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Béji Caïd Essebsi était "l'homme de la situation"

Henri Fotso
25 juillet 2019

Le président tunisien décédé à l'âge de 92 ans a fait partie de ceux qui ont permis à la Tunisie de transformer l'essai du printemps arabe.

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FILE PHOTO: Tunisian President Beji Caid Essebsi attends Arab league and EU summit, in â|
Image : Reuters/M. Abd El Ghany

L’annonce de la disparition de Béji Caïd Essebsi a secoué la Tunisie ce matin, comme en témoigne notre confrère tunisien Tarek Guinzanni :

"Il y avait quelques perturbations sur les réseaux sociaux et sur les médias électroniques. Mais après quelques heures le calme est revenu. Il y avait des appels à partir de communiqués et à partir de déclarations pour appeler au calme dans le pays, faire confiance à la Constitution et aux autorités pour organiser la passation d’une manière juridique et pacifique, et constitutionnelle."

Ainsi, parmi les appels au calme, il y a eu celui de l'armée tunisienne.

"L’homme de la situation" 

Béji Caïd Essebsi avait succédé au dictateur Zine El Abidine Ben Ali chassé du pouvoir à l’occasion d'une contestation populaire rentrée dans l’histoire comme le début du Printemps arabe. M. Essebsi avait d'abord été Premier ministre de transition en 2011 avant d'être démocratiquement élu président en 2014.

Hasni Abidi, politologue et Directeur du Centre d’études arabes et méditerranéennes à Genève parle de "l’homme de la situation" :

"Le président Béji Caïd Essebsi était l’homme de synthèse, l’homme de la parenthèse de la transition. C’est à mon avis l’homme qu’il fallait pour accompagner cette transition. Il était vraiment l’homme à sa place dans la mesure où les Tunisiens avaient une certaine inquiétude après le départ d’un régime autoritaire, à savoir celui de Ben Ali qui a marqué la Tunisie. Béji Caïd Essebsi avait cette force-là de rassurer toutes les forces politiques et bien évidemment les forces liées à l’ancien régime. Aussi, il avait réussi à nouer les alliances avec un autre homme fort de la transition, à savoir Rachid Ranouchi, le chef fondateur du parti Ennahada (ndlr. Le parti islamiste tunisien). Tout ça a quand même fait de monsieur Beji Caid Essebsi une figure politique qui a marqué les Tunisiens."

Nouvelle élection sous 90 jours 

Le désormais feu président Essebsi avait fondé en 2012 le parti Nidaa Tounès, qui signifie "Appel de la Tunisie", dirigé par son fils Hafedh Caïd Essebsi. Ce parti devenu très vite premier parti du pays est, au moment de la disparition du président Essebsi, divisé en fractions rivales et l’appareil juridique de l’Etat reste fragile, souligne le politologue Hasni Abidi :

"L’instance suprême qui doit constater la vacance du pouvoir, qui doit juger de la constitutionnalité des lois, n’a pas encore été créée. C’est quand même un élément négatif de cette présidence de M. Essebsi qui a fait face à des tiraillements au sein des familles politiques."

Désormais, c'est l'incertitude qui pourrait bien revenir hanter les Tunisiens. Le chef du Parlement Mohamed Ennaceur, sera intronisé demain chef d'Etat par intérim, en attendant la prochaine élection présidentielle à l'origine prévue en novembre. Selon la Constitution, elle doit désormais être organisée sous 90 jours.