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Bien mal acquis ne profite jamais

Christophe LASCOMBES23 septembre 2005

Ce matin, la presse allemande revient entre autres sur la tentative du SPD de modifier après coup les règles du jeu parlementaire pour obtenir, avec une parfaite mauvaise foi, l’avantage numérique dans le décompte des voix et justifier ainsi la prétention de Gerhard Schröder à conserver son siège de chancelier.

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« Perdre» ne semble pas appartenir au vocabulaire de Gerhard Schröder. Pourtant, les chiffres sont là. C'est pour cela que le SPD voudrait changer le mode de calcul...
« Perdre» ne semble pas appartenir au vocabulaire de Gerhard Schröder. Pourtant, les chiffres sont là. C'est pour cela que le SPD voudrait changer le mode de calcul...Image : AP

Pour la Tageszeitung de Berlin, sans le bal des vanités proposé en spectacle obligatoire depuis une semaine aux électeurs, il n’y aurait rien d’autre à faire que de prendre au sérieux le vote des électeurs, dont le message est beaucoup plus clair que certains veulent bien le dire. En effet, la grande majorité des électeurs ne refuse pas les changements par principe, elle refuse seulement de jeter aux orties l’état social.

Pour la Frankfurter Rundschau, la fin justifie certains moyens, certes. Mais les hommes politiques doivent respecter le mandat que leur attribue les électeurs. C’est pour cela que la tentative du SPD de changer les règles du jeu après le vote pour en inverser le résultat revient à substituer à la volonté des électeurs sa propre soif de pouvoir.

Die Welt relève que la « mégalomanie post-électorale » du chancelier, pour reprendre les termes de Roland Koch, un des espoirs de la CDU, fait regretter le sérieux et le respect des mœurs parlementaires des années 70. Peut-être que dans quelques semaines, la stabilité sera de retour dans l’univers politique allemand. Pour autant, la dignité des institutions et les règles du jeu parlementaire ont subi un sérieux dommage.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur l’attitude de dirigeant de Gerhard Schröder et établit un parallèle troublant avec Vladimir Poutine, lui aussi bel exemple d’autocratie. Et de rappeler qu’en 2002, Gerhard Schröder, supplantant son adversaire de quelque 6 000 voix seulement, martelait pour justifier sa prétention à la chancellerie : la majorité, c’est la majorité ! Pourquoi alors cette majorité ne devrait plus compter alors que Angela Merkel le devance de 450 000 voix ?

En titrant « Bien mal acquis ne profite jamais », la Süddeutsche Zeitung relève le caractère patent de la violation des règles constitutionnelles perpétrée par le gouvernement, le parlement, le président de la République, pourtant gardien de la Constitution, et même par le tribunal constitutionnel qui a entériné les choses. Le résultat de dimanche dernier n’est donc que justice. Certes, par principe, il n’y a rien de condamnable à vouloir modifier une règle parlementaire très favorable aux unions chrétiennes qui l’utilisent pour se présenter et agir sous l’une ou l’autre de ses deux composantes. Seulement, le SPD le fait au plus mauvais moment. Cette tentative de corriger par la bande un résultat incontournable renforce le sentiment désagréable que les hommes politiques essaient une fois de plus de manipuler le droit à leur unique profit, conclut le quotidien.