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Augmentation du nombre de migrants expulsés vers le Niger

21 janvier 2020

Alors que la question migratoire a été peu abordée dimanche (19 janvier) lors de la conférence de Berlin sur la Libye, l'OIM constate une augmentation des personnes expulsées de l'Algérie et de la Libye vers le Niger.

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Algerien Geflüchtete in Wüste ausgesetzt
Image : picture-alliance/dpa/J. Dennis

AöG/Migranten 18h - MP3-Stereo

Le nombre de migrants expulsés de la Libye et l’Algérie vers le Niger a doublé l’an dernier. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre janvier et octobre dernier, 540 000 migrants ont été expulsés. En 2018, 267 000 personnes ont été refoulées dans les mêmes conditions.

Conditions pénibles

Les personnes qui sont expulsées sont des Subsahariens mais aussi des Syriens, des Bangladeshis et des Yéménites. Leur rêve de rejoindre l’Europe se transforme en un véritable cauchemar en chemin. Les conditions dans lesquelles les migrants sont expulsés restent très pénibles, pour eux qui espéraient une vie meilleure en Europe. Bloquée en Libye, Mary, une Nigériane qui voulait être coiffeuse en Italie a été contrainte de se prostituer :

"Ton patron te dit, je veux que tu couches avec cet homme. Je veux que tu prennes beaucoup d’argent chez lui. Je te tue à ton retour demain si le client estime que tu n’as bien travaillé."

Sandrine a confié à Médecins sans frontières avoir passé 5 jours en prison, en Algérie. Quand elle a été refoulée en juillet 2019 par les forces de l’ordre algériennes, elle n’avait plus d’autres habits que ceux qu’elle portait le jour de son expulsion. "Ils vous jettent dans le désert, vous marchez plus de 20 kilomètres. Ce n’est vraiment pas facile. Avec une grossesse de 7 mois, vraiment j’ai vécu l’enfer. Ce pays vraiment, ce n’est pas un pays parce qu’ils n’aiment pas voir des Noirs", raconte cette Camerounaise de 32 ans.    

Selon le Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (ECRE), environ 500 migrants ont été expulsés chaque semaine de l’Algérie vers le Niger. MSF évalue à près de 24 000 ceux qui ont été expulsés, certains de force, vers le Niger, rien qu'entre janvier et octobre 2019. "Sans portable, sans argent, comment allons-nous faire pour contacter les gens ?", interroge Boukari, un Béninois de 28 ans. Il ajoute que "c’est le désert, on ne connaît même pas les limites. On vient, on nous met dans le désert, on dit débrouillez-vous, on prend les portables, on prend tout l’argent, on arrache tout".

Les ONGs à la rescousse

Renvoyés sans aucun moyen, les migrants ont du mal à continuer leur voyage, et même survivre est difficile. "Nous nous occupons aussi d’essayer de faire la recherche des personnes qui sont perdues ou abandonnées dans le désert avec des équipes quand nous avons l’information", informe  Francisco Otero y Villar, chef de mission de MSF au Niger. Sans le soutien des ONGs sur le terrain, beaucoup de migrants meurent dans les dunes de sable du désert du Ténéré.

Lois migratoires inefficaces

Ceux qui restent en vie reçoivent, avec de la chance, de l’aide sanitaire, psychologique et humanitaire d'ONG comme MSF sur le terrain. Francisco Otero y Villar dénonce le fait que les lois prises ces dernières années n'ont fait que renforcer la vulnérabilité des personnes contraintes de migrer :  

"La problématique migratoire n’est toujours pas résolue. Malgré les lois qui ont été implémentées ces dernières années, elles n’ont pas un impact pour arrêter la migration. Ce qu’on voit, c’est vulnérabiliser davantage cette population migratoire."

MSF indique que son aide aux naufragés est une réponse à la criminalisation des mouvements de migrants à travers les pays africains et européens. Beaucoup de ceux qui cherchent une quelconque protection prennent, du coup, par des voies dangereuses ou sont exposés à la violence et à des abus.