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Au Cameroun, la drogue malgré la sensibilisation

Elisabeth Asen
2 juin 2021

Suite de notre série sur la drogue sur le continent. Au Cameroun, la drogue est présente dans la société. Même les écoles sont touchées par ce phénomène.

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Des milliers de jeunes estiment avoir consommé au moins une fois du cannabis au Cameroun
Des milliers de jeunes estiment avoir consommé au moins une fois du cannabis au Cameroun Image : Elisabeth Assen/DW

Oyomabang, l'un des quartiers populaires de la capitale. Ici, la consommation de drogue est élevée. 

Jules Roy, 31 ans, consomme du cannabis. Il estime d'ailleurs que cette habitude n'est pas néfaste pour sa santé.

"Aujourd'hui, je peux toucher à la drogue mais en parlant du cannabis, avec un usage vraiment positif. Car Dieu a créé les plantes à l'usage des hommes. " Il ajoute que "Pour le reste, c'est chimique, je ne peux pas… Mais je pense que chacun peut consommer du cannabis, pourvu que ce soit dans un usage positif."

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La drogue la plus consommée au Cameroun

Le cannabis reste ainsi la drogue la plus consommée au Cameroun devant le tramadol, cet antalgique utilisé à des fins récréatives et qui le plus souvent est importé illégalement d’Inde.

Ecouter le sujet de notre correspondante Elisabeth Asen

A 34 ans, Samuel consomme du cannabis et d'autres drogues depuis son adolescence. Les stupéfiants l’aident selon lui à supporter les difficultés de son existence :
"La solitude, les problèmes... m'ont poussé à consommer de la drogue. Il faut quelque chose pour calmer les nerfs quand tu es face à ces problèmes sans solution. Même si j'ai envie de faire quelque chose de mal, si je prends ma dose, je suis tranquille… Je ne peux pas arrêter de consommer de la drogue. Je peux tout arrêter sauf cela, c'est tout ce qui nous reste ici, c'est un calmant."

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Violences meurtrières

Mais la drogue est rentrée dans les écoles et les dealers semblent ne plus avoir peur d’en franchir les portes pour trouver leurs clients.

Plusieurs enseignants ont d’ailleurs été attaqués, certains même tués par des élèves. Des violences meurtrières liées au trafic ou à la consommation de drogues.

Des actions sont donc menées par des ONG pour lutter contre le fléau. Julien Ntsa dirige une ONG locale appelée New Life qui aide à lutter contre la toxicomanie en milieu scolaire. Cependant, certaines autorités scolaires refusent que l’on parle des problèmes de toxicomanie à l'école, regrette -t-il.

"Il y a des établissements qui sont réfractaires, quand on leur fait une demande, vous attendez qu'on vous appelle mais rien. Pourtant c'est une aubaine, nos services sont gratuits, nous ne demandons rien si ce n'est le temps et les enfants, c'est tout. " Julien Ntsa pense que "L'autre difficulté c'est que les parents et le corps enseignant, pour ceux qui n'ont pas encore été confrontés à de telles choses, n'ont pas encore mesuré la gravité de la situation. Mais je puis vous dire que c'est pourri."

 

La drogue : un fléau qui ronge la jeunesse camerounaise

Au Cameroun, une enquête conduite il y a deux ans par le ministère de la Santé a montré que quelque 12.000 jeunes entre 13 et 15 ans disent avoir déjà consommé au moins une fois du cannabis.

Les statistiques du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) assurent que 21% de la population camerounaise en âge scolaire a déjà consommé de la drogue. Des chiffres qui selon les spécialistes pourraient s'aggraver si des mesures ne sont pas prises contre ce phénomène au Cameroun.