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Au pain sec et à l’eau

2 juin 2010

Les plans de rigueur engagés par la plupart des pays européens sont contestés par de nombreux économistes qui redoutent que cette politique n’étouffe une croissance déjà moribonde

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Manifestation à Madrid le 20 mai dernier contre les mesures d'austérité annoncées
Manifestation à Madrid le 20 mai dernier contre les mesures d'austérité annoncéesImage : AP

L’Europe se serre donc la ceinture : après la Grèce, ce sont l’Espagne et le Portugal qui ont engagé des mesures sévères d’austérité. L’Italie, la France, la Grande-Bretagne et même l’Allemagne et les Pays-Bas vont aussi se mettre au régime.

Les premiers à voir engagé un plan d’économie ce sont forcément les Grecs : ceux par qui la crise est arrivée. D’ailleurs, à ce jour, le plan engagé par la Grèce est sans équivalent en Europe du point de vue de sa sévérité. Aujourd’hui, ce sont l’Espagne et le Portugal qui ont annoncé chacun un traitement de choc avec des mesures quasi-identiques : hausse de la TVA, hausse de impôts ou réduction du nombre des fonctionnaires. Au Portugal, le gouvernement s’est même déclaré prêt à aller plus loin si ces mesures sont insuffisantes pour rassurer les marchés.

Symbole de l'euro devant la Banque centrale européenne
Symbole de l'euro devant la Banque centrale européenneImage : picture alliance/dpa

Des marchés qui ne semblent en effet toujours pas rassurés car les chiffres sont préoccupants : en Grande-Bretagne, le déficit des comptes publics est énorme : environ 190 milliards d’euros, soit 11% du PIB et le gouvernement de David Cameron a annoncé à son tour que le pays allait entrer dans une « ère d’austérité » avec, à la clef, un nouveau plan de réduction des dépenses : il s’agit de réduire les dépenses publiques de près de neuf milliards d’euros en 2010-2011. La France a pour sa part annoncé un gel des dépenses publiques pendant un an. Enfin, d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, pourtant considérés en bonne santé du point de vue de leur déficit, ont à leur tour annoncé qu’ils allaient serrer leurs dépenses.

L’Europe court au désastre

Le FMI, ici son président Dominique Strauss-Kahn, a averti l'Europe des risques d'une politique d'austérité trop sévère
Le FMI, ici son président Dominique Strauss-Kahn, a averti l'Europe des risques d'une politique d'austérité trop sévèreImage : AP

Il semble donc qu’il y ait une contagion en Europe : tout le monde y passe ou presque. Mais la vision européenne d’orthodoxie budgétaire – une vision très influencée par l’Allemagne – ne fait pas l’unanimité. En clair : à Washington on redoute que le remède soit pire que le mal. Les Américains se sont ainsi émus du fait que ces politiques de rigueur risquent de freiner la croissance qui est déjà moribonde en Europe. Or, la zone euro représente à elle seul quasiment un quart du PIB mondial. Donc si les Européens consomment moins à cause du tour de vis budgétaire ce sont les échanges internationaux qui risquent d’en souffrir.

Sur le fond, personne ne conteste l’idée de réduire les déficits mais il faut voir à quelle allure. Les Américains veulent aussi réduire leur déficit très important. Mais ils se donnent pour cela dix ans et non pas deux ou trois ans comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce. Le Fonds monétaire international a ainsi tiré la sonnette d’alarme en disant qu’il n’est « pas inscrit dans le marbre qu’il faille absolument qu’en 2012 ou 2013 on soit revenu à 3% de déficit public par rapport au PIB comme l’exige Bruxelles. » Le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz a même estimé que si l’Europe met en place un plan coordonné d’austérité, alors « elle court au désastre ». Avec notamment une croissance en berne et une nouvelle flambée du chômage à la clé.

L’opéra italien victime de la crise

La Scala de Milan, joyau de l'opéra italien, devra-t-elle aussi revoir ses ambitions à la baisse?
La Scala de Milan, joyau de l'opéra italien, devra-t-elle aussi revoir ses ambitions à la baisse?

C’est un véritable coup de massue pour la culture italienne : le monde de la musique lyrique et symphonique va subir des coupes budgétaires. Ce qui signifie le blocage des contrats à durée indéterminée, la diminution des salaires ou encore des retraites revues à la baisse pour les danseurs. C’est du moins ce que prévoit le dernier décret loi du ministre de la culture Sandro Bondi. Une mesure prise dans l’urgence et qui suscite la colère du monde de la musique. Partout en Italie, les artistes se mobilisent pour sauver un art traditionnel reconnu dans le monde entier.

Un reportage à Rome de Thomas Chabolle.