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Berlin veut placer la Grèce sous tutelle

30 janvier 2012

A la veille du sommet des chefs d'État et de gouvernement européens, le gouvernement allemand, insatisfait de l'état des réformes engagées par Athènes, a proposé de placer le budget grec sous le contrôle de Bruxelles.

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Athènes doit rembourser le 20 mars un emprunt de 14,5 milliards d'eurosImage : dapd

C'est à un bouleversement de l'ordre du jour auquel on va assister à Bruxelles cette après-midi à l'occasion du sommet européen informel. Le thème de cette réunion est de faire entrer en vigueur un pacte budgétaire avec la règle d'or qui va forcer les gouvernements à l'équilibre des comptes publics. Mais c'est finalement, de nouveau, la Grèce qui va occuper tous les esprits. En effet, la cure d'austérité déjà très sévère engagée en Grèce ne semble pas suffire pour réduire les déficits.

A tel point que l'Allemagne a proposé de placer la Grèce sous tutelle : c'est la dernière proposition "grand guignolesque" de Berlin. Puisque le gouvernement grec met en œuvre les réformes trop lentement, le ministre allemand de l'Économie, le libéral Philipp Rösler, a proposé de placer la Grèce sous contrôle. Le gouvernement allemand a même rédigé une proposition d'un "commissaire budgétaire" qui serait chargé de viser les projets de budget grecs et disposerait d'un droit de veto.

Rösler / Venizelos / Athen
Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos (g.) et le ministre allemand de l'Économie, Philipp RöslerImage : dapd

Atteinte à la souveraineté

Une proposition qui place encore l'Allemagne sous le feu de la critique. « L'Allemagne ne doit jamais oublier, comme l'a dit l'ancien chancelier Helmut Schmidt, que la force de son économie est due en grande partie à l'endettement de beaucoup de pays européens. L'Allemagne est le pays qui a le plus profité de l'euro », a rappelé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn.

A Athènes, le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a rejeté cette atteinte à la souveraineté de son pays en rappelant que « quiconque pose à un peuple un dilemne entre l'aide financière et la dignité nationale ignore des enseignements historiques fondamentaux ». La proposition allemande est d'autant plus surprenante que la Grèce est déjà de fait sous la tutelle de la troïka : les représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI qui se rendent chaque mois en Grèce pour surveiller la mis en œuvre des réformes. Sans doute le gouvernement allemand cherche-t-il avant tout à donner des gages à son électorat plutôt qu'à convaincre la Grèce qui a déjà fait d'importants sacrifices.

Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Georges Ibrahim Tounkara