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Au Niger, l'argent alloué à la défense suscite la polémique

25 février 2020

Dans un contexte de lutte contre le djihadisme, près de 20% du budget national est destiné à la défense. Mais plus de 500 milliards de francs CFA auraient été dépensés dans ce domaine sans aucune transparence.

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Niamey Nigeria
Image : Getty Images/AFP/B. Hama

"Malheureusement, la corruption est banalisée dans notre pays" (El hadj Idi Abdou)

La lutte contre la corruption semble toujours dans l’impasse au Niger. Pourtant, le pays s’est doté d’un instrument central.

En 2011, l’Etat nigérien a créé la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia), dont les moyens ont été renforcés en 2016. Malgré cela, les Nigériens doutent de la volonté des autorités d’endiguer le phénomène en raison des nombreux scandales classés sans suites.

Dernier en date : celui qui porte sur la manière dont ont été dépensés les budgets consacrés à l’armée et aux forces de sécurité. Le montant est énorme : plus de 500 milliards de francs CFA de contrats sans aucun respect de la législation en vigueur.

Récemment, dans un document sonore enregistré à son insu, lors une rencontre avec certains de ses proches, le ministre de la Défense s'est insurgé "contre tous les acteurs" ayant participé à ce qu'il qualifie de "fautes graves" car des soldats ont perdu la vie pour défendre la nation, alors que les fonds alloués pour leur équipement ont été détourné.

 

L'offensive de l'opposition 

Cet enregistrement, dont la validité a été reconnue par le ministre de la Défense, relance le débat sur les scandales qui caractérisent la gestion de la 7e République.

L’opposition pour sa part dénonce la léthargie du gouvernement dans la lutte contre la corruption et promet de faire mieux si elle arrive au pouvoir.

"Nous allons établir des règles plus juste d’attribution de marchés et nous allons donner un rôle au citoyen pour que celui-ci soit en mesure de dénoncer la corruption. Nous pensons que ça va amener à lutter significativement contre la corruption",  espère Garba Hambali, le secrétaire général du Mouvement patriotique nigérien

Pourtant, une telle mesure existe déjà puisqu’en 2011, les pouvoirs publics ont mis en place un numéro vert.

El hadj Idi Abdou, ancien coordonnateur de la Ligne verte dénonce quant à lui, la "banalisation" de la corruption. 

"Malheureusement, la corruption est banalisée dans notre pays, personne n’a peur de quoi que ce soit. Il y a cette information qui parle de plus de mille milliards dépensés dans le secteur de la défense et aucune autorité ne s’émeut pour faire la lumière sur la question. Pourtant l’affaire est gravissime."

Le Niger a pourtant intérêt à moraliser la gestion des dépenses publiques si le pays veut conserver un soutien international dans la lutte contre le djihadisme dans le Sahel.

Des partenaires comme les États Unis sont très sensibles sur les questions de corruption et conditionnent leur aide à la résolution de ce problème.