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Au Cameroun, une rentrée sous surveillance

Henri Fotso
4 septembre 2017

La rentrée scolaire se fait dans un contexte toujours tendu dans les deux régions anglophones du Cameroun. Malgré la libération récente de trois leaders, des parents refusent toujours d'envoyer leurs enfants à l'école.

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Kamerun Kinder im Dorf Mboh
Image : DW/H. Fischer

Kamerun Schullbeginn 19h - MP3-Stereo

Les élèves de la maternelle, du primaire et du secondaire ont repris le chemin de l'école sur l'ensemble du territoire camerounais ce lundi. Les écoles de l'Extrême-Nord restent placées sous haute surveillance militaire et policière à cause des risques d'attaques de Boko Haram.

Dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest, on observe aussi un fort dispositif sécuritaire mais pour d'autres raisons, liées à la crise anglophone qui secoue le pays. Malgré les dernières mesures d'apaisement prises par le gouvernement, avec notamment la libération de leaders anglophones, la mobilisation ne faiblit pas dans les provinces anglophones.

Sur le chemin de l'école, Serge exultait de joie ce lundi matin dans sa ville de Bamenda, dans le nord-ouest du pays. "Depuis un an, nous avons perdu le chemin de l'école. Ce lundi est un grand jour pour moi!", explique-t-il. 

Mais la rentrée scolaire n'est pas joyeuse pour tous les adolescents. Particulièrement dans les deux régions anglophones où nombreux sont ceux qui s'attendaient à une rentrée scolaire morte, boycottée par les populations, avant qu'il y ait l'ordonnance du 31 juillet libérant les leaders anglophones et d'autres personnes poursuivies devant le Tribunal militaire de Yaoundé.

C'est sans doute pour cela que ce lundi encore, certains enfants de Bamenda traînaient non loin des écoles. Père de famille, Robert Abegli explique que "l'école est en train de reprendre et les inscriptions se poursuivent. Mais ces enfants doivent aller à l'école et ils sont encore au marché, vendant du maggi, vendant du piment, vendant tout ça."

Démilitariser les régions anglophones

A Bamenda comme dans d'autres localités anglophones, la première journée de rentrée scolaire a été marquée par l'opération "ghost town" ou "ville morte". Si les mesures sécuritaires qui entourent la rentrée dans lExtrême-Nord ne souffrent d'aucune contestation, d'autres pensent que le gouvernement de Yaoundé devrait démilitariser les deux régions anglophones pour faire oublier la crise et prouver qu'il est ouvert au dialogue.

Une thèse que réfute Elimbi Lobe, expert en questions politiques et leader d'opinion camerounais. "Tous ceux qui réclament qu'on retire les militaires, les gendarmes, les policiers, dans les zones où il y a un vandalisme notoire qui consiste à brûler les établissements scolaires : ce type de discours que j'entends de certains de nos compatriotes est irresponsable." 

Au-delà de la tension politique, le quotidien conserve ses droits car le premier jour de la rentrée scolaire au Cameroun reste aussi, pour beaucoup de parents, un moment de recherche de moyens financiers mais aussi de tracas administratifs pour faire admettre leurs enfants  dans les établissements scolaires.