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Bénin : amendes ou prison pour ceux qui urinent dans la rue

Claire Stephane Sacramento
22 juillet 2019

Le Bénin veut devenir davantage salubre dans le plus grand respect de l’environnement. Les autorités en charge du cadre de vie ont décidé de réprimer les personnes qui font leurs besoins en pleine nature.

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Wildpinkler in Hamburg
Image : picture-alliance/doa/A. Heimken

"On ne peut pas garder la vessie pleine pendant 6 h, 7 h de temps" (Usager)

Faute de toilettes publiques, certains Béninois font leurs besoins sur les voies publiques. "Ça m’arrive souvent. Puisqu’il n’y a pas des endroits prévus pour ça, on est contraint à faire le mauvais geste. Parce que l’envie ne prévient pas", explique cet usager.

Comme lui, les personnes qui s’adonnent à cette pratique à travers villes et campagnes sont nombreuses pour vider sa vessie partout où le besoin se fait sentir. Aux environs d’un aéroport, sur les trottoirs, à un carrefour, peu importe. Les urinoirs publics sont inexistants.

Le spectacle est désolant, comme le confirme cette femme. "Je vois des hommes debout sur le trottoir allonger leur zizi pour faire pipi. Vraiment ça nous met très mal à l’aise si bien qu’on est obligé d’enlever les yeux de là rapidement".

Construire des toilettes publiques avant de sévir

Plusieurs personnes ont ainsi été emprisonnées pour avoir uriné en plein air. Elles ont été présentées au procureur au tribunal de Cotonou ce lundi 22 juillet. Certains ont écopé d'amendes de 20.000 francs CFA, d'autres de trois ans d'emprisonnement avec sursis. Cette répression lancée contre "les pollueurs" est diversement appréciée par les citoyens.

"On ne peut pas garder la vessie pleine pendant 6 h, 7 h de temps. Sinon, ils nous obligent à mettre des couches comme des bébés."

"Il y a des endroits un peu cachés dans la ville que j’essaie de cibler. Je ne mets pas en pleine voie devant tout le monde pour faire le geste. J'ai appris qu'on peut être arrêté. Cela me fait mal parce que le gouvernement n’a pas prévu d’urinoirs et il se lève pour commencer par arrêter les gens", se désolent ces Béninois.

Seize personnes prises en flagrante infraction ont été arrêtées puis déposées en prison.

Jusqu'à 200.000 FCFA d'amende

Pour Jacques Azalou, magistrat, il s’agit d’un comportement qui mérite d’être sanctionné avec fermeté.

"La loi prévoit des sanctions pour ces genres de comportements, des sanctions de simples amendes jusqu’à des peines d’emprisonnement. Ça va de 10.000 FCFA d’amende jusqu’à 200.000 FCFA. Ça dépend de la gravité et c’est jusqu’à des peines d’emprisonnement de 12 mois à 36 mois. C’est des faits qu’il faut vraiment réprimer. Aucun Béninois n’urine au bord de la voie quand ils sont à l’étranger. C’est au Bénin qu’ils font tous ces désordres."

Avec cette répression, le Bénin est le premier en Afrique de l’ouest à appliquer de telles mesures.