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Bosco Ntaganda "criminel" ou "révolutionnaire"?

Rodrigue Guézodjè
30 août 2018

Suite et fin des plaidoiries finales dans le procès de Bosco Ntaganda. Près de trois ans après l'ouverture de procès devant la CPI où il est détenu, l'ex-chef de guerre congolais pourrait être bientôt fixé sur son sort.

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Niederlande Internationaler Gerichtshof Prozess Bosco Ntaganda Den Haag
Image : Getty Images/AFP/M. Kooren

Dans son intervention, l’ancien seigneur de guerre de l’est de la République démocratique du Congo a d'abord cherché à soigner sa réputation en réfutant l’appellation de "Terminator" utilisée contre lui pour son atrocité. 

Celui qui doit répondre de 13 crimes de guerre et de cinq crimes contre l'humanité, pour lesquels il avait déjà plaidé non coupable en 2015, se définit aujourd'hui plutôt comme  un "révolutionnaire" et non un criminel. Il est pourtant accusé d'avoir commandité des meurtres, des pillages et des viols commis par ses troupes en 2002-2003. 

Déjà à l'ouverture de cette ultime phase, et citant un témoignage fait durant le procès, la procureure de la CPI  a rappelé que "beaucoup de gens ont été exécutés à la main, à coups de machette, et que certaines personnes ont été éventrées, même des femmes enceintes."

Les rebelles "sortaient les fœtus" du ventre des femmes, a précisé Fatou Bensouda, avant de conclure que les preuves ont montré, au-delà de tout doute raisonnable que Bosco Ntaganda est vraiment coupable des crimes dont il est accusé. Mais ce dernier estime toujours que  ces allégations ne sont rien de plus que des mensonges, et il déclare "je suis en paix avec moi-même."

Une occassion de s'expliquer

Cette ultime intervention devant la cour était pour Bosco Ntaganda l'occasion d'expliquer sa reddition inopinée à Kigali en 2013 pour demander son transfert à La Haye. Il a expliqué devant les juges qu'il avait vraiment ressenti le besoin de se rendre volontairement et de faire face aux accusations portées contre lui. Mais les observateurs estiment plutôt qu'il avait probablement agi ainsi pour échapper à la menace d'une faction rivale. Et même si cette décision, comme il le prétend, a profondément changé sa vie, l'ancien rebelle congolais doit maintenant attendre sont sort. Ceux qui le détiennent, je veux nommer les juges de la CPI, pourraient ne pas rendre leur verdict avant des mois.

L'issue de ce procès focalise d'ores et déjà énormément d'attention, en raison de l'acquittement surprise il y a environ trois mois du Congolais Jean-Pierre Bemba, condamné pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.