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Au Cameroun, les avocats observent une grève générale

Elisabeth Asen
7 décembre 2020

Les avocats protestent contre des violences exercées contre des magistrats à Douala, le 10 novembre dernier.

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L’avocate camerounaise Alice Nkom
L’avocate camerounaise Alice NkomImage : AFP/Getty Images

Il ne se passe pas une semaine sans que ne soit évoqué des cas de bavures policières sur un avocat. Cette situation rend difficile le travail des hommes en robe noire estime Me Fouda Pilo.

"Premièrement dans les unités de brigade et de police, nous faisons souvent face au rejet des responsables des brigades et des commissariats. Lorsque nous arrivons pour des interventions, nous avons besoin de nous enquérir de la situation", explique l’avocat

"Nous nous heurtons à du mépris, on refuse de vous renseigner. L'autre difficulté c'est dans les bureaux des greffes. Quand nous arrivons pour des diligences, il y a ce mépris-là. L'avocat n'est pas considéré", poursuit-il.

Ingérence de l'exécutif

L'ingérence des forces de l'ordre dans le travail des avocats, complique de plus en plus l'accès aux clients et même à leurs dossiers. Me Nlend, avocat au barreau du Cameroun, déplore le fait que certaines autorités ignorent et ne comprennent pas grand-chose sur la profession.

Les explications d’Élisabeth Asen

"C'est de l'ignorance et la méconnaissance de la profession d'avocat. Les gens doivent savoir qu'entre autres fonctions de l'avocat, il y a le conseil, il y a la consultation, l'assistance du client au-delà du cadre purement judiciaire. Voilà la première et grosse difficulté. À celle-là s'ajoutent les petits conflits qui sont parfois créés par des brebis galeuses", regrette l'avocat.

Me Nlend une fois de plus estime personnellement que ces autorités prennent les avocats pour des fouteurs de troubles.

"J'ai l'impression que depuis le déclenchement de la crise anglophone, beaucoup de personnes ont assimilé l'origine de cette crise au mouvement d'humeur des avocats. On a l'impression que la source n'était pas lointaine et que c'est les avocats qui ont tout préparé et que tout ce qui se passe aujourd'hui, c'est de leur faute", fait-il remarquer.

Selon lui, "depuis ce jour dans certaines administrations publiques qui ont un rôle à jouer dans la chaine pénale tiennent les avocats pour des gens qui veulent foutre le désordre dans le pays."

Le geste de trop ?

Félix Agbor Nkongho, vice-président de l'association du barreau africain, estime pour sa part que c'est un geste de trop.

"Il est temps que les avocats s'affirment dans ce pays où ils font preuve d'un mépris absolus. Certains qui ont le pouvoir, pensent qu'ils sont nos chefs et qu'ils peuvent nous contrôler."

Félix Agbor Balla, un avocat issu des régions anglophone du Cameroun
Félix Agbor Balla, un avocat issu des régions anglophone du CamerounImage : DW/D. Köpp

Il y a quelques jours encore, en pleine audience au tribunal de première instance de Bonanjo (un quartier administratif et résidentiel de la commune d'arrondissement de Douala, la capitale économique du Cameroun), une escouade des éléments du groupement d'intervention rapide et des gendarmes armés ont investi la salle et brutalisé les avocats.

Une bavure de trop qui a poussé l'ordre des avocats à lancer une grève, du 30 novembre au 4 décembre 2020 dans le but d’exiger des autorités que leur profession soit respectée.

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