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La mairie de Beni incendiée après un massacre de huit civils

John Kanyunyu
25 novembre 2019

Au moins un manifestant et deux policiers auraient été blessés mais le bilan reste indécis après que les émeutiers ont attaqué un camp de la Monusco, la force militaire de l'ONU en RDC.

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Image : DW/Flávio Forner

Depuis ce lundi matin, l'armée congolaise, la police ainsi que les casques bleus de l'ONU tentent de disperser les manifestants qui exigent le départ de la mission onusienne en RDC, accusée d'inertie face aux rebelles ADF.

La colère des habitants a été provoquée par le massacre, dans la nuit de dimanche à lundi, de huit personnes dans le quartier Masiani, situé à l'ouest de la ville et où l'ADF n'avait jamais opéré jusqu'à présent, ce groupe rebelle ougandais étant plus actif dans la partie nord-est de la ville de Beni. 

Les manifestants ont commencé par mettre le feu à la mairie de Beni avant de s'attaquer à une de bases de la Monusco à Boikene, où un des manifestants parle de deux morts, dont un civil et un militaire congolais. 

"J'ai vu deux corps, un militaire et un civil et c'est la Monusco qui a tiré sur le militaire ainsi que sur le civil. Les maisons ont été saccagées et nous avons incendié les matelas et détruit la clôture. J'ai vu les véhicules incendiés juste après qu'ils ont commencé à tuer les gens." 

Cet autre manifestant s'en prend directement au manque d'action de la Monusco.

"Tout le monde est conscient que la Monusco ne fait pas son travail. Nous ne sommes pas totalement contre la Monusco mais si au moins elle faisait son travail alors les choses se passeraient autrement. Bientôt il fera nuit... qui va mourir, quelle est la prochaine personne qui va tomber ? Comprenez que cette Monusco ne nous aide pas." 

Beni Demokratische Republik Kongo Blauhelmsoldaten 23.10.2014
Image : Alain Wandimoyi/AFP/Getty Images

Après le saccage d'une des bases de la Monusco à Beni, les manifestants se sont dirigé vers une autre base, la plus grande, celle de Mavivi à une douzaine de kilomètres au nord de la ville de Beni, pour exiger de nouveau le départ de la force de l’ONU.

Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Carly Kasivita, qui était en mission à Beni, a pris son avion pour Goma pour y accueillir le ministre de l'Intérieur dont la venue est annoncée. La présidence de la République démocratique du Congo a annoncé dans un communiqué des "opérations conjointes entre l'armée nationale et la Monusco (Mission des Nations unies au Congo)" à Beni, dans l'est du pays, "afin d'assurer la paix et la sécurité à la population civile". 

Kinshasa a également annoncé "l'installation d'un quartier général avancé des forces armées à Beni", à l'issue d'une réunion urgente d'un "conseil de sécurité" à Kinshasa présidé par le chef de l'Etat Félix Tshiskedi, en présence de la cheffe de la Monusco, Mme Leila Zerrougi.

Pour sa part, l'épiscopat congolais a dénoncé le massacre de 80 civils depuis début novembre à Beni dans l'est de la République démocratique du Congo, ainsi que l'influence des "troupes étrangères" dans un autre conflit dans la province voisine du Sud-Kivu.

 

Ecoutez ci-dessous le reportage de John Kanyunyu, notre correspondant à Beni.