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Baisse de la mortalité maternelle en Ethiopie

15 septembre 2010

Réduire de ¾ le taux de mortalité maternelle d’ici 2015 : tel était l’un des objectifs du millénaire pour le développement que s'était fixé l'ONU. L'Ethiopie est l'un des pays les plus touchés par la mortalité maternelle

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Image : picture-alliance/ dpa

En Ethiopie, le nombre de femmes qui meurent en donnant naissance à leurs enfants est supérieur au nombre de femmes décédées à cause du SIDA, de la tuberculose et du paludisme réunis. Car seule 6% des futures mamans reçoivent une assistance médicale pendant la grossesse et au moment de l'accouchement.

Dans le cadre de leurs objectifs du millénaire pour le développement, visant à réduire la mortalité maternelle d'ici 2015, les Nations Unies ont récemment lancé une vaste campagne en partenariat avec la Banque Mondiale et le gouvernement éthiopien.



Restriction et espacement des naissances

Aysa Mohammed a 30 ans. Malgré son jeune âge, cette fermière est déjà mère de 8 enfants. Aysa vit à Aseliso, un petit village à 500 kilomètres d'Addis Abeba, la capitale. Aseliso n'est pas loin de la frontière avec la Somalie. C'est en brousse et les villageois ne disposent d'aucun moyen de transports pour se rendre au marché par exemple.

„Avant, je n'utilisais pas de moyen de contraception et mettais au monde un enfant chaque année. Il n'y avait pas de centre médical, les temps étaient durs. Les mères et leurs nourrissons mourraient à cause du paludisme, de diarrhées ou d'autres maladies. Car le planning familial était interdit pour raisons religieuses."

Brot für die Welt: Äthiopien 6
De nombreux enfants se retrouvent orphelins dès la naissanceImage : Helge Bendl

Mais Aysa et les autres femmes d'Aseliso ont de la chance. Elles peuvent se tourner vers Sheik Salim Woda. L'homme de 50 ans est le sage musulman du village. Il conseille les femmes et leur dit ce qu'il est possible de faire en matière de planification familiale tout en restant conforme aux principes de l'islam. Sheik Salim est persuadé que pour réduire la mortalité maternelle et infantile en Ethiopie, il faut avant tout restreindre les naissances :

„Auparavant, nous défendions les méthodes traditionnelles de contraception, comme le coït interrompu. Mais aujourd'hui, ça n'est plus nécessaire, car nous disposons de nouveaux moyens de contraception. Ma tâche consiste à expliquer aux femmes du village qu'elles ont le droit d'utiliser ces méthodes, il n'y a pas d'interdiction religieuse. Grâce à cela, les taux de mortalité maternelle et infantile sont quasi nuls dans notre village."


Landschaft in Äthiopien
La brousse éthiopienneImage : picture alliance/imagestate/Impact Photos

Un tout nouveau centre de soins

Récemment, le gouvernement de la région a inauguré un nouveau centre de santé qui s'occupe spécialement des femmes enceintes - une petite révolution dans le village d'Aseliso. Aster Abayneh y travaille :

“Nous nous consacrons au planning familial. Nous conseillons les femmes et leur donnons des moyens de contraception comme la pilule. Lorsqu'elles sont enceintes, nous leur proposons une assistance pré- et postnatale. Si une femme décide d'accoucher chez elle, à la maison, nous lui montrons comment elle pourra stopper les saignements lors de l'accouchement. Après, nous conseillons aux mères d'allaiter le nourrisson au sein durant 6 mois. Nous nous occupons aussi de l'alimentation, de l'hygiène et de ce genre de choses."

Fatuma Ahmed est suivie dans ce nouveau centre. A 29 ans, elle a déjà mis au monde 6 enfants.
Une fois, elle a frôlé la mort à la suite de complications. C'est pourquoi Fatuma remercie les autorités d'avoir créé ce centre de soins.

„J'ai eu mes 4 premiers enfants en l'espace de 4 ans. Je n'avais aucune idée de la contraception et de la manière dont on pouvait réduire la mortalité maternelle. Les employés du centre de soin m'ont ensuite conseillé et j'ai attendu 3 ans avant d'avoir mon cinquième et puis mon sixième enfant. J'ai reçu des conseils en matière d'hygiène et maintenant les animaux, les chèvres ou les poules, vivent dans une autre pièce que la notre, la cuisine est aussi à l'écart et nous avons des toilettes. Nous utilisons aussi des moustiquaires pour éviter la contamination du paludisme."


Conseiller les femmes et suivre leurs grossesses

Son aide-soignante Aster Abayneh souligne l'importance des moustiquaires, car le paludisme peut être fatal pour les femmes enceintes qui souffrent généralement d'anémie.

Strickende Mädchen im Desta Mender Fistula Krankenhaus in Äthiopien
Des femmes tricotent dans la salle d'attente d'un centre de santéImage : Fistula e.V.

Il reste encore 5 ans à l'Ethiopie pour réduire au moins de moitié le nombre de femmes qui meurent en donnant naissance à leur enfant. Un objectif réalisable, selon la directrice du dispensaire de Dire Dawa - car désormais, un employé du centre n'a plus en charge que 500 foyers, un progrès!

„Nos professionnels de santé travaillent avec les villageois pour réduire la mortalité maternelle. Les sage-femmes accompagnent désormais environ 48% des accouchements. Je suis optimiste, je pense que nous pouvons atteindre l'objectif du millénaire dans les 5 prochaines années."

Auteur : Yohannes Gebreegziabher, Cécile Leclerc
Edition : Konstanze Von Kotze

Vous pouvez aussi écouter le reportage ci-dessous.