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Aung San Suu Kyi est libre

14 novembre 2010

L’opposante a passé 15 des 21 dernières années en prison ou assignée à résidence. Mais devant ses partisans, elle s’affiche toujours aussi déterminée.

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Pour Aung San Suu Kyi, la lutte pour la démocratie doit continuer.Image : AP

Il faut continuer à croire au changement et à se battre pour la démocratie, c'est le message principal qu'a lancé dimanche la lauréate du Prix Nobel de la Paix, lors d'un discours prononcé au siège de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie. Ni les longues années de détention, ni la main-mise de la junte militaire sur le pouvoir n'ont su affaiblir la détermination d'Aung San Suu Kyi, qui a rappelé que la liberté d'expression était la base de la démocratie. Elle a annoncé son intention de revenir dans la politique et de travailler avec toutes les forces démocratiques, appelant l'opposition à rester unie pour atteindre ses objectifs.

Libération au bout de sept ans

L'assignation à résidence d'Aung San Suu Kyi, qui avait été prolongée une nouvelle fois en 2009 par la junte militaire, a finalement expiré samedi. La police est venue enlever les barrières devant sa demeure à Rangoun. L'opposante est alors sortie saluer la foule rassemblée pour célébrer sa libération. Des milliers de partisans s'étaient réunis pour l'occasion, abordant des T-shirts à son effigie.

Aung San Suu Kyi Unterstützer feiern vor ihrem Haus
Des milliers de partisans ont célébré samedi la libération d'Aung San Suu Kyi.Image : AP

Selon les autorités, sa libération n'est soumise à aucune condition. L'avocat d'Aung San Suu Kyi, Jared Genser, a toutefois estimé qu'elle n'était pas à l'abri à l'avenir d'une nouvelle arrestation par l'armée :

« A chaque fois qu'elle est libérée commence un jeu délicat avec la junte birmane, car il faut rappeler qu'il s'agit d'une dictature militaire brutale, qui est capable à tout moment, de façon complètement arbitraire, de décider qu'Aung San Suu Kyi a commis une faute quelconque et de l'arrêter, puis de l'emprisonner à nouveau. »

Simulacre d'élections

Le 7 novembre ont eu lieu les premières élections législatives depuis vingt ans en Birmanie. Aung San Suu Kyi n'a pas été autorisée à y participer. La junte militaire, qui dirige le pays de puis près de 50 ans, s'est autoproclamée vainqueure du vote : l'armée revendique 80% des sièges avant même l'annonce des résultats officiels. Pour la communauté internationale, il s'agit d'un simulacre d'élections. La Ligue nationale pour la démocratie, qui a boycotté le scrutin, a été dissoute par la junte, laissant l'opposition divisée. En 1990, le parti d'Aung San Suu Kyi avait largement remporté les élections législatives. Une victoire que les généraux au pouvoir ont toujours refusé de reconnaître.

Soulagement de la communauté internationale

La libération de l'opposante a été largement saluée par la communauté internationale. La chancelière allemande, Angela Merkel, a qualifié Aung San Suu Kyi de modèle en matière de lutte pour les droits de l'Homme et de non violence.

Aung San Suu Kyi
Les supporters d'Aung San Suu Kyi ne l'avaient pas vue depuis 2003.Image : AP

Plusieurs voix, notamment celles du secrétaire-général de l'ONU, se sont élevées pour exiger la libération de tous les autres prisonniers politiques de Birmanie. Ban Ki-Moon a appelé à une ouverture démocratique dans le pays :

« La démocratie et la réconciliation nationale exigent que tous les citoyens birmans soient libres de participer comme ils le veulent à la vie politique de leur pays. »

Le comité Nobel de la paix a quant à lui invité Aung San Suu Kyi à Oslo, où elle n'avait pas pu se rendre pour recevoir son prix en 1991.

Auteur : Aude Gensbittel
Edition : Moulay Abdel Aziz