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Au Nord-Kivu, on donne son sang pour le racheter

John Kanyunyu
14 juin 2018

Alors que le monde célèbre la 16ème journée des donneurs de sang, à Beni, dans le Nord-Kivu, certains donneurs s'insurgent contre la vente du sang dans des hôpitaux, alors même que le don est gratuit.

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Mosambik Blutspende
Image : DW/M. Mueia

"Il faut certains matériels pour la conservation du sang"

C'est par une caravane motorisée qu'a débuté la sensibilisation pour le don volontaire de sang dans la ville de Beni.

La journée mondiale des donneurs de sang est célébrée alors que certains donneurs volontaires remettent en cause la pratique de la vente du sang aux patients dans les hôpitaux.

James Katembo, un donneur de sang, a décidé de ne plus donner son sang.

"Nous faisons un don gratuit de sang mais quand les demandeurs viennent dans les hôpitaux pour une transfusion, on leur demande de payer", critique-t-il.

"Et quand ils n'ont pas la somme voulue, il y en même qui meurent parce qu'ils ne peuvent pas payer pour avoir du sang. Voilà pourquoi je me suis décidé de ne plus donner mon sang car celui-ci est vendu au lieu d'être donné gratuitement comme nous le faisons."

Les patients qui ont besoin de transfusions sanguines doivent passer à la caisse
Les patients qui ont besoin de transfusions sanguines doivent passer à la caisseImage : Wolfgang Langenstrassen/picture-alliance/dpa/

Une poche de sang coûte 20 dollars américains au centre de transfusion sanguine de la ville de Beni, où toutes les structures médicales doivent s'approvisionner. Ceci, alors que le revenu minimum est de 50 dollars par mois.

Cette somme est exorbitante pour certaines familles dont les revenus ont chuté en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.

Un médecin justifie les coûts

Pour le chef du centre de transfusion sanguine de Beni, ce prix contribue toutefois à l'achat de certains intrants nécessaires pour la bonne conservation du sang.

"Ce sang n'est pas conservable dans des gobelets ni dans des marmites", explique le Dr Vianney Kambere.

"Il nous faut certains matériels pour sa conservation et nos revenus sont minimes pour bien faire ce travail. Il nous faut beaucoup d'argent mais nous n'en avons pas. Voilà pourquoi nous demandons aux patients de payer quelque chose, qui n'a même pas la valeur du sang qui leur sera donné."

La plupart des patients qui ont besoin d'une transfusion sont des gens précarisés qui ne sont pas en mesure d'acheter du sang.

Il s'agit majoritairement d'agriculteurs qui vivent du produit de leurs champs et ne sont pas en mesure d'y accéder à cause des bandes armées qui circulent dans la région.