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Bénin : les recteurs ne seront plus élus

Rodrigue Guézodjè
29 octobre 2018

Le gouvernement a suspendu l’élection non seulement des recteurs et des vice-recteurs mais également des membres des conseils d’administration ainsi que des doyens et directeurs des unités de formation et de recherche.

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Der Präsident von Benin Patrice Talon
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

C’est en 2006 que les acteurs universitaires sont parvenus à arracher les premières élections rectorales au Bénin. Ce cycle de démocratisation mis en branle au bout de plusieurs années de rudes batailles a donc permis à la communauté universitaire de désigner chaque fois elle-même les cadres capables de la diriger.

"C’était après de hautes luttes qu’on est arrivé là parce qu’on a estimé que pour la gestion des affaires au niveau de l’université il faudrait que ce soit nous-mêmes qui désignions ceux qui seront charger de nous conduire, par élection de façon démocratique", raconte Philippe Lalèyè, enseignant à la faculté des sciences agronomiques et l’un des acteurs de ce processus. "C’est sur cette base qu’on avait œuvré pour que les élections puissent avoir lieu dans nos universités ; et ça a été très bien apprécié au niveau de la sous-région où le Bénin fait exemple", poursuit-il.

Cotonou parle de réformes

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Image : DW

Mais le gouvernement ne voit pas les choses de la même manière. Il a présenté un diagnostic qui a fait cas du non fonctionnement des conseils d’administration, et de la non maîtrise par l’Etat des besoins réels des universités tant en investissements que pour leur fonctionnement. Des réformes sont donc également prévues à ce niveau, d’où le décret de suspension des élections.

"Nous avons reçu ces instructions de l’autorité, pendant qu’on se prépare pour les élections de renouvellement des chefs d’établissement au niveau de nos universités. Pour nous, il faut suivre ce qui est donné comme instruction. On a dit d’attendre. Nous on partage l’information avec nos entités, on a dit de suspendre donc on attend", explique Djimon Marcel Zannou, vice-recteur de l’université d’Abomey-Calavi.

Un retour en arrière ?

Même si les gouvernants ont précisé que ces suspensions courraient jusqu’à l’examen de la nouvelle gouvernance des établissements publics d’enseignement supérieur par le conseil national de l’éducation, beaucoup expriment leurs inquiétudes.

Le Professeur Philippe Lalèyè estime que le Bénin régressera si les réformes en viennent à mettre un terme au processus démocratique. "Ça serait dommageable parce que c’est comme si on retourne à la case de départ, à l’ancien système que nous avions décrié, pour dire que on nous nommait nos responsables sans les connaître, sans connaitre leur capacité", estime-t-il. Pour lui, si erreurs il y a, cela doit être corrigé, mais il faut "permettre aux acteurs des universités de pouvoir désigner ceux qui sont chargés de les diriger", dit-il.

Sur place, ce que tout le monde redoute maintenant c’est l’option de la nomination des dirigeants. En attendant, les autorités universitaires en fin de mandat sont donc maintenues à leurs postes.