en Amérique du sud.
Ces manifestations sont organisées juste avant le Sommet européen de jeudi et vendredi dans le but de faire pression sur Bruxelles en pleine crise de l'euro. Car pour les syndicats, il est en effet indécent de faire payer aux contribuables les dettes du secteur bancaire. Il faut rappeler que si les Etats européens sont si lourdement endettés c'est parce qu'ils ont dépensé près de 5000 milliards d'euros pour sauver leurs banques. Les syndicats ont donc décidé d'une journée d'action européenne avec notamment une manifestation devant le siège de la commission européenne à Bruxelles.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot