Attentats en Norvège : le suspect avait publié un manifeste
24 juillet 2011L'heure est au recueillement en Norvège, deux jours après le double attentat qui a coûté la vie à 93 personnes, à Oslo et sur l'île d'Utoya. Une cérémonie religieuse a eu lieu dimanche matin à la cathédrale d'Oslo, en présence de la famille royale et du Premier ministre Jens Stoltenberg.
Entre temps, l'auteur présumé des deux attaques, Anders Behring Breivik, 32 ans, a reconnu les faits sans toutefois exprimer de regrets, comme l'explique son avocat Geir Lippestad : « Il a dit qu'il savait que ses actions étaient atroces, mais que dans sa tête elles étaient nécessaires. »
« La colonisation islamique »
Quelques heures avant de passer à l'acte, l'homme avait publié sur internet un manifeste de 1.500 pages, dans lequel il décrit comment il a préparé l'attentat d'Oslo et la fusillade de l'île d'Utoya. Dans ce texte, il dénonce « la colonisation islamique et l'islamisation de l'Europe occidentale », ainsi que « la montée d'un multiculturalisme, marxisme culturel » en Europe. Avec ces deux attentats, il voulait apparemment attirer l'attention sur ses thèses et tenter de changer la société.
« Je serai étiqueté comme le plus grand monstre depuis la Seconde Guerre mondiale », écrit-il encore dans le document, rédigé en anglais sous le titre "Une déclaration européenne d'indépendance - 2083". Le texte est signé sous un pseudonyme : Andrew Berwick, une anglicisation de son nom.
La police critiquée
Deux jours après les faits, certains s'étonnent du temps qu'il a fallu à la police pour intervenir sur l'île d'Utoya, située dans la grande banlieue d'Oslo. Au moins 85 personnes, surtout des adolescents, ont été tuées sur cette île, alors qu'elles participaient à un rassemblement du mouvement de jeunesse du Parti travailliste. Interrogé sur ce retard, Michael Lüders, expert en terrorisme, a expliqué : « Il est en effet difficile de s'imaginer que l'agresseur ait pu tirer ainsi pendant une heure et demi, avant qu'il ne soit finalement stoppé. Mais cela est dû à l'effet de surprise totale. Personne en Norvège n'avait prévu un attentat de cette ampleur. C'est l'attaque la plus terrible qui ait eu lieu en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale. »
Auteur : Sébastien Martineau (avec Reuters, AFP)
Edition : Mulay Abdel Aziz